Le département d’analyse sociale et culturelle de l’université de New York (NYU) met fin à toute relation officielle avec le campus de Tel Aviv

2 mai 2019 – Jenni Fink

Jeudi, au cours de la dernière assemblée des enseignants de l’année, le département d’analyse sociale et culturelle (SCA) de l’université de New York (NYU) a voté massivement en faveur de l’implémentation d’une résolution de non-coopération avec le campus de l’université à Tel Aviv. Un seul enseignant s’y est opposé.

Une résolution de non-coopération a été votée lors de la précédente assemblée des enseignants, et dans le cadre de son implémentation, SCA ne soutiendra pas officiellement d’enseignement dans le programme d’études à l’étranger et ne consacrera pas de ressources aux échanges d’enseignants. Les enseignants et les étudiants n’ont pas l’interdiction de mener des recherches sur le site de Tel Aviv et les étudiants n’ont pas besoin de permission ou de lettres de recommandation pour étudier à l’étranger à Tel Aviv. Mais il est demandé aussi bien aux enseignants qu’aux étudiants d’« agir dans l’esprit » d’une non-coopération.

Des étudiants des deux côtés du conflit entre Israël et la Palestine se sont affrontés à plusieurs occasions et un groupe d’étudiants pro-Israël a récemment déposé une plainte auprès du bureau des droits civils du ministère de l’Education.

En implémentant la résolution de non-coopération, a dit à Newsweek le professeur Andrew Ross de NYU, il s’agit moins de prendre position contre Israël que de maintenir les valeurs propres de l’université. « L’université est tenue par ses principes éthiques de non-discrimination et d’égale oppotunité et si certains de nos étudiants et de nos enseignants ne peuvent avoir accès à un programme, alors c’est un réel problème », a dit Ross.

Jeudi, le département d’analyse sociale et culturelle de NYU a mis fin à sa relation officielle avec le campus de Tel Aviv de l’université. Google Maps

En 2017, le parlement d’Israël a passé une loi révisée qui interdit à quiconque n’est pas un citoyen israélien ou n’a pas d’autorisation permanente de résidence d’entrer dans le pays s’il a appelé publiquement à un boycott contre Israël ou s’est engagé à participer à un boycott.

Ceci, a dit Ross, s’est avéré une loi problématique quand il s’agit d’enseignants et d’étudiants jouissant du même niveau de liberté académique. « Bien sûr, il y des étudiants et des enseignants qui ne peuvent pas aller là-bas, donc ce n’est pas une situation d’égalité de traitement, a expliqué Ross ». « Leur liberté académique est déjà restreinte de fait et bien sûr, c’est la motivation pour la résolution ».

Le porte-parole de NYU John Beckman a dit que l’université n’a pas eu d’étudiant dont l’entrée en Israël pour étudier à leur campus de Tel Aviv avait été refusée, bien qu’il n’ait pas clarifié si l’un des étudiants étaient impliqués dans les activités interdites décrites dans la loi d’Israël. Il a dit que la position de l’université sur les boycotts universitaires d’Israël est « claire », qu’ils sont contraires à la politique de l’université et aux principes de la liberté académique.

« En ce qui concerne ce vote du département : il est un peu déroutant de comprendre la forme qu’il pourrait prendre, étant donné que notre campus de Tel Aviv ne puise pas dans le département d’analyse sociale et culturelle pour son programme académique », a ajouté Beckman.

Rose Asaf, une israélienne juive membre à la fois de Students for Justice in Palestine (Etudiants pour la justice en Palestine) et Jewish Voice for Peace (Voix juive pour la paix), a dit à Newsweek que la résolution n’était pas un « boycott » et que s’il y avait un campus dans un autre pays qui interdisait aux étudiants d’entrer, ils proposeraient une résolution similaire.

« La raison pour laquelle nous nous focalisons spécifiquement sur le campus de NYU à Tel Aviv est parce qu’Israël a une loi disant que les étudiants qui adhèrent au boycott, les étudiants qui font partie de certaines organisations et ont telle ou telle idéologie, ne seront pas autorisés à entrer, », a dit Asaf. « Ils nous l’ont exposé clairement. Ce n’est pas le cas avec aucun des autres sites d’études de NYU à l’étranger ».

Elle a qualifié le réseau global de NYU de « système défectueux », avec des implications discriminatoires et oppressives, et la non-coopération avec le campus de Tel Aviv « un début ».

« Je pense que cela adresse un message à l’université disant, encore une fois, que le réseau global que NYU a construit est défectueux, il pratique l’exclusion, il est discriminatoire et il est contre le propre code de conduite éthique de NYU », a déclaré Asaf. « Avec l’existence d’une université dans un pays qui pratique la discrimination contre les étudiants et les enseignants sur des bases idéologiques et aussi raciales, c’est en contradiction directe avec les valeurs que NYU affirme épouser ».

Michael Low, étudiant à NYU et vice-président de Realize Israel [un groupe pro-Israël à NYU], a dit à Newsweek que bien que ce soit une « non-coopération » , c’est « essentiellement encore un autre boycott de la communauté juive déjà marginalisée de NYU ». Leur objectif, a dit Low, serait de « démolir les murs et les barrières dans le monde et pas de les dresser ». « Si vous êtes un champion de la paix, commencez par démontrer votre capacité à créer la paix localement en traitant tous les étudiants avec respect, même s’ils ne partagent pas vos opinions », a dit Low.

NYU a aussi un campus à Abu Dhabi, avec lequel le département de journalisme de l’université a coupé les liens en 2017. La décision d’arrêter les relations est venue après que deux professeurs, Mohamad Bazzi et Arang Keshavarzian, tous les deux chiites, se sont vus refuser des visas de travail aux Emirats arabes unis, à cause, ont-ils soupçonné, de leurs affiliations religieuses.

Cet article a été mis à jour pour inclure des commentaires de NYU et de l’étudiant Michael Low. 

Source : Newsweek
Traduction : CG pour l’Agence Média Palestine

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