Comment le « Fond National Juif » fait du lobbying pour la guerre

 

Par Yves Engler, le 8 Mars 2017

Le Fond National Juif, qui jouit d’un statut d’organisation caritative au Canada, joue un rôle-clé dans la colonisation sioniste de la Palestine. (Joe Catron)

Comment appelleriez-vous une organisation qui enseigne aux enfants un nationalisme basé sur une seule religion ou ethnie et qui promeut la guerre ou d’autres formes de violence pour parvenir à ses fins ?

Beaucoup de personnes répondraient un groupe extrémiste ou une secte d’extrême droite. Beaucoup de personnes penseraient qu’il s’agit de quelque chose similaire au Ku Klux Klan.

Mais alors que le KKK comprenait des groupes de jeunes dans lesquelles on enseignait aux enfants le “patriotisme” et “les valeurs chrétiennes,” mais sans leur faire de “lavage de cerveau” – selon les mots d’un des “Grands Sorciers” du KKK – on parle d’un groupe à qui le Canada Revenue Agency (fisc canadien*) trouve utile d’accorder le statut de réduction d’impôts pour les dons “caritatifs” qui lui sont faits.

Le Fond National Juif nierait tout “lavage de cerveau” sur les enfants, mais il n’y a aucun doute qu’il essaie de convaincre les jeunes esprits de sa vision exclusive du monde.

Le FNJ de Montréal a récemment organisé un “arbrethon” avec l’objectif déclaré de restaurer les terres endommagées par les feux de forêt de l’année dernière en Israël. On promit aux participants des “super récompenses, de la super nourriture et une super ambiance,” et on dit aux étudiants  qu’ils pourraient y “gagner des heures de travaux d’intérêt général.”

L’organisation déclarée “caritative” propose aux jeunes une variété d’activités éducatives faisant la promotion du sionisme, l’idéologie de l’Etat d’Israël. Le site internet du FNJ Canada se vante d’aider les jeunes à “forger un lien éternel avec la terre d’Israël.”

Expansionniste

Le FNJ promeut depuis longtemps une vision expansionniste de la “terre d’Israël” – un terme que l’on peut voir sur les Boîtes Bleues que le FNJ utilise pour lever des fonds.

Les cartes sur les Boîtes Bleues distribuées ces dernières années incluent la Cisjordanie occupée. La première carte sur la Boîte Bleue, dessinée en 1934, représentait un territoire allant de la Méditerranée à ce qu’est aujourd’hui le Liban et la Jordanie.

Les Boîtes Bleues – des boîtes en métal pour récolter de l’argent – sont le pilier du FNJ pour la sensibilisation des jeunes. Au cours du siècle dernier des millions de ces boîtes ont été distribuées à travers le monde.

Une description officielle explique: “Depuis ses débuts en 1901 en tant que pushke [tirelire] officielle du FNJ, la Boîte Bleue représente le FNJ et ses efforts pour développer la terre et les routes, construire des quartiers, renforcer l’agriculture et créer des réservoirs d’eau en Israël. C’est aussi un moyen d’éduquer les jeunes Juifs et de les faire participer à ses efforts. Ceci afin d’encourager leur esprit sioniste et de leur inspirer du soutien pour Israël. Pour beaucoup de Juifs, la Boîte Bleue est liée aux souvenirs d’enfance à la maison et aux contributions traditionnelles faites à l’école maternelle et en primaire.”

Bien que des jeunes qui font des “travaux d’intérêt général” semblent inoffensifs, le FNJ est, en fait, une institution raciste et coloniale qui n’a pas sa place au 21ème siècle. Propriétaire de 13% des terres en Israël et possédant une influence sur la plupart des autres, le FNJ fait de la discrimination envers les citoyens palestiniens d’Israël qui représente un cinquième de la population de l’Etat.

Selon un rapport des Nations Unies de 1998, les terres du FNJ sont “prévues pour profiter aux Juifs exclusivement,” ce qui conduit à une “forme de discrimination institutionnalisée.”

Lobbying pour la guerre

Pour leur part, les représentants du FNJ Canada sont relativement clairs sur le caractère discriminatoire de l’organisation. En 2009, le président du FNJ Canada de l’époque, Frank Wilson, avait expliqué : le “FNJ est le gardien de la terre d’Israël pour ses propriétaires : les Juifs à travers le monde.”

En plus d’une politique raciste d’accès à la terre, le FNJ Canada fait du lobbying pour la guerre.

Peu de temps après qu’Israël ait tué 2 200 Palestiniens – la plupart civils – à Gaza en 2014, le FNJ a invité Shaul Mofaz à parler à Toronto.

En plus d’être un ancien ministre de la défense, Mofaz était aussi en charge de l’armée, de 1998 à 2002. En cette qualité, il supervisa la brutale oppression de la deuxième intifada, dont une série d’attaques sur les principales villes de Cisjordanie occupée.

En 2007, le FNJ finança une tournée de conférences à travers le Canada de Zeev Raz, un colonel qui mena les bombardements d’Israël sur le réacteur nucléaire en Irak en 1981 et qui par la suite travailla pour l’industrie militaire israélienne. L’objectif de la tournée était de créer un élan pour une attaque contre l’Iran.

Les sanctions contre l’Iran ne sont pas efficaces,” déclara Raz. “Les sanctions sont trop vulnérables à la tricherie. La seule solution au problème iranien est d’y être un soutien aux Etats-Unis et à d’autres forces pour envahir l’Iran par le sol.”

Le FNJ Canada considère 2016 comme “sa meilleure année.” Plus de 21 millions de dollars furent collectés.

Tout comme d’autres institutions autrefois puissantes mais aujourd’hui discréditées, le FNJ cherche à convaincre les jeunes esprits de sa vision raciste du monde.

Il est temps de libérer les enfants et de mettre un terme au FNJ. Ou d’au moins révoquer son statut permettant une réduction d’impôts.

Yves Engler est l’auteur de Canada and Israel: Building Apartheid et de nombreux autres ouvrages. Son site internet : yvesengler.com

*: note de la traductrice

Traduction: Lauriane G. pour l’Agence Media Palestine

Source: Electronic Intifada

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