Un nouvel étudiant de Harvard expulsé après révocation de son visa

The Harvard Crimson

Les étudiants de première année emménageront mardi dans leurs dortoirs de Harvard Yard, tandis que le nouveau Ismail B. Ajjawi, Palestinien résident de Tyr, au Liban, continue de se battre pour arriver jusqu’au campus. Photos : Amanda Y. Su

Par Shera S. Avi Yonah et Delano R. Franklin, rédacteurs au Crimson, 27 août 2019

Tandis que, mardi, les nouveaux s’installent dans leurs dortoirs, un nouvel étudiant, Ismail B. Ajjawi, 23 ans, fait face à des négociations sans fin avec les officiers de l’immigration pour avoir l’autorisation d’entrer aux Etats Unis et d’étudier à l’université.

Des fonctionnaires américains ont expulsé Ajjawi, Palestinien de 17 ans, résident de Tyr au Liban, vendredi soir, peu après son arrivée à l’aéroport international Logan de Boston. Avant d’annuler le visa d’Ajjawi, les officiers de l’immigration l’ont soumis à des heures d’interrogatoire – leur permettant de fouiller dans son téléphone et son ordinateur – selon une déclaration écrite de Ajjawi.

La direction de l’université travaille actuellement à résoudre cette affaire avant la rentrée des classes le 3 septembre. Le porte-parole de Harvard, Jonathan L. Swain a écrit dans un courriel :

« L’université travaille étroitement avec la famille de l’étudiant et les autorités compétentes pour résoudre cette affaire afin qu’il puisse rejoindre ses condisciples dans les jours qui viennent. »

Harvard d’une part emploie des avocats de l’immigration au Bureau du président des Conseils juridiques et d’autre part fournit du personnel au Bureau International de Harvard (HIO). Les deux bureaux travaillent à résoudre les problèmes concernant les visas comme ceux d’Ajjawi. Ajjawi a écrit qu’il a été en contact avec la directrice des Services de l’Immigration du HIO Maureen Martin.

Ajjawi a écrit qu’il avait également contacté AMIDEAST, organisation à but non lucratif qui lui a accordé une bourse pour étudier aux Etats Unis et qui lui fournit maintenant une assistance juridique.

Un fonctionnaire du Département d’État a refusé de parler spécifiquement du cas d’Ajjawi puisque les dossiers sur les visas sont confidentiels selon le droit américain. Le porte-parole de la Protection des Douanes et des Frontières (CBP) aux Etats Unis, Michael S. McCarthy, a écrit dans une déclaration envoyée par mail que la CBP trouvait qu’Ajjawi était « inadmissible » dans le pays.

« Les demandeurs doivent démontrer qu’ils sont admissibles aux Etats Unis en surmontant TOUS les motifs d’inadmissibilité, dont les motifs relatifs à la santé, la criminalité, les raisons sécuritaires, une accusation publique, le certificat de travail, les entrées illégales et les infractions en matière d’immigration, les exigences de documentation et divers autres motifs », a écrit McCarthy. « Cet individu a été jugé inadmissible aux Etats Unis sur la base d’une information découverte pendant l’enquête de la CBP. »

Ajjawi a écrit qu’il a passé huit heures à Boston avant qu’on lui demande de partir. A son arrivée, Ajjawi a subi un interrogatoire par les fonctionnaires de l’immigration, en même temps que d’autres étudiants internationaux. Alors que les autres étudiants étaient autorisés à partir, Ajjawi affirme qu’une fonctionnaire de l’immigration a continué de le questionner sur sa religion et ses pratiques religieuses au Liban.

La même fonctionnaire lui a alors demandé de déverrouiller son téléphone et son ordinateur portable et est partie pour les étudier pendant environ cinq heures, déclare Ajjawi. Après cette recherche, la fonctionnaire l’a questionné sur les activités de ses amis sur les réseaux sociaux.

« Quand j’ai demandé à chaque fois de récupérer mon téléphone pour leur parler de la situation, la fonctionnaire a refusé et m’a dit de rester assis dans [ma] position et de ne pas bouger du tout », a-t-il écrit. « A la fin des 5 heures, elle m’a appelé dans une pièce et elle a commencé à me crier dessus. Elle a dit qu’elle avait trouvé des gens qui postaient des points de vue politiques hostiles aux Etats Unis sur la liste de mes ami[s]. »

Ajjawi a écrit qu’il avait dit à la fonctionnaire qu’il n’avait jamais envoyé de posts politiques et qu’il ne devrait pas être tenu pour responsable des posts des autres.

« J’ai répondu que je n’avais rien à faire avec de tels posts et que je n’aimais ni les partager ni les commenter et je lui ai dit qu’on ne devait pas me tenir pour responsable de ce que d’autres postaient », a-t- il écrit. « Je n’ai pas un seul post sur mon calendrier qui parle de politique. »

La fonctionnaire a alors annulé le visa d’Ajjawi, l’a informé qu’il serait expulsé et l’a autorisé à téléphoner à ses parents.

Bien que la situation d’Ajjawi soit rare chez les étudiants de premier cycle, en 2017 quatre étudiants diplômés ont dû faire face à des révocations similaires à cause d’une interdiction de voyager alors effective instituée par l’administration Trump. Ces étudiants sont finalement entrés aux Etats Unis après des semaines et des mois d’incertitude, et l’université a dit aux étudiants étrangers qu’il ne fallait pas quitter le pays.

Le président de l’université Lawrence S. Bacow s’est par ailleurs introduit, plus tôt cette année, dans le débat national sur la politique migratoire. En juillet, il a écrit une lettre au Secrétaire d’État aux Etats Unis Mike Pompeo et au Secrétaire par intérim à la Sécurité Intérieure des Etats Unis, Kevin K. McAleeman, pour leur demander de partager sa « profonde inquiétude » concernant l’approche de la politique migratoire par le gouvernement fédéral.

La lettre de Bacow évoquait spécifiquement la récusation de visas à laquelle font face des étudiants inscrits à Harvard comme Ajjawi, sous forme de retards et de refus.

Ajjawi qui, depuis, est retourné chez lui au Liban, a écrit qu’il est en contact avec un avocat et qu’il espère résoudre la question de son visa afin qu’il puisse arriver cette semaine avant le début des cours mardi prochain.

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Traduction : J. Ch. pour l’Agence Média Palestine

Source: The Crimson

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