Expulsé, un étudiant palestinien de Harvard revient aux États-Unis à temps pour le début des cours

L’expulsion d’Ismail Ajjawi sous prétexte de billets postés par ses amis sur les réseaux sociaux a déclenché de violentes protestations 

Ismail Ajjawi au centre

3 septembre 2019 

Ismail Ajjawi, étudiant palestinien de Harvard, est arrivé au campus juste à temps pour le nouveau semestre, 10 jours après que des gardes-frontières américains l’ont empêché d’entrer dans le pays, le renvoyant au Liban où il vivait.

Ajjawi, 17 ans, fils de réfugiés palestiniens, qui devait commencer ses études supérieures dans cette université prestigieuse, s’est vu refuser l’entrée aux États-Unis en raison de billets politiques publiés par ses amis sur les réseaux sociaux, a-t-il dit à la fin du mois dernier.

Amideast, l’organisation sans but lucratif qui a accordé à Ajjawi la subvention nécessaire pour étudier à Harvard, a confirmé son arrivée lundi après-midi (2 septembre) au campus de l’université à Cambridge (Massachusetts), exprimant sa reconnaissance aux « nombreuses personnes et institutions » qui ont contribué à son retour.

« Nous sommes heureux que le rêve d’Ismail se réalise et qu’il soit enfin à Harvard », a déclaré Theodore Kattouf, président d’Amideast.

« Ismail est un jeune homme talentueux qui est parvenu, grâce à son travail, à son intelligence et à son dynamisme, à surmonter les défis que les jeunes réfugiés palestiniens doivent relever pour obtenir une bourse d’études ».

https://twitter.com/raza_hamzah/status/1168661985413795840?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1168661985413795840&ref_url=https%3A%2F%2Fwww.middleeasteye.net%2Fnews%2Fpreviously-deported-palestinian-harvard-student-makes-it-us-time-classes

La famille d’Ajjawi a également remercié les personnes qui ont fait en sorte que l’étudiant arrive aux États-Unis à temps pour le début des cours.

« Les dix derniers jours ont été difficiles et angoissants, mais nous sommes très reconnaissants des milliers de messages de soutien et saluons en particulier le travail d’Amideast », a déclaré la famille, citée par le journal étudiant de Harvard The Crimson.

« Nous espérons maintenant que tout le monde va pouvoir respecter notre vie privée et celle d’Ismail, et qu’il va pouvoir se concentrer sur ses études et sur son installation à l’université. »

L’étudiant en première année a raconté que les responsables américains de l’immigration lui ont pris son téléphone et son ordinateur portable, et l’ont ensuite interrogé sur l’activité de ses amis sur les réseaux sociaux après son arrivée à l’aéroport international de Boston-Logan, le 23 août.

Les agents lui ont aussi posé des questions sur ses pratiques religieuses, après quoi ils l’ont renvoyé au Liban.

« À chaque fois que je lui demandais de me rendre mon téléphone pour que je puisse les mettre au courant de la situation, l’agent refusait et me disait de rester assis là où j’étais et de ne pas bouger », raconte Ajjawi dans un texte écrit après son expulsion et cité par The Crimson.

Harvard s’était engagé à aider Ajjawi à revenir aux États-Unis avant le début des cours.

« L’université travaille en étroite liaison avec la famille de cet étudiant et les autorités appropriées pour résoudre ce problème afin qu’il puisse rejoindre ses condisciples dans les jours à venir », a précisé Jason Newton, porte-parole de Harvard, dans un courriel envoyé la semaine dernière à Middle East Eye.

De violentes réactions

Cet épisode a suscité l’attention des médias nationaux, provoquant les violentes réactions de certains critiques qui ont accusé Donald Trump de mettre en œuvre une politique d’immigration empreinte de parti-pris et de renforcer les restrictions contre les visiteurs et les étudiants venus de pays arabes musulmans.

Vendredi (30 août), la députée Rashida Tlaib, d’origine palestinienne, a exprimé son soutien à l’étudiant, affirmant qu’il ne devait pas « se voir spolié de ce rêve de Harvard en vue duquel il avait déployé tant d’efforts ».

« #IsmailAjjawi devrait être aux États-Unis en train de se préparer pour la rentrée », a-t-elle écrit sur Twitter.

D’autres personnalités, notamment du monde politique et des médias, ont dénoncé les agents frontaliers des États-Unis pour avoir refusé de laisser entrer l’étudiant.

Réagissant à un tweet de l’université Harvard qui montrait des étudiants en première année arriver au campus, le journaliste de la chaîne MSNBC Lawrence O’Donnell a écrit : « Sauf Ismail Ajjawi qui s’est fait renvoyer par Trump. »

Une pétition en ligne lancée par des étudiants de Harvard et demandant qu’Ajjawi soit autorisé à rentrer aux États-Unis avait recueilli lundi près de 8 000 signatures.

« Face à la rhétorique raciste de ce gouvernement concernant les migrations, nous souhaitons que le Congrès mène une action pour assurer la sûreté et la sécurité de tous les migrants », lisait-on dans cette pétition.

« Il est particulièrement important de reconnaître que les réfugiés palestiniens constituent une des populations les plus visées par des politiques d’immigration inhumaines. »

Plusieurs groupes de plaidoyer se sont réjouis d’apprendre le retour d’Ajjawi aux États-Unis en fin de journée lundi, saluant les efforts déployés pour qu’il puisse revenir.

« Nous sommes ravis d’apprendre qu’Ismail Ajjawi, ancien élève de l’ @UNRWA au Liban, est revenu  aux États-Unis et qu’il est arrivé sans encombre à @Harvard à temps pour le début des cours », a dit UNRWA USA dans un tweet.

« Votre résilience vous sera bénéfique tout au long de votre carrière universitaire ! »

Traduction SM pour Agence Média Palestine

Source: Middle East Eye

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