Le journal de Sheldon Adelson ‘Israel Hayom’ incite à des cyber attaques contre la CPI


Jonathan Ofir – 27 décembre – Mondoweiss

La Cour Pénale Internationale (Photo: Greger Ravik/Flickr)

La presse israélienne est dans une suractivité enfiévrée contre la Cour Pénale Internationale et sa procureure en chef, Fatou Bensouda, à cause de l’annonce récente de la décision de mener une enquête  exhaustive sur les crimes de guerre israéliens. Le Times d’Israël couvre ainsi cette vague d’hostilité :

Israël a beaucoup de détracteurs, réels et imaginaires, mais depuis vendredi, le pays a un tout nouvel ennemi public n° 1 : Fatou Bensouda, la procureure en chef de la Cour Pénale Internationale. Depuis qu’elle a annoncé son intention d’ouvrir une enquête sur la « situation en Palestine » parce qu’elle estime que des crimes de guerre y « ont été ou sont commis », la native de Gambie âgée de 58 ans a subi une vague massive de critiques. Le Premier ministre Benjamin Netanyahou l’a accusée de façon répétitive  de « pur antisémitisme », en comparant l’argumentation juridique qu’elle a mise en avant, aux décrets antijuifs des gentils dans l’histoire de Hanouccah. Bensouda a cependant été confrontée aussi à une hostilité inattendue de la part de certains éléments des media israéliens. Ce n’est pas parce que la presse est soudain aux côtés de Netanyahou, c’est plutôt lié, à l’inverse, avec le fait que ses accusations de crimes de guerre sont adressées aux soldats israéliens. Vu que la plupart des Israéliens ont soit fait l’armée soit ont des membres proches de leur famille qui y sont servi, beaucoup ici se sentent personnellement attaqués.

Cette vague atteint de nouveaux sommets, avec des incitations à des cyber attaques contre la CPI dans le quotidien fondé par Sheldon Adelson Israel Hayom (Israël Aujourd’hui), qui est le journal le plus important du pays en circulation. 

Dans son article « Marcher sur la pointe des pieds autour de la CPI », le correspondant diplomatique du journal, Ariel Kahana, écrit : « Israël n’a qu’une option s’agissant de la CPI qui menace ses intérêts d’autodéfense les plus vitaux » et il continue :

Il faut passer du langage du droit au langage du pouvoir. La Cour de La Haye n’ose pas se frotter à des nations puissantes qui attaquent les droits humains comme chacun sait, la Russie ou la Chine par exemple. Plutôt que les torts juridiques d’Israël, peut-être que Bensouda pourrait être placée dans la situation d’avoir à expliquer à son personnel pourquoi leurs ordinateurs sont tombés en panne un beau matin ou bien où leurs archives se sont-elles évanouies. Ce ne sont que quelques unes des options pour Israël (c’est moi qui souligne).

Il y a quatre ans, j’ai écrit comment le plus petit journal de droite Makor Rishon (Première Source) qui appartient à Israel Hayom, dans un article uniquement en hébreu, a suggéré d’administrer à la ministre suédoise des affaires étrangères, Margot Wallström, le « traitement de Bernadotte » (un meurtre) lorsqu’elle a suggéré qu’Israël peut être en train de mener une politique d’exécutions extrajudiciaires sur des Palestiniens soupçonnés d’attaques (ce en quoi elle avait raison, sans aucun doute). 

Depuis, en 2016, Yisrael Katz, qui est aujourd’hui ministre des affaires étrangères (il était alors ministre des transports et du renseignement) a appelé à « des éliminations civiles ciblées » de dirigeants BDS lors d’une conférence anti BDS sponsorisée par le quotidien israélien Yediot Aharonot. C’était un jeu de mot en hébreu sur « éliminations ciblées » qui signifie assassinat et, le focus sur le cofondateur de BDS, Omar Barghouti, a inquiété beaucoup de monde quant à sa sécurité. 

Ariel Kahana dit qu’il n’ y a pas de raison d’être gentils avec la CPI – ce qui reviendrait juste à « y aller davantage sur la pointe des pieds » – une stratégie de perdant -.Non, il suggère l’habileté. 

Lorsque (Avichaï) Mendelbit (actuellement procureur général) était le secrétaire du cabinet de Netanyahou, ces deux-là ont adopté une politique « d’habileté à leur égard », comme il est dit l’Exode 1.10. Israël a argumenté que la Cour avait un biais, mais a tenté de la persuader en « envoyant des messages ».

La citation de l’Exode renvoie au Pharaon égyptien, qui s’exprimait contre les Israélites (Exode 1, 8-10) :

Puis, un nouveau roi[a vint au pouvoir en Egypte ; il ne connaissait pas Joseph. Il dit à ses sujets : Voyez, les Israélites sont devenus beaucoup trop nombreux pour nous. Allez ! Il nous faut agir habilement à leur égard avant qu’ils ne soient encore plus nombreux et, en cas de guerre, se rangent aux côtés de nos ennemis, se battent contre nous et quittent le pays. 

L’ironie a probablement échappé à Kahana. Ou peut-être pas, il pense peut-être être à un œil-pour-œil, en quelque sorte. 

Peut-être est-ce un signe adressé à un hacker israélien, peut-être même à une cyber-unité de l’armée israélienne telle l’unité 8200 des renseignements, dans l’idée de sauver Israël de ses oppresseurs de La Haye. Qui sait où ils vont en venir la prochaine fois.

H/t Ofer Neiman

Jonathan Ofir est un musicien israélien, chef d’orchestre et blogueur / écrivain vivant au Danemark

Traduction SF pour l’Agence Media Palestine

Source: Mondoweiss

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