Netanyahou promet 3.500 nouveaux logements pour colons en Cisjordanie

Benyamin Netanyahou, le 20 février 2020, devant le terrain des futures colonies de Har Homa.
— DEBBIE HILL/AP/SIPA

Par 20 minutes avec AFP, 26 février 2020

Benyamin Netanyahou a promis la construction de milliers de nouveaux logements dans des quartiers de colonisation à Jérusalem-Est

A moins d’une semaine d’élections clés à sa survie politique, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a promis mardi la construction de 3.500 logements pour colons dans un secteur de Cisjordanie occupée où vivent des Bédouins.

« J’ai donné des instructions immédiates pour permettre le dépôt de plans en vue de la construction de 3.500 unités en zone E1 », territoire situé à la sortie de Jérusalem, a dit Benyamin Netanyahou. Si Israël construit dans cette zone entre la colonie juive de Maalé Adoumim et Jérusalem, la Cisjordanie sera coupée en deux, ce qui empêcherait la création d’un éventuel Etat palestinien disposant d’une continuité territoriale, dénoncent les Palestiniens et des ONG.

Gagner des voix chez les nationalistes

« Si le projet se concrétise, cela mettra fin à l’idée d’un Etat palestinien viable », a réagi Angela Godfrey-Goldstein, codirectrice de l’ONG Jahalin Solidarity qui défend les familles bédouines établies dans le secteur E1. « C’est un autre exemple montrant à quel point Bibi (surnom du président Netanyahou) est désespéré de gagner des votes », a-t-elle ajouté. Elle dit aussi craindre le déplacement de nombreuses familles bédouines en raison de ce projet immobilier qui s’inscrit dans une suite d’annonces du Premier ministre.

Le Premier ministre israélien courtise ouvertement les électeurs de la droite nationaliste et du mouvement pro-colonies dans l’espoir de remporter les élections législatives de lundi face à son rival centriste Benny Gantz. Ces élections sont d’autant plus cruciales pour Benyamin Netanyahou qu’il doit faire face, à partir de la mi-mars, à la justice qui l’accuse de corruption, malversation, abus de confiance dans trois affaires.

Une « atteinte » à la « viabilité » du futur Etat palestinien

Benyamin Netanyahou avait promis la semaine dernière la construction de milliers de nouveaux logements dans des quartiers de colonisation à Jérusalem-Est, un projet aussitôt dénoncé par les Palestiniens et des chancelleries occidentales. Plus précisément, le président avait promis de rajouter 2.200 logements dans la colonie de Har Homa, fondée en 1997, et de 3.000 logements pour les « habitants juifs » du secteur de Givat Hamatos, aussi à Jérusalem.

« L’expansion de ces deux colonies porte directement atteinte à la viabilité d’un futur Etat palestinien, comme l’a rappelé à plusieurs reprises l’Union européenne », a réagi le consulat de France après l’annonce la semaine dernière de Benyamin Netanyahou. Selon l’ONG israélienne « La paix Maintenant », qui suit de près ce dossier sensible, les autorités ont diffusé lundi un premier appel d’offres pour la construction de 1.000 unités de colonisation à Givat Hamatos et vont étudier jeudi les plans pour un autre millier de nouvelles unités en Cisjordanie.

600.000 colons en Cisjordanie

Le statut de Jérusalem est l’une des pierres d’achoppement du conflit israélo-palestinien, les Palestiniens entendant faire de la partie orientale de la ville, annexée par Israël, la capitale de leur futur Etat alors que les autorités israéliennes considèrent l’ensemble de la ville comme leur capitale. Aujourd’hui, plus de 600.000 personnes habitent dans les colonies en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. La colonisation de ces territoires, occupés depuis 1967 par Israël, s’est accélérée ces dernières années sous l’impulsion de Benyamin Netanyahou et de son allié à Washington, le président Donald Trump.

Ce dernier a présenté fin janvier un projet de règlement du conflit israélo-palestinien qui prévoit de faire de Jérusalem la capitale « indivisible » d’Israël et l’annexion de la Vallée du Jourdain et des plus de 130 colonies israéliennes en Cisjordanie. Mardi, de nouvelles manifestations, émaillées de tirs de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc par l’armée israélienne, ont eu lieu à Tubas, en Cisjordanie occupée, pour dénoncer le projet Trump et une possible annexion de la vallée du Jourdain.

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