Aucun enfant n’est en sécurité sous le règne israélien de la terreur

Par Maureen Clare Murphy, le 30 juin 2021

Une femme baigne un enfant près des décombres de leur maison, détruite par une attaque aérienne israélienne au nord de la Bande de Gaza. (Mohammed Zaanoun / ActiveStills)

Des multiples guerres d’Israël sur Gaza au cours des 15 dernières années, celle du mois de mai a été la « plus terrible » jusqu’ici, disent ceux qui ont survécu à l’horreur.

Israël a décidé unilatéralement en 2005 le retrait de ses colons et de ses forces terrestres de la Bande de Gaza. Mais les Palestiniens qui y vivent n’ont jamais eu un instant de paix sous une occupation militaire étouffante télécommandée.

La forme du terrorisme d’État peut varier de Gaza à la Cisjordanie. Mais la violente oppression israélienne dans ces deux endroits prive les familles palestiniennes de tout sentiment de sécurité chez elles, laissant les parents désespérés et impuissants.

Les Palestiniens de Cisjordanie sont régulièrement réveillés chez eux en pleine nuit pendant les terrifiants raids nocturnes avec fouille et arrestations. Pendant ce temps, les familles de Gaza font face au constant vrombissement des drones israéliens comme à un moustique hostile qui ne s’en va jamais.

Tandis qu’Israël envoie ses soldats dans les chambres à coucher des Palestiniens en Cisjordanie, il largue des bombes d’une tonne sur ceux de Gaza.

« Chaque fois qu’il y a une attaque israélienne sur Gaza, je me retrouve incapable de fournir un endroit sûr à mes enfants », a déclaré Mohammad Abu Rukbeh, enquêteur de terrain pour Défense des Enfants International Palestine, à propos de l’offensive du mois dernier.

« Les bombardements israéliens dans ma zone résidentielle nous terrifient tous, les adultes comme les enfants », a-t-il ajouté.

Les attaques sont venues s’ajouter à une épidémie de COVID-19 pourvoyeuse de stress à Gaza, avec un taux de positivité entre 35 et 40 % dans les semaines qui ont précédé l’offensive.

Yasser Abu Jamei, psychiatre et directeur du Programme de Santé Mentale de la Communauté à Gaza, a écrit au début de ce mois dans Scientific American que l’intensité et la durée du bombardement israélien du mois de mai en ont fait « l’expérience la plus terrible que j’aie eu à vivre au cours des années à travers quatre vastes offensives ».

« Le plus haut niveau d’alarme »

Abu Jamei a dit que l’attaque du mois de mai était encore pire que celle du 27 décembre 2008 – série de frappes sans précédent qui a annoncé une nouvelle ère de guerres aériennes israéliennes dévastatrices sur Gaza.

Ce jour de décembre, a-t-il écrit, 60 avions de chasse ont frappé la ville de Gaza alors que les enfants allaient à l’école ou en revenaient pendant la pause de midi. Les premières frappes ont ciblé la parade de fin d’études des cadets de la police, tuant 240 agents.

Le premier bombardement a duré une ou deux minutes, a écrit Abu Jamei.

Par contre, au cours d’une nuit spécialement terrifiante du mois dernier, « 160 avions de combat ont attaqué 450 cibles en moins de 40 minutes au nord de la Bande de Gaza », raconte Abu Jamei.

« Les frappes ont eu lieu en même temps que les tirs de 500 obus d’artillerie. »

Tout au long des 11 jours d’offensive du mois dernier, « les frappes ont duré environ 25 à 30 minutes, ou parfois jusqu’à 40 minutes, sur la même ville ou la même zone géographique ».

« Et pendant tout ce temps, ni vous, ni vos enfants, ni votre femme, ni aucun membre de votre famille ne pouviez penser que vous pouviez ne serait-ce que reprendre votre souffle », a écrit Abu Jamei.

« Nous avions tous notre niveau d’alarme à son plus haut niveau pendant plus de 25 minutes et jusqu’à 40 minutes. »

Israël a fait s’effondrer des tours au cœur des villes de Gaza, y compris à al-Rimal, quartier relativement huppé de la ville de Gaza, dont on pensait que c’était une des zones les plus sures de l’enclave côtière assiégée.

Israël n’avait pas averti les résidents de la rue al-Wihda de ce quartier avant de les bombarder dans leurs appartements, y tuant 44 personnes en une nuit – dans la série de frappes la plus mortelle de ces 11 jours.

Un fragment d’arme de ce type de missile, fabriqué par la société Boeing à Chicago, a été retrouvé sur le site du massacre de la rue al-Wihda.

Israël a d’abord déclaré qu’il visait un tunnel qui passait sous la rue al-Wihda quand le bâtiment s’est effondré.

Son histoire a évolué plus tard, prétendant que les frappes visaient un centre de commandement souterrain du Hamas et que « ils savaient qu’il était là tout le long », d’après une enquête du New York Times.

Cet article disait que « Israël n’avait pas fourni de preuve » pour soutenir ses dires, et le Hamas a nié l’existence de ce supposé centre de commandement.

« Un lieu sûr » détruit

Riyad Ishkintna, dont la femme et tous les enfants sauf un sur les cinq, ont été tués dans l’attaque sur la rue al-Wihda, a dit que son foyer « était un lieu de bien-être … un lieu sûr » avant qu’il soit détruit sans avertissement.

Dana, fille de neuf ans d’Ishkintna , faisait partie des au moins 11 enfants tués en mai à Gaza qui participaient à un programme de santé psychologique pour faire face à un traumatisme antérieur.

Il y avait soixante-sept enfants parmi les 260 Palestiniens tués pendant les 11 jours d’attaque.

Israël peut prétendre qu’il ciblait les structures du Hamas quand il a abattu l’immeuble où vivait la famille Ishkintna.

Mais pendant le bombardement, Benny Gantz, ministre israélien de la Défense, a dit que « pas une personne, ni une zone ni un quartier de Gaza n’était à l’abri » – à la fois reconnaissance de culpabilité et forme de terrorisme psychologique.

Les Palestiniens de Gaza n’ont pas d’abris anti-bombes et ne peuvent fuir le territoire à cause du blocus israélien, maintenant presque dans sa 15ème année.

Les officiers israéliens qui ordonnent les frappes sur Gaza peuvent être à des centaines de kilomètres, mais le dommage déstabilisant qu’ils infligent au cœur des maisonnées familiales dément la distance géographique.

Abu Rukbeh, enquêteur de terrain pour Défense des Enfants International Palestine, a reconnu que la situation « terrifiante » du moins dernier a affecté son rôle de parent.

« Parfois, j’ai recours au silence et, d’autres fois, aux cris envers eux », a-t-il dit, ajoutant que sa conduite est une manifestation de « l’incapacité d’un père à fournir un environnement sûr à ses enfants ».

Si ce n’est pour leur sécurité physique, Abu Rukbeh a eu recours à « un nouveau mensonge par lequel je peux protéger mes enfants » pendant les attaques israéliennes.

Parce que la vérité, comme le sait trop bien tout parent palestinien, c’est qu’il n’y a aucune sécurité pour les enfants sous le régime israélien de colonisation, d’apartheid et de terreur.

Source : The Electronic Intifada

Traduction J. Ch. pour l’Agence média Palestine

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