Par Middle East Monitor, le 16 décembre 2024
Le site web israélien Walla a révélé que les États-Unis ont demandé à Israël d’approuver une fourniture urgente d’équipements et de munitions aux forces de l’Autorité palestinienne, suite à une vaste opération de sécurité à Jénine, selon des sources palestiniennes, américaines et israéliennes.
Walla a également indiqué qu’un porte parole de l’Autorité palestinienne avait confirmé que leurs chefs de services de sécurité avaient rencontré le coordinateur américain de la sécurité, le général Michael Fenzel, avant l’opération, pour discuter de leurs plans, et qu’ils avaient à leur tour présenté une liste d’équipements dont ils avaient besoin de toute urgence. Le porte-parole a précisé que cet équipement comprenait des munitions, des casques, des gilets pare-balles, des appareils de communication, des équipements de vision nocturne, des combinaisons anti-bombes et des véhicules blindés. Selon le site web, une source palestinienne a déclaré que l’Égypte, la Jordanie et l’Arabie saoudite soutiennent l’opération de l’Autorité palestinienne à Jénine, dans la mesure où elles ne veulent pas voir « une organisation similaire aux Frères musulmans ou un contrôle financé par l’Iran » sur l’Autorité palestinienne. « L’opération résultera soit en une victoire, soit en une défaite pour l’AP».
Des rapports israéliens ont cité dimanche des évaluations réalisées par les services de sécurité israéliens indiquant que la situation en Cisjordanie est actuellement très fragile, évoquant la possibilité d’un effondrement de l’Autorité palestinienne, qui collabore avec les autorités d’occupation sur les questions de sécurité. Selon Israel Hayom, les évaluations ont confirmé que la situation en Cisjordanie est si fragile que l’on craint que les policiers de l’Autorité palestinienne ne changent d’allégeance.
Le journal souligne que la semaine dernière, Bezalel Smotrich, ministre extrême droite des finances, a écrit au Premier ministre Benjamin Netanyahu, au ministre de la défense et au Conseil de sécurité nationale, exigeant que le cabinet soit convoqué d’urgence en raison de l’escalade en Cisjordanie et de la crainte d’une « détérioration rapide et inattendue » . M. Smotrich estime que des groupes armés pourraient faire un coup d’État contre l’Autorité palestinienne et agir ensuite contre Israël. La question de la sécurité d’Israël est une autre raison pour laquelle les mécanismes de sécurité sont activés à Jénine, menaçant ainsi sa propre campagne sur la ville et le camp de réfugiés si le problème n’est pas résolu.
Le journal Israel Hayom a déclaré que la tentative du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas de mener une opération de sécurité majeure dans une zone où l’armée israélienne a déjà opéré – Jénine – pourrait restaurer un sentiment de stabilité temporaire (si elle a jamais existé), mais elle pourrait aussi se transformer en une moquerie qui frapperait toute la Cisjordanie.
Les affrontements ont repris dimanche entre les groupes de résistance et les forces de sécurité de l’Autorité palestinienne dans le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée. Une source importante du bataillon de Jénine, affilié aux Brigades Al-Quds, la branche militaire du Jihad islamique, a déclaré que les forces de sécurité de l’Autorité palestinienne ne peuvent rien faire de plus que ce qu’elle a déjà fait au cours des dix derniers jours et qu’elle « cherche simplement à prétendre qu’elle contrôle le camp ».
Al Jazeera a cité la même source qui a déclaré que : « Le bataillon de Jénine est fort et les forces de sécurité n’ont pas réussi à prendre d’assaut le camp. Elles sont restés stationnés dans des zones adjacentes, après avoir pris pour cible des civils et des enfants en toute impunité ». Ces événements se produisent alors que Jénine et le camp de réfugiés sont en grève générale (avec la scolarisation qui se fait en ligne) pour marquer leur deuil après que le chef du bataillon de Jénine, Yazid Ja’ayseh, et un jeune garçon ont été tués hier par les forces de l’Autorité palestinienne. Ja’ayseh a été tué avec plusieurs civils lorsque les forces de sécurité de l’Autorité palestinienne ont mené ce qu’elles appellent l’opération « Protéger la patrie ».
Le journal israélien Yedioth Ahronoth a révélé que les forces de sécurité de l’AP agissent selon le « modèle de Naplouse », qui consiste à pénétrer dans des zones où l’armée d’occupation a déjà affaibli l’infrastructure de la résistance. Le journal souligne que la politique officielle d’Israël est de maintenir la stabilité de l’AP et d’empêcher son effondrement, et que les forces de l’occupation agissent en conséquence.
Les événements dans le camp de Jénine ont commencé avec l’arrestation d’Ibrahim Tubasi et d’Imad Abu Al-Haija par les forces de sécurité de l’Autorité palestinienne au début du mois. Le bataillon de Jénine s’est emparé de certains véhicules de l’Autorité palestinienne comme monnaie d’échange pour exiger leur libération. En refusant d’accéder à cette demande, l’Autorité palestinienne a clairement exprimé que son objectif était de mettre fin à la résistance légitime et de forcer les groupes de résistance à remettre leurs armes, une demande qui a été rejetée. La situation s’est aggravée avec l’assassinat de Ribhi Shalabi, 19 ans, au cours des opérations de l’AP la semaine dernière qui ont encerclé l’hôpital de Jénine et coupé l’électricité et l’eau du camp. Un haut responsable de la sécurité de l’Autorité palestinienne a démissionné en protestation contre l’assassinat du jeune homme.
Les affrontements entre les résistants et les forces de sécurité palestiniennes sont fréquents dans les villes du nord de la Cisjordanie, en particulier à Jénine et à Tulkarem, et coïncident avec les invasions continues des forces d’occupation, les attaques des colons et le génocide perpétré pas Israël contre les Palestiniens à Gaza.
Les services de sécurité de l’Autorité palestinienne sont accusés d’arrêter des personnes recherchées par l’occupation israélienne, ce qui complique encore la situation en Cisjordanie occupée, qui a connu une augmentation significative du taux d’attaques par les forces armées israéliennes et les colons depuis le début de la guerre à Gaza en octobre 2023. Les attaques contre les Palestiniens, leurs propriétés et leurs ressources en Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem-Est occupée, ont tué 811 personnes et en ont blessé au moins 6 450 depuis octobre de l’année dernière.
Source : Middle East Monitor
Traduction : SP pour l’Agence Média Palestine