Le groupe Zebda, nouveau parrain du Tribunal Russell sur la Palestine, parle pour l’une des premieres fois de sa chanson sur Gaza “Une vie de moins“.
Frank Barat: Vous avez sorti en octobre, en collaboration avec Jean-Pierre Filiu, “une vie de moins” une chanson et un vidéo clip ayant pour sujet la bande de Gaza. Comment est née cette collaboration entre un prof a Science Po et un groupe de musique Toulousain?
Zebda: Nous avons rencontré Jean Pierre à la fin des années 90, lors d’une tournée avec l’alliance française en Syrie, Jordanie et Liban il était à cette époque là diplomate et déjà grand connaisseur du monde arabe, nous sommes tout de suite devenus amis et nos différents échanges nous ont amené à cette collaboration.
Nous voulions dire que si la Palestine a disparu des écrans de télévision elle n’a pas disparu de nos consciences et qu’en parler reste très important pour nous. La chanson existe depuis quelques temps mais nous voulions absolument des images pour l’accompagner nous avons donc confié cette tache à Ali Guessoum qui sans aucun moyen a réalisé ce magnifique clip.
On ne voit pas en quoi cette chanson est un appel à la haine, ça ressemble surtout à la pression qu’ils ont l’habitude de mettre dès qu’on critique la politique de l’état d’Israël, c’est une véritable OPA sur le langage qu’il mène depuis des années on a plus le droit de parler de la question palestinienne sans être taxé d’antisémitisme ou de pro-islamisme larvé, nous répondons que nous préférons la parole au silence et que leur attitude nourrit tous les fantasmes et les amalgames.
Nous avons reçu énormément de messages de remerciements et de soutiens, essentiellement de personnes, de collectifs qui sont loin d’être des extrémistes, cela signifie pour nous que la chanson joue son rôle, qu’elle accompagne le sentiment d’injustice, qu’elle fait exister l’émotion que cela provoque, elle est donc à l’opposé d’un appel haineux.
Palestine, résonne au plus profond de notre histoire car depuis notre enfance on en entend parler dans nos familles. Dernier symbole tragique d’une colonisation, d’une sorte d’apartheid, l’injustice perdure mais la résistance aussi, Palestine devient pour nous une forme d’identité politique pour une vision du monde dans lequel on vit.
Non jamais mais nous voudrions vraiment le faire.
Le rôle des artistes est d’accompagner la vie des gens, de mettre des mots, des images, des sons sur leurs émotions et leurs ressentis, et puis de temps en temps de libérer la parole.
source: Blog de Frank Barat