Pour Habayit Hayehoudi (la Maison Juive), une Palestine indépendante serait un ‘suicide’ pour Israël

L’alternative du leader Naftali Bennett ? Encore plus d’autonomie pour les Palestiniens » mais dans seulement 40% de la Cisjordanie

Par Maayan Lubell 26 février 2015 |

REUTERS – Jeune et ambitieux, le sourire facile et l’esprit vif, le leader de droite israélien Naftali Bennett est en mission pour empêcher la création d’un État palestinien.

Si, comme c’est hautement probable, il prend le portefeuille de la défense ou un autre, au terme des prochaines élections, cette mission fera un grand pas en avant vers sa réalisation, ce qui pourrait, selon ses critiques, aviver les conflits et aggraver l’isolement international d’Israël.

Bennett, qui a 42 ans et a étendu le rayon d’attraction d’Habayit Hayehoudi, son parti pro colons, vers des Israéliens jeunes, plus laïcs, n’est nullement ébranlé, disant que l’alternative serait pire – la fin d’Israël et une guerre sans fin.

« Même si la pression mondiale est sur nous, nous ne nous suiciderons pas volontairement » a dit à Reuters cet ex entrepreneur en technologie et membre de commandos de l’armée en campagne.

En visite dans un centre commercial de la ville israélienne d’Ashkelon et entouré d’une foule de supporters enthousiastes, Bennett s’est arrêté pour parler avec des commerçants pressés de lui serrer la main et d’échanger, tandis que des adolescents faisaient des selfies avec lui sur leur portables.

Lors de l’élection de 2013, Habayit Hayehoudi a triplé son nombre de sièges sous la nouvelle direction de Bennett et est ainsi devenu un partenaire de premier plan dans la coalition gouvernementale de droite du premier ministre Benjamin Netanyahou. Bennett est devenu ministre de l’économie.

Le parti cherche à développer son influence lors des élections du 17 mars qui se tiendront peu après que Netanyahou ait limogé deux ministres centristes, disant qu’il ne pouvait plus tolérer leur opposition à sa politique. Les sondages prévoient pour Habayit Hayehoudi un maintien ou une augmentation du nombre de ses sièges qui est actuellement de 12 dans le Parlement de 120 membres.

Si le Likoud de Netanyahou, qui a une faible avance dans la plupart des sondages, reprend le dessus, Habayit Hayehoudi a des chances d’être au cœur de la prochaine coalition.

Un homme qui a un plan

Les Palestiniens veulent établir un État en Cisjordanie et dans Jérusalem Est – occupées par Israël depuis 1967 – et dans la bande de Gaza, sous blocus israélien et égyptien et sous le contrôle du Hamas islamiste.

Bennett cite la crise régionale et les tirs de roquettes palestiniennes vers Israël lors de la guerre à Gaza l’été dernier comme raisons pour ne pas renoncer à la Cisjordanie ainsi que cela fut fait pour Gaza en 2005.

Israël, dit-il, devrait annexer la zone C de Cisjordanie, où vivent plus de 350 000 colons israéliens sous un contrôle militaire et civil total d’Israël. Dans l’intervalle des pourparlers de paix, les Palestiniens, qui sont au nombre de 2,8 millions environ, n’ont eu d’autonomie que sur le reste de la Cisjordanie.

« L’idée est de créer une « autonomie sur les stéroïdes » pour les Palestiniens, pour qu’ils aient leur propres élections, une liberté de mouvement, qu’ils construisent tant qu’ils veulent, qu’ils aient leur propre système d’éducation et qu’ils paient leurs propres impôts », dit Bennett. « Je ne veux pas les gouverner ».

Aux Palestiniens de la zone C, qui représente 60% du territoire cisjordanien, la citoyenneté israélienne serait offerte, dit-il.

Ses opposants rejettent son plan come immoral, simpliste et impossible. Mais Bennett espère gagner le cœur et l’esprit des Israéliens, et peut-être persuader le monde que son « Plan de Stabilisation » est la bonne voie.

« Est-ce que tout le monde sera convaincu dès demain ? Non. Il nous faut y travailler », a-t-il dit.

De son point de vue, il a brisé un tabou.

« Même si le monde entier est convaincu que si nous nous détachons de la Judée-Samarie (le nom biblique de la Cisjordanie), la donnons aux Arabes, découpons Jérusalem, cela amènera la paix sur terre, je suis persuadé du contraire ; cela conduira à une guerre sans fin ».

Un ‘Émissaire’

Né en Israël de parents venus de San Franciso, Bennett a passé des années aux États Unis avant de vendre sa société de lutte contre la fraude à RSA, une firme américaine de sécurité pour 145 millions de dollars.

S’adressant à un public d’immigrants à Tel Aviv, il lance des boutades et des blagues, s’attirant le rire et des applaudissements. Il parle anglais avec l’accent américain, rappelant celui de Netanyahou, dont il a été l’assistant de 2006 à 2008.

Depuis qu’il a pris le contrôle d’Habayit Hayehoudi en 2012, Bennett aspire à restructurer le parti, à amener de nouveaux visages et à étendre son aire d’attraction à de plus larges secteurs, en particulier via les réseaux sociaux.

Bennett, qui est un juif orthodoxe, vit dans une banlieue riche de Tel Aviv avec sa femme qui n’est pas religieuse. Des critiques le dépeignent comme le visage amical d’un parti extrémiste incluant des colons qui sont sur une ligne dure et des ultra-nationalistes fortement opposés aux Palestiniens.

Dans les dernières semaines, des juristes de Habayit Hayehoudi ont également attiré des critiques sur leurs remarques anti-gays, l’un d’eux ayant été cité pour s’être déclaré « homophobe et fier de l’être ».

Lors de sa conférence à Tel Aviv, Bennett a été chahuté par des militants gay avant que ceux-ci ne soient escortés vers la sortie par des gardes du corps. « Je vous respecte » a dit Bennett, qui a ensuite expliqué qu’il était pour « vivre et laisser vivre ».

Il a dit n’avoir jamais prévu d’entrer en politique, mais qu’en 2006, la guerre d’Israël contre le groupe libanais militant Hezbollah l’avait fait changer.

« Je venais de vendre une société pour 145 millions de dollars. J’étais supposé faire la fête, m’envoler vers les Caraïbes et au lieu de ça, je me suis retrouvé à combattre au sud-Liban contre des terroristes qui veulent détruire mon État ».

Cela l’a convaincu, dit-il, de servir son pays en tant que dirigeant politique.

Traduction SF pour l’Agence Media Palestine

Source: Haaretz

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