Par Ali Abunimah, 17 Décembre 2015
Son record de crimes de guerre à Gaza fait d’Israël une destination touristique à éviter si l’on veut voyager sans souci. (Photo: Mohammed Asad APA images)
L’industrie touristique israélienne a connu une chute libre, en conséquence de l’assaut de 2014 à Gaza au cours duquel son armée a tué 2 200 Palestiniens dont 551 enfants et qui a laissé un territoire dévasté pour l’essentiel.
Le nombre de touristes a été inférieur à tous les chiffres de l’année précédente, chaque mois depuis juillet 2014. Et ce jusqu’en juillet de cette année où le nombre de visiteurs a fini par retrouver presque son niveau de 2013.
Mais l’escalade de la violence en octobre et novembre, provoquée par les attaques incontrôlées d’Israël et ses incursions dans l’enceinte de la mosquée d’al-Aqsa dans Jérusalem occupée, a fait reculer Israël de nouveau.
Les statistiques fournies par le ministère du tourisme ce mois-ci montrent que le nombre de visiteurs en Israël en novembre a perdu 5% par rapport à novembre 2014 et 18% par rapport à novembre 2013.
Mais c’est sur le tourisme venu d’Europe que le déclin a été bien plus fort : dans l’ensemble il y a eu 10% de moins de visiteurs en provenance d’Europe en novembre que dans le même mois de l’année précédente et 30% de moins qu’en novembre 2013.
Le site internet israélien Ynet attribue cela à la « vague actuelle de terreur ».
Un déclin soutenu
Mais si l’on se penche de manière plus approfondie sur les statistiques officielles, il apparaît qu’Israël est en fait face à un déclin dramatique et soutenu du tourisme en provenance de pays européens qui sont pour lui le marché le plus important et que cela ne peut être attribué uniquement aux récents événements.
Au cours des 11 mois écoulés de janvier à novembre 2013, 2,1 millions de touristes européens se sont rendus en Israël – soit environ les trois quarts de tous les visiteurs étrangers.
Pendant la même période de 2014 – qui comprend l’attaque sur Gaza -, 1,9 millions d’Européens sont venus, soit 9% de moins.
Cependant, loin de reprendre cette année, le nombre de visiteurs européens en Israël des 11 premiers mois de l’année 2015 est encore tombé de 8%.
Pendant cette période, les visites d’Italie ont dégringolé de près de 50% par rapport à 2013, avec un déclin de 26% depuis 2014.
Si l’on compare avec 2013, les chutes ont été de 32% de Finlande, de 21% de Norvège, de 14% des Pays Bas, de 25% de Pologne et de 23% d’Allemagne et d’Autriche.
La France, qui est le plus gros marché touristique européen pour Israël, s’est maintenue. Environ 277 000 Français ont fait le voyage de janvier à novembre 2015, 4% de moins que dans la même période de 2013.
Le tourisme du Royaume Uni, le second marché européen, est toujours à 10% de mois qu’en 2013, mais a regagné 10% depuis l’an dernier.
Les voyages en Israël au cours des 11 premiers mois de l’année depuis l’ex Union Soviétique, dont la plupart de Russie, sont en baisse de près d’un quart en comparaison avec 2013 et de 17% par rapport à l’an dernier – une chute que Ynet attribue à « la situation économique difficile » de ces pays.
Il y a eu 16% de touristes en moins d’Australie et de Nouvelle Zélande dans la même période comparée à 2013.
Les nouvelles d’Amérique du Nord sont légèrement meilleures pour Israël. Les visites en provenance des États Unis ont, de fait, cru de 3% depuis 2013, tandis que 5% de moins de Canadiens se sont dirigés vers Israël.
Difficultés
Il est peu probable qu’Israël accueille avec bienveillance un nouvel avertissement du Département d’État américain aux Américains qui mentionne « des tensions élevées et des risques pour la sécurité ».
La notice nous avertit aussi, en tant que citoyens américains « d’origine arabe ou musulmane » du racisme officiel. Certains, précise-t-elle, « ont fait l’expérience de difficultés importantes et de traitement inégalitaire et hostile aux frontières israéliennes et aux checkpoints ».
Le ministère israélien du tourisme reconnaît dans sa dernière déclaration, « un déclin significatif du tourisme » ayant commencé durant l’attaque de juillet 2014 à Gaza.
Ce que montrent ces chiffres, c’est que les efforts intenses d’Israël pour se vendre comme une destination sans souci pour ceux qui recherchent le soleil, ne peut pas abolir la puanteur des crimes de guerre commis à Gaza ni les conséquences de sa violente occupation, du colonialisme de peuplement et de l’apartheid en Cisjordanie.
Ils soulignent aussi la contradiction fondamentale de la propagande officielle d’Israël – la hasbara – selon laquelle Israël est un endroit fantastique à visiter et en même temps le lieu le plus vulnérable et agressé de la terre, assiégé et en proie à de dangereux ennemis internes et externes.
Il est difficile de faire en sorte que des Européens à la recherche de relaxation, de soleil, de bonne nourriture et de culture puissent se diriger vers Israël au lieu de, disons, vers l’Espagne dont les entrées touristiques battent tous les records.
Des initiatives telles que les efforts comiques de l’homme politique Yair Lapid pour faire des Israéliens se rendant à l’étranger des ambassadeurs du pays, ne sont pas de nature à aider.
Traduction : SF pour l’Agence Media Palestine
Source: Electronic Intifada