COVID-19 et occupation : la double peine des Palestiniens

Une artiste palestinienne peint une fresque murale pour sensibiliser le public au COVID-19 à Khan Younis, dans la bande de Gaza (Ashraf Amra – APA Images)

Par l’Agence Média Palestine, le 27 juillet 2020

Suite à l’éruption du COVID-19, les Palestiniens doivent faire face à une double répression israélienne sur le plan politique et sanitaire.

La bande de Gaza et la Cisjordanie manquent cruellement de matériel, notamment d’équipements de protection individuelle et d’agents de santé qualifiés, en raison des pénuries locales auxquelles s’ajoute le facteur aggravant des restrictions imposées de longue date par le blocus et l’occupation.

Au début de l’épidémie, Israël a refusé l’entrée de matériel médical malgré la gravité de la situation.

Ziad Medoukh, universitaire palestinien à Gaza déclarait au mois de mars que l’on comptait seulement 55 lits en soins intensifs et 50 appareils de réanimation dans les hôpitaux de cette région. Les coupures d’électricité et le manque de personnels soignants aggravent aussi la gestion de la crise sanitaire.

Les patients atteints du Covid-19 ne sont pas les seules victimes du régime d’apartheid israélien. Depuis qu’Israël a approuvé l’entrée de milliers d’ouvriers palestiniens dans le pays, les travailleurs palestiniens risquent leur vie et doivent choisir entre gagner leur vie ou se protéger du virus.

En mars dernier, un travailleur palestinien qui présentait des signes du COVID-19 a été jeté par terre et abandonné par les forces d’occupation israéliennes, près du checkpoint de Beit Sira, qui relie le centre d’Israël à la Cisjordanie occupée. Son employeur aurait averti les autorités israéliennes avant même que l’homme n’ait reçu ses résultats. Quelques jours plus tôt, un autre ouvrier palestinien, soupçonné d’avoir contracté le COVID-19, avait dû rejoindre seul le checkpoint de Beit Sira pour rejoindre la Cisjordanie.

Depuis le mois de mai, le gouvernement israélien, par crainte du développement d’une pandémie incontrôlable, a dû lever son interdiction d’entrée de l’aide humanitaire à Gaza. Une aide humanitaire a été envoyée, à deux reprises, par les Émirats Arabes Unis pour aider les Palestiniens dans la lutte contre le COVID-19. Cette aide a d’abord été refusée par l’autorité palestinienne, pour finalement être envoyée à Gaza avec l’accord des autorités israéliennes et en coordination avec l’ONU.

Selon un rapport du ministère palestinien de la Santé sur le coronavirus d’aujourd’hui, depuis le début de la pandémie, 13716 tests de coronavirus ont été administrés dans la bande de Gaza. Actuellement, 246 personnes sont placées dans des centres d’isolement installés par les autorités locales dans toute la bande de Gaza. Ceux dont le test est positif dans ces établissements sont transférés dans un hôpital de campagne désigné installé près du port-frontière de Rafah, où ils reçoivent des soins.

Chaque personne revenant de l’Étranger est mise en quarantaine pendant 28 jours dans des centres spéciaux. Pendant deux mois, tous les lieux publics (cafés, écoles, universités, salles de mariage et salles de sport…) ont été fermés. 

Le checkpoint d’Erez est resté pratiquement fermé depuis début mars. Seul un petit nombre de patients gravement malades et leur accompagnant ont pu passer. Israël refuse de traiter les demandes de voyage autres que les cas médicaux urgents.

Récemment, alors que les températures estivales ont augmenté ainsi que la demande d’électricité, l’approvisionnement en électricité dans la bande de Gaza a diminué. Actuellement, les résidents sont alimentés pendant six heures consécutives, suivies de huit heures sans électricité. Selon les Nations Unies, depuis le début du mois de juillet, l’électricité est disponible environ 11,7 heures par jour. En juin, la moyenne était de 14,4 heures par jour.

La situation est tout aussi préoccupante en Cisjordanie. Le nombre de cas dans cette région, et notamment à Jérusalem-EST, ne cesse d’augmenter. L’épicentre d’Hébron représente à ce jour, plus de 70% de tous les cas actifs.

Suite à l’arrêt de la coordination sécuritaire annoncé par l’AP, pour protester contre le projet d’annexion israélien de pans de la Cisjordanie, les Palestiniens se voient refuser le transfert dans les hôpitaux israéliens pour se soigner, sauf les cas les plus graves.

De plus, Israël a mis en place des conditions très strictes à l’encontre des Palestiniens à Jérusalem-EST, pour pouvoir être testé. Chaque Palestinien doit être membre d’un organisme israélien de soins de santé privé. Pour bénéficier d’un test gratuit, il faut être résident palestinien officiel de Jérusalem-EST, soit seulement 40% de la population.

Dans ce contexte, la démolition du centre de dépistage tout juste ouvert, le 21 juillet après celle du centre de dépistage de Silwan par l’armée israélienne, l’arrestation de militants et de volontaires palestiniens impliqués dans des actions de sensibilisation, des initiatives locales pour désinfecter les écoles et les institutions ou distribuer les denrées alimentaires, la démolition des maisons, qui continue à l’heure du confinement, les limites générales imposées à l’accès aux soins par l’occupation constituent autant d’actes de répression qui s’ils visent l’autorité palestinienne et son refus de coordination, constituent en période d’épidémie une violation aggravée de l’article 56 de la IVe Convention de Genève qui prévoit expressément qu’un occupant a le devoir d’adopter et d’appliquer « les mesures prophylactiques et préventives nécessaires pour combattre la propagation des maladies contagieuses et des épidémies ».

Le COVID-19 a mis en lumière les effets néfastes du régime d’apartheid israélien sur le droit à la santé de tous les Palestiniens.

Sources : Middle East Eye, Al Haq, The Electronic Intifada, OCHA, Gisha

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