Un prisonnier palestinien réincarcéré commence une grève de la faim pour protester contre des conditions “inhumaines”

Par Yumna Patel, le 7 octobre 2021 

Mohammed Ardah, un des prisonniers de Gilboa qui ont été repris, a commencé une grève de la faim pour protester contre “les mesures punitives qu’il subit et les conditions cruelles de son isolement cellulaire”.

La mère de Mohammed Ardah, qui a été repris après son évasion de la prison de Gilboa, dans la maison familiale à Jénine, en Cisjordanie, le 11 septembre 2021. (Photo: Stringer/APA Images)

Un tribunal israélien a inculpé cette semaine les six prisonniers palestiniens qui ont été réincarcérés après avoir réussi le mois dernier une évasion historique d’une prison israélienne de haute sécurité, suscitant la stupéfaction dans le monde entier. 

Les prisonniers, tous originaires de la région de Jénine dans le nord de la Cisjordanie occupée, ont été repris en l’espace de quelques heures fin septembre, après une chasse à l’homme menée pendant plus d’une semaine par les autorités israéliennes. 

Lee tribunal a inculpé dimanche les six prisonniers pour évasion de la prison de Gilboa dans le nord d’Israël, chef d’inculpation qui entraîne une lourde peine d’emprisonnement. Cinq autres personnes ont été inculpées pour avoir aidé les prisonniers au cours de leur évasion, a rapporté Al Jazeera. 

À la suite de ces nouvelles arrestations, les autorités israéliennes ont interrogé les prisonniers pendant des semaines, les avocats des prisonniers affirmant qu’au cours de cette période, leurs clients ont été torturés et ont subi des conditions d’incarcération inhumaines. 

Lundi [4 octobre], la Commission pour les affaires des détenus et des ex-détenus a indiqué que l’un des prisonniers, Mohammed Ardah, avait commencé une grève de la faim pour protester contre “les mesures punitives qu’il subit et les conditions cruelles de son isolement cellulaire”.

Selon Kareem Ajwa, avocat de la Commission, les mesures punitives infligées à Ardah consistent, entre autres, à le maintenir à l’isolement cellulaire sans aucun objet personnel et à le priver pendant deux mois de visites de sa famille et d’accès à la cantine de la prison, plusieurs amendes pécuniaires lui étant de plus imposées. 

Selon ce rapport, Ardah, détenu dans la prison d’Asqalan (Ashkelon) dans le sud d’Israël, serait à l’isolement dans une “petite cellule crasseuse et sans aération qui ne remplit aucune des exigences humanitaires élémentaires”.  

Ardah aurait également précisé à son avocat qu’il n’avait pas pu prendre une douche depuis plusieurs jours, étant “filmé vingt-quatre heures sur vingt-quatre par des caméras de surveillance”.

Selon  Al Jazeera, l’avocat d’Ardah explique que le tribunal va sans doute émettre une “ordonnance formelle d’isolement” contre Ardah et les autres prisonniers. Ces ordonnances d’isolement peuvent être renouvelées tous les six mois, Indique Al Jazeera, qui ajoute que, selon l’avocat, les prisonniers peuvent être placés à l’isolement pendant plusieurs années. 

Des détenus administratifs en grève

Au moment où Ardah entamait sa grève de la faim, plusieurs prisonniers palestiniens détenus sous le régime de la détention administrative continuaient leur propre grève de la faim pour protester contre leur maintien en détention, un de ces prisonniers étant en grève depuis plus de 80 jours. 

Les six prisonniers sont Kayed Fasfous, Meqdad Qawasmeh, Alaa al-Araj, Hisham Abu Hawash, Rayeq Bsharat et Shadi Abu Aker, la durée actuelle de ces grèves de la faim allant de 40 à 84 jours [à la date du présent article].

C’est Fasfous, habitant de Dura dans la région d’Hébron, dans le sud de la Cisjordanie, qui est en grève depuis le plus longtemps. Selon l’Association des prisonniers palestiniens (PPS), Fasfous a été hospitalisé lundi à l’hôpital Kaplan, en Israël, son état de santé s’étant dégradé. 

Meqdad, dont la grève dure depuis presque aussi longtemps (plus de 75 jours), a été transféré dans le même hôpital. 

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a publié un communiqué indiquant ses inquiétudes quant à la santé de Fasfous et de Meqdad, avec ces mots : “Nous sommes préoccupés par les conséquences potentiellement irréversibles que ces grèves de la faim prolongées peuvent avoir sur leur santé et leur vie”.

La grève de la faim est une forme de protestation fréquente pour les prisonniers politiques palestiniens, en particulier ceux qui sont placés en détention administrative — pratique largement condamnée, utilisée par Israël pour incarcérer les Palestiniens sans inculpation ni jugement pour des durées indéfinies. 

Actuellement, 520 Palestiniens sont détenus dans des prisons israéliennes aux termes de ce régime. 

Source : Mondoweiss

Traduction SM pour l’Agence média Palestine

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