Gaza : 34 262 Palestiniens tués par Israël, dont au moins 14 500 enfants

Après 202 jours de bombardements israéliens sur la bande de Gaza, Israël a assassiné plus de 34 262 Palestiniens depuis le 7 octobre.

Par l’Agence Média Palestine, le 2 janvier 2024, mis à jour le 26 avril 2024

Une famille déplacée dans le sud de la bande de Gaza. Photo : UNRWA

Les massacres israéliens de civils palestiniens assiégés dans la bande de Gaza se poursuivent, malgré une résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU exigeant un cessez-le-feu dans l’enclave.

Selon un rapport d’OCHA-oPt du 24 avril 2024, entre le 7 octobre 2023 et le 24 avril 2024, au moins 34 262 Palestiniens ont été tués à Gaza. Environ 70 % des personnes tuées sont des femmes et des enfants. À cette date, 77 229 Palestiniens ont été blessés. De nombreuses personnes sont portées disparues, probablement ensevelies sous les décombres, dans l’attente d’être secourues ou récupérées. Au moins 14 500 enfants ont été assassinés par Israël depuis le 7 octobre, selon le dernier rapport de DCI-Palestine. L’UNICEF rapporte que toutes les dix minutes, un enfant est tué ou blessé à Gaza.

Alors que la menace imminente d’une attaque israélienne pèse sur la ville de Rafah, concentrant actuellement plus d’1,4 million de personnes déplacées, les équipes de la défense civile palestinienne ont retrouvé 324 cadavres à l’hôpital Nasser, dans différentes fosses dans le quartier de Khan Younis (au 24 avril, les recherches étant toujours en cours). Les Nations Unies demande que des enquêtes indépendantes soient menées sur ces décès.

Selon le ministère de la santé de Gaza, 111 Palestiniens ont été tués et 145 blessés entre le 22 et le 24 avril.

OCHA-oPt rapporte 7 attaques majeures entre le 22 et le 24 avril :

Le 21 avril, vers 14h50, sept Palestiniens ont été tués et d’autres blessés lorsqu’une maison a été touchée dans l’ouest du camp de réfugiés d’An Nuseirat, à Deir al Balah. D’autres personnes seraient restées sous les décombres.
Le 22 avril, vers 9h30, trois Palestiniens ont été tués et 11 blessés lorsqu’un groupe de personnes a été touché près de la mosquée Abu Salim à Deir al Balah.
Le 22 avril, vers midi, six Palestiniens ont été tués et d’autres blessés lorsqu’une maison a été touchée dans le camp de réfugiés d’Al Bureij à Deir al Balah.
Le 22 avril, vers 15h30, une jeune fille palestinienne ont été tuée lorsqu’une maison a été touchée à Deir al Balah.

Le 18 avril dernier, le secrétaire général António Guterres a déclaré au Conseil de sécurité : « Deux millions de Palestiniens ont enduré la mort, la destruction et le refus d’une aide humanitaire vitale ; ils sont maintenant menacés par la famine. Une opération israélienne à Rafah aggraverait cette catastrophe humanitaire… Pour éviter une famine imminente et d’autres décès évitables dus à la maladie, nous devons faire un bond en avant dans l’aide humanitaire aux Palestiniens de Gaza… La fourniture d’une aide à grande échelle exige qu’Israël facilite pleinement et activement les opérations humanitaires. »

La crise de la faim à Gaza s’aggrave, rendant la quasi-totalité de la population dépendante d’une aide alimentaire qui reste insuffisante pour répondre aux besoins croissants. Le coordinateur humanitaire de l’ONU, Jamie McGoldrick, a souligné que le transport routier était la seule solution pour augmenter le flux d’aide humanitaire. Cette semaine, le PAM a livré 88 tonnes de colis alimentaires et de farine de blé pour 25 000 personnes dans le nord de Gaza, tout en avertissant que « la famine est imminente » si le montant de l’aide dans la région n’augmente pas de façon « exponentielle ». Au cours des deux premières semaines de mars, les autorités israéliennes ont accordé l’entrée de 12 cargaisons d’aide humanitaire dans le nord de la bande de Gaza : six ont été refusées et six ont été reportées.

Dans la nuit du 17 au 18 mars, les forces d’occupation israéliennes ont à nouveau assiégé le complexe médical Al-Shifa, et se livrent à des bombardements massifs de l’hôpital alors que plus de 30 000 personnes s’y réfugient, et qu’au moins 5 000 personnes blessées y sont traitées. Des dizaines de Palestiniens ont déjà été tués, et le bilan ne devrait que s’alourdir. Les dizaines de milliers de personnes qui s’y réfugiaient sont à nouveau forcées d’évacuer la zone d’Al-Shifa, ne sachant vers où se diriger.

Dans la nuit du 14 au 15 mars 2024, les forces d’occupation israéliennes ont pris pour cible un rassemblement de personnes attendant de l’aide humanitaire à un rond-point de Gaza City, ont tué plus 50 Palestiniens et en ont blessé plus de 155.

Un autre massacre a eu lieu le 13 mars dernier, où au moins 1 membre du personnel de l’UNRWA a été tué et 22 autres ont été blessés lorsque les forces d’occupation israéliennes ont bombardé un centre de distribution de nourriture situé dans l’Est de Rafah, au sud de la bande de Gaza.

Le blocus israélien entrave l’entrée et la distribution de l’aide humanitaire dans la bande, affamant délibérément les Palestiniens tout en les massacrant de manière répétée alors qu’ils cherchent à obtenir le peu d’aide autorisé à entrer. À ce jour, déjà 17 enfants palestiniens sont morts de faim à Gaza, soumis à la famine qui leur a été infligée par Israël.

« L’attaque d’aujourd’hui contre l’un des rares centres de distribution de l’UNRWA dans la bande de Gaza survient alors que les réserves de nourriture s’épuisent, que la faim est généralisée et que, dans certaines régions, elle tourne à la famine. Chaque jour, nous partageons les coordonnées de toutes nos installations dans la bande de Gaza avec les parties au conflit. L’armée israélienne a reçu les coordonnées de ce centre hier », a déclaré Philippe Lazzarini, commissaire général de l’UNRWA.

https://twitter.com/UNRWA/status/1767931166097609064

Le jeudi 29 février dernier, un massacre similaire avait déjà eu lieu. Alors que des centaines de Palestiniens s’étaient rassemblées dans la rue Harun al-Rashid à Gaza, où des camions d’aide humanitaire transportant de la farine allaient être acheminés, l’armée israélienne a ouvert le feu sur la foule. « Après avoir ouvert le feu, les chars israéliens ont avancé et écrasé de nombreux cadavres et blessés », a déclaré Ismail al-Ghoul à Al Jazeera, en se rendant sur place. Au moins 112 Palestiniens ont été tués et plus de 760 personnes ont été blessées.

Les médecins ont signalé que de nombreuses victimes sont arrivées à l’hôpital avec des balles dans le torse et la tête, ce qui indique qu’elles ont été délibérément prises pour cible par les forces d’occupation israéliennes, qui tiraient pour tuer.

Image d’une boîte de farine imbibée de sang, lors du « massacre de la farine » perpétré par Israël.

Comme le montre ce rapport d’Amnesty International ci-dessous, le nombre de réfugiés palestiniens à Rafah a explosé depuis octobre 2023, en faisant la zone la plus densément peuplée de la bande. « Où que vous regardiez à Rafah, il y a des déplacés. Ils sont installés sous des tentes de fortune fabriquées avec des bâches en plastique, dans les parkings, dans les rues, sur le moindre bout de terrain libre et jusque sur la plage. » déclarait Juliette Touma, directrice de la communication de l’UNRWA à France Info le 9 février dernier.

Alors qu’il y a plus d’un mois, la CIJ ordonnait à Israël de réduire le « risque de génocide » dans la bande de Gaza sous une période d’un mois, sur le terrain la situation ne fait que prouver qu’Israël ne prend pas en compte les remarques et avertissements extérieurs. Le 7 février dernier, le premier ministre israélien B.Netanyahou rejette la proposition de cessez-le-feu du Hamas, et promet de se battre jusqu’à la « victoire totale », c’est-à-dire jusqu’à l’accomplissement du projet israélien de nettoyage ethnique de la bande de Gaza.

Plus de 12 300 enfants ont été tués par les frappes aériennes et les opérations terrestres israéliennes à Gaza en plus de 130 jours de violence, selon le ministère de la Santé à Gaza, et des milliers d’autres sont portés disparus, probablement ensevelis sous les décombres, a déclaré Ocha-oPt le 29 février dernier. La DCIP affirme de son côté dans son rapport annuel de 2023 qu’Israël mène un génocide contre les enfants à Gaza.

Le 12 février, Médecins Sans Frontières a averti que « l’offensive terrestre déclarée par Israël sur Rafah serait catastrophique et ne doit pas avoir lieu ».

https://twitter.com/MSF/status/1756951702316400659

Les autorités locales gazaouies ont déclaré dimanche 21 janvier qu’environ 1 000 des 1 200 mosquées de la bande de Gaza ont été détruites par les attaques israéliennes depuis le 7 octobre. Parmi celles-ci figure notamment la Grande Mosquée Omari, l’une des mosquées les plus importantes et les plus anciennes de la Palestine historique. Israël bombarde et détruit depuis le 7 octobre le patrimoine culturel gazaoui ; entre autres, un cimetière romain vieux de 2 000 ans dans le nord de la bande de Gaza, fouillé l’année dernière seulement, a été détruit, ainsi que le musée de Rafah, un espace situé dans le sud de la bande de Gaza qui était consacré à l’enseignement du patrimoine du territoire. L’église Saint Porphyre, considérée comme la troisième église la plus ancienne du monde, a également été détruite suit à une frappe israélienne en octobre dernier.

Le 23 janvier, l’armée israélienne a émis de nouveaux ordres d’évacuation via les réseaux sociaux à l’intention des Palestiniens, concernant un certain nombre de quartiers résidentiels de Khan Younis. Selon OCHA-oPt, la zone concernée couvre environ quatre kilomètres carrés et compte environ 88 000 résidents dans la zone. La zone touchée comprend l’hôpital Nasser (475 lits), l’hôpital Al Amal (100 lits) et l’hôpital jordanien (50 lits), soit près de 20 % des hôpitaux encore partiellement opérationnels dans la bande de Gaza. Trois dispensaires médicaux sont également situés dans la zone touchée. Quelques 18 000 personnes déplacées se trouveraient à l’hôpital Nasser, tandis qu’un nombre inconnu de personnes déplacées cherchent refuge dans les autres établissements de santé. L’organisation Médecins sans Frontières a également exprimé son inquiétude quant à la situation actuelle à l’Hôpital Nasser.

La veille, le lundi 22 janvier, les forces israéliennes ont déjà effectué un raid sur l’hôpital Al Kheir dans l’ouest de Khan Younis, ordonnant aux femmes et aux enfants d’évacuer vers Rafah, dans le sud de Gaza, et auraient arrêté le personnel médical. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a exprimé son inquiétude quant au fait que l’établissement était confronté à des incursions militaires et que plusieurs travailleurs de la santé avaient été arrêtés. Il n’est plus possible de communiquer avec l’hôpital.

Le 23 janvier, le secrétaire général des Nations Unies – António Guterres a déclaré devant le Conseil de sécurité : « Les 100 derniers jours ont été déchirants et catastrophiques pour les civils palestiniens de Gaza. Plus de 25 000 personnes, principalement des femmes et des enfants, ont été tuées lors d’opérations lancées par les forces israéliennes. Plus de 60 000 autres ont été blessées. Ces derniers jours, l’offensive militaire s’est intensifiée à Khan Younis, faisant de nombreuses victimes supplémentaires. L’ensemble de la population de Gaza subit une destruction d’une ampleur et d’une rapidité sans précédent dans l’histoire récente. Rien ne peut justifier le châtiment collectif infligé au peuple palestinien ». Le secrétaire général a également ajouté que « le droit du peuple palestinien à construire son propre État pleinement indépendant doit être reconnu par tous« .

Le 22 janvier, l’OMS et ses partenaires ont achevé une mission à haut risque visant à réapprovisionner en carburant l’hôpital Al Shifa, dans le nord de la bande de Gaza, où des centaines de milliers de personnes restent privées d’aide. Selon l’OMS, la situation s’est améliorée depuis leur dernière visite, dix jours auparavant. L’hôpital compte 120 travailleurs de la santé et 300 patients, et effectue entre cinq et dix opérations chirurgicales par jour, principalement des cas de traumatismes qui nécessitent des soins immédiats.

Le 23 janvier, le commissaire général de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, a indiqué que l’un des plus grands abris de l’UNRWA, le centre de formation de Khan Younis, avait été frappé la veille lors d’opérations militaires, tuant au moins six personnes déplacées. Le centre accueille 40 000 personnes déplacées et 140 naissances y ont été enregistrées depuis le début de la guerre, alors que le risque de fausses couches à Gaza a augmenté de 300 % depuis le 7 octobre, selon un rapport de l’organisation CARE. 60 000 femmes sont enceintes à Gaza; et depuis le 7 octobre, des femmes ont dû subir des césariennes sans anesthésie dans les étages des hôpitaux. À Gaza, les personnes menstruées contractent des infections parce qu’elles n’ont pas accès à des produits menstruels. La situation sanitaire catastrophique à Gaza constituant à elle seule un risque épidémiologique grave, la nécessité de préserver des zones de soin sécurisées reste une priorité, comme le rappelle le commissaire général de l’UNRWA dans ce tweet du 23 janvier 2024 : « J’appelle toutes les parties à prendre toutes les précautions nécessaires pour minimiser les dommages et protéger les civils, les installations médicales et le personnel de l’ONU, conformément au droit international. »

Les bombardements incessants d’Israël font de Gaza un champ de ruines, et fait de la rue Al Shuhada autrefois animée et une « rue fantôme » comme le dit ci-dessous le journaliste Motaz Azaiza. En près de 3 mois, au moins 60 % des infrastructures de l’enclave sont partiellement endommagées ou complètement détruites et près de 2 millions de personnes ont été déplacés à l’intérieur du territoire.

Depuis plus de trois mois, Israël – en privant la population de Gaza de nourriture et d’eau – utilise la famine comme arme de guerre et affament les civils qui ne seraient pas tués par ses bombardements. En effet, selon un récent rapport de l’ONU, plus de 90% des Palestiniens du nord de la bande de Gaza affirment passer régulièrement plus de 24 heures sans nourriture et sans eau potable.

Raymonde Poncet Monge, sénatrice du Rhône et de la Métropole de Lyon, alertait le 20 décembre dernier sur les implications juridiques de cette famine imposée à toute la population de la bande de Gaza : l’orchestration planifiée d’affamer une population assiégée représente, selon le droit international, un crime contre l’humanité.

https://twitter.com/PoncetRaymonde/status/1737489898507010073

Le Comité d’examen de la famine (CEF), intervenu en raison de preuves dépassant la phase 5 de l’insécurité alimentaire aiguë (seuil catastrophique) dans la bande de Gaza, avertit que le risque de famine augmente quotidiennement dans un contexte de conflit intense et de restriction de l’accès humanitaire. Le comité ajoute que, pour éliminer le risque de famine, il est impératif d’arrêter la détérioration de la santé, de la nutrition, de la sécurité alimentaire et de la mortalité en rétablissant les services de santé, d’eau, d’assainissement et d’hygiène.

Au 110ème jour de bombardements de la bande, les appels au cessez-le-feu persistent et s’amplifient face à l’urgence actuelle – notons celui de la coordinatrice spéciale de l’ONU pour le processus de paix au Moyen-Orient, Lynn Hastings ou encore celui de Jean-François Corty, vice-président de Médecins du Monde, évoquant un « anéantissement civil » à Gaza. Alors que la FIDH affirmait le 12 décembre dernier qu’un génocide est en cours en Palestine, Johan Soufi, avocat spécialisé dans le droit international et ex-responsable juridique de l’UNRWA, alerte lui depuis plusieurs semaines sur la gravité des crimes commis par Israël en Palestine.

https://twitter.com/jsoufi/status/1740417389412646965

L’Afrique du Sud a de son côté enclenché une procédure contre Israël auprès de la Cour Internationale de Justice de l’ONU afin de dénoncer ce qu’elle juge être un génocide en cours à Gaza, et appelle également au cessez-le-feu immédiat et permanent. Les audiences de l’Afrique du Sud et d’Israël devant la CIJ se sont tenues les 11 et 12 janvier 2024, et ont été retransmises en direct. La CIJ n’a pas encore rendu son verdict.

https://twitter.com/majedbamya/status/1740778925691945341
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