Reportage : les gens de Gaza

Le 29 décembre 2021, par Mahmoud Nasser

Les Palestiniens à Gaza ont été diabolisés au point que souvent leur humanité est perdue. À travers ses photos, Mahmoud Nasser cherche à saisir ces gens de Gaza au-delà des images de douleur et de misère ; pour voir ces gens tels qu’ils sont.  

Dans le camp d’Al-Shati, connu pour être l’une des zones les plus peuplées de la bande de Gaza, les gens se rendent chaque jour à la plage pour profiter de la vue et donner un sens à leur réalité étrange. Voici un homme au camp d’Al-Shati, durant une matinée, à Gaza, le 4 octobre 2021. (Photo : Mahmoud Nasser)

Humaniser un conflit maculé de sang, un conflit qui est rempli de souffrances et de chagrin, ce n’est ni normal, ni facile. Il y a toujours un revers à toute chose. Le peuple palestinien, ce n’est pas un peuple de sauvages et de tueurs. Nous ne cherchons pas à nous saisir de qui que ce soit ni de détruire quoi que ce soit. Nous sommes des humains avant d’être des Palestiniens.

Tout le monde doit comprendre que le peuple palestinien a toujours été impatient d’être libéré de l’oppression. Quatre-vingts ans ont passé et tout a changé, pour le pire. Lentement mais sûrement, nous avons perdu notre fonction humaine fondamentale, qui est d’être libre. Être sur une terre qui se réduit au fil du temps, non à cause des forces de la nature, mais de la force humaine, dans un endroit où l’avenir devient plus sombre et plus sinistre de jour en jour, notre espoir de vivre librement se restreint à chaque tic-tac de l’aiguille d’une montre, il diminue encore plus avec le son d’un obus qui tombe sur les toits de nos maisons, toutes les quatre années au cours de la dernière décennie. Alors, que devons-nous faire ? Nous nous battons comme n’importe qui le ferait ; mais tout cela en vain. En nous défendant, nous sommes arrivés à être considérés comme des agresseurs à égalité.

Par conséquent, une réalité aussi dure engendre un autre genre de personnes. Aussi coriaces que nous soyons dans notre résistance à un pouvoir puissant, nous restons des êtres humains fragiles sous notre peau de crocodile la plus épaisse. Il ne semble pas que nous soyons beaucoup photographiés, ce qui rend ma tâche bien plus difficile. Alors que je me promène dans les rues de Gaza, capturer les gens en dehors des images de douleur et de misère est presque un devoir ; les humaniser en tant que gens dans les rues, et non comme des personnes dans ce que Gaza est devenue ces vingt dernières années – une nation assiégée qui lutte pour faire face à une confusion politique interne tout en essayant de combattre une puissance nucléaire mondiale qui nous montre du doigt en prétendant que nous avons commencé par jeter une pierre.

Mettons de côté les guerres et les souffrances, et commençons pendant un bref instant par voir les gens de Gaza comme des personnes, simplement, des personnes qui jouissent des droits humains fondamentaux. Ces gens de Gaza, les voici.

Dans l’usine de poterie la plus célèbre et la plus ancienne de Gaza, on voit un homme sculpter de la poterie avec une affiche d’un être cher, un martyr, qui veille sur lui. Gaza, le 29 septembre 2021 (Photo: Mahmoud Nasser)
Un enfant étudie dans un espace de travail stérile, dans une petite ferme à Beit Hanoun, Gaza, le 22 septembre 2021. (Photo: Mahmoud Nasser)
En raison des restrictions imposées par le gouvernement concernant le coronavirus, on voit ici un fan, tout seul, en train de regarder un match de football de la Première division de Gaza, au stade Al-Yarmouk. 09 août 2021. (Photo: Mahmoud Nasser)
Des écoliers vus pendant qu’ils prennent un raccourci sur le chemin de leur école, tôt le matin, à Beit Hanoun, Gaza, le 4 décembre 2021. (Photo: Mahmoud Nasser)
Un enfant en vélo s’arrête et se penche pour observer une cérémonie de remise des diplômes, dans la ville de Gaza, Gaza, le 2 août 2021. (Photo: Mahmoud Nasser)
Un enfant regarde avec jubilation le coucher de soleil sur une plage, une journée d’été, dans la ville de Gaza, Gaza, le 30 septembre 2021. (Photo : Mahmoud Nasser)
Des familles se réunissent chaque lundi au siège de la Croix-Rouge dans la ville de Gaza, pour protester contre l’incarcération de leurs fils, filles et parents, détenus dans les prisons israéliennes. Ville de Gaza, 20 septembre 2020.  (Photo: Mahmoud Nasser)
Un tailleur prend les mesures d’un client pour une retouche. Beit Hanoun, Gaza, 17 septembre 2021. (Photo: Mahmoud Nasser)
Lors d’un mariage bédouin traditionnel à Gaza, on voit des proches du jeune marié à dos de chameaux lors de la cérémonie d’ouverture du mariage, à Nuseirat, Gaza, le 29 octobre 2021. (Photo: Mahmoud Nasser)
Un enfant s’est assis sur le trottoir de la route la plus longue et la plus rapide de Gaza, la rue Salah El-Deen, près de Jabalia. Gaza, le 2 août 2021. (Photo: Mahmoud Nasser)
Un mécanicien à Beit Hanoun examine une moto avant d’en faire l’entretien. Gaza, 16 septembre 2021. (Photo: Mahmoud Nasser)
Des enfants se sont rassemblés pour assister à un abattage d’animaux dans une maison à Beit Hanoun, Gaza, le 7 juin 2021. (Photo: Mahmoud Nasser)
Un homme s’en va par un couloir après avoir signé un contrat de travail de six mois à Khan Younis, Gaza, le 2 septembre 2021. (Photo: Mahmoud Nasser)
Un skateur, du surnom de « Kaka », se rend à la patinoire pour montrer l’éventail de ses compétences dans le seul skatepark de Gaza le 21 septembre 2021. (Photo: Mahmoud Nasser)
Les gens sur une plage de Gaza près d’Al-Mina pendant un coucher de soleil, dans la ville de Gaza. Le 20 septembre 2021. (Photo: Mahmoud Nasser)
Un homme proposant des promenades à dos de chameau et un autre avec son cheval sont aperçus sur une plage de Gaza, ils attendent leur prochain client. Ville de Gaza, le 30 septembre 2021. (Photo: Mahmoud Nasser)
Deux mécaniciens pendant leurs heures de travail dans un atelier de mécanique du plus vieux marché de Beit Hanoun. 17 septembre 2021. (Photo: Mahmoud Nasser)
Des familles se réunissent chaque lundi au siège de la Croix-Rouge dans la ville de Gaza, pour protester contre l’incarcération de leurs fils, filles et parents, détenus dans les prisons israéliennes. Ville de Gaza, le 20 septembre 2020. (Photo: Mahmoud Nasser)
Deux hommes, dont l’un est assis, pendant la soirée devant un complexe d’appartements à la périphérie de Beit Hanoun, Gaza, le 21 septembre 20. (Photo: Mahmoud Nasser)
Des enfants à vélo, dans un marché de Beit Hanoun, le 17 septembre 2021. (Photo: Mahmoud Nasser)
Un enfant jouant dans les rues de Beit Lahiya, Gaza, le 04 décembre 2021. (Photo: Mahmoud Nasser)
Des bateaux de pêche au coucher du soleil, amarrés dans le seul port de Gaza, Al-Mina. 11 novembre 2021. (Photo: Mahmoud Nasser)

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Mahmoud Nasser est un photographe documentaire et de rue, né et élevé dans la ville de Gaza. Il a eu la chance de quitter Gaza pour le Canada avec sa famille pendant les périodes de troubles en 2008, mais il a encore plus de chance de se revoir dans des moments encore pires en 2021 après près de 13 ans passés à l’étranger. Son amour pour la photographie l’a fait revenir dans un endroit où beaucoup meurent littéralement d’envie de partir très vite et sans hésitation. 

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Source : Mondoweiss

Traduction : BP pour l’Agence Média Palestine

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