« Il n’y a plus d’université à Gaza » : de Paris à New York, les étudiants se mobilisent pour la Palestine

Sur les campus, les étudiants de prestigieuses écoles se mobilisent pour exprimer leur soutien à la Palestine.

Par l’Agence Média Palestine, le 25 avril 2024, mis à jour le 26 avril

Sciences Po Paris occupée, le 23 avril 2024. (Photo : Instagram du Comité Palestine ScPo)

Mercredi 24 avril, le campus St Thomas de l’école française Sciences Po a été occupé par ses étudiants.

À l’initiative du Comité Palestine Sciences Po (CPSP), les étudiants ont installé un campement sur le parterre de la cour intérieure de l’école, afin de faire entendre leurs revendications à la direction : la cessation des liens entre Sciences Po Paris et les universités israéliennes, et l’arrêt de la persécution des voix pro-palestiniennes au sein de l’école. Sur une banderole, on peut y voir la même affirmation qu’on a pu retrouver sur les banderoles déployées dans les universités américaines (Columbia, Harvard) ces derniers jours : « Il n’y a plus d’université à Gaza ».

https://twitter.com/maryamalwan/status/1783202588235817024

Sciences Po Paris, 2ème école au rang mondial en science politique et en relations internationales en 2024, derrière Harvard et devant Oxford, est ainsi la première université européenne. Parmi les revendications des étudiants membres du CPSP, figure la demande d’une prise de position de la part de l’école quant au scolasticide en cours à Gaza, c’est-a-dire : la destruction systématisée du savoir palestinien dans le contexte de la colonisation et de l’occupation de la Palestine par Israël depuis des décennies, selon la Professeure Karma Nabulsi. L’annihilation totale d’un système éducatif dans son ensemble (éducateurs, étudiants, professeurs, bâtiments, ressources universitaires, bâtiments…) relève selon Mme Nabulsi d’une intention génocidaire : “La politique coloniale israélienne à Gaza est passée de la destruction systématique à l’anéantissement total de l’éducation. Il existe en effet une relation intime entre génocide et scolasticide.”

La direction de l’école n’a pas entendu les étudiants qui ont manifesté pacifiquement dans la cour de l’école ce mercredi 24 avril. Dans la nuit, la police est intervenue, expulsant les étudiants assis dans l’enceinte de l’école et délogeant « l’encampement » en soutien à la Palestine, pour reprendre le terme universitaire états-unien.

Occupation de Sciences Po Paris mercredi 24 avril, intervention des forces de police.

Dans un communiqué publié le jeudi 25 avril 2024, le CPSP affirme poursuivre l’occupation du campus jusqu’à l’acceptation de leurs revendications par l’administration de Sciences Po. Voici les revendications édictées par le Comité étudiant :

  • la condamnation claire des agissements d’Israël par Sciences Po, qui jusqu’ici persiste dans un deux poids deux mesures déshonorant alors qu’un génocide se poursuit à Gaza ;
  • la tenue d’une veillée/minute de silence en mémoire aux innocent-e-s tué-e-s par Israël depuis le 8 octobre, car la justice, la dignité et les droits humains valent aussi pour les Palestinien-ne-s ;
  • l’investigation de toutes les institutions ou entités suspectées de participer à la perpétration de l’oppression systémique du peuple palestinien, menant à la fin des collaborations cas de complicité avérée ;
  • la mise en place de mesures visant à protéger les étudiant-e-s défendant les droits des Palestinien-ne-s d toute forme de harcèlement sur le campus, ainsi que l’arrêt des poursuites disciplinaires de la part de l’administration qui visent à intimider les étudiant-e-s engagé-e-s pour la justice.

La réponse de l’école parisienne par la force s’inscrit dans un contexte plus global en France de criminalisation systématique du soutien à la Palestine. En effet ces dernières semaines, les convocations par la police pour « apologie du terrorisme » pleuvent sur les personnalités françaises exprimant leur solidarité avec la Palestine : notons récemment Mathilde Panot, cheffe des Insoumis, ou encore la juriste franco-palestinienne Rima Hassan.

À l’international, les mouvements étudiants de soutien à la Palestine prennent de l’ampleur, de la force et résonnent plus largement. Ils sont aussi violemment réprimés. Columbia University, Melbourne, Austin, Harvard, Sydney…les universités les plus prestigieuses adoptent une technique fédératrice dans le milieu étudiant, et ayant fait ses preuves par le passé : l’occupation pacifique des lieux afin d’être entendus.

Au 26 avril, l’occupation des lieux et la lutte étudiante se poursuivent sur les campus ; à Paris, comme aux États-Unis, où la répression policière s’intensifie. Sans prise en compte de leurs demandes et revendications, les mobilisations étudiantes ne prévoient pas de s’essouffler.

Les mouvements étudiants en soutien à la Palestine, répertoriés ici à travers le monde, s’élèvent à plus de 300 depuis le début de l’assaut génocidaire israélien sur Gaza ayant tué plus de 34 262 Palestiniens depuis octobre.

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