La Knesset approuve par un vote préliminaire la criminalisation du déploiement du drapeau palestinien

Par l’Agence média Palestine, le 19 mai 2023

Le 18 mai 2023, la Knesset (Parlement israélien) a adopté par un vote préliminaire un projet de loi visant à criminaliser le fait de brandir ou d’arborer un drapeau palestinien.

Proposée par le parti d’extrême-droite Otzma Yehudit (Force juive), l’interdiction aurait notamment vocation à s’appliquer dans les manifestations, et permettrait aux autorités israéliennes d’interdire ces dernières.

Le fait de déployer un drapeau palestinien serait, si le texte était définitivement adopté, puni d’un an de prison. Pour l’heure, le projet a recueilli les suffrages de 54 députés et l’opposition de 16 députés lors de la première session du Parlement, s’il était soutenu pendant trois sessions supplémentaires, il serait considéré comme adopté.

La description du projet de loi précise que  » la proposition trace une ligne rouge entre une protestation légitime et une protestation où l’on voit des drapeaux de ceux qui ne reconnaissent pas l’État d’Israël, de ceux qui ne sont pas amicaux à l’égard de l’État d’Israël ». Il apparaît dès lors clairement que le régime israélien s’appuie sur une législation de plus en plus hostile à l’existence-même des Palestiniens afin de dissoudre et d’effacer leur identité et les conditions-mêmes de possibilité de leur résistance. Cette nouvelle interdiction, si elle était promulguée, se ferait l’écho des propos de Bezalel Smotricht, ministre des finances israélien, qui avait déclaré, de passage à Paris le 19 mars 2023, « il n’y a pas de peuple palestinien ».

Image : Reuters

Ce projet de loi s’inscrit en outre dans le sillage d’un premier projet controversé présenté en janvier dernier à la Knesset et visant à interdire le déploiement du drapeau palestinien dans les institutions financées par l’Etat. C’est également en janvier 2023 qu’Itamar Ben-Gvir, ministre de la sécurité israélien et chef du parti Otzma Yehudit, avait donné l’ordre à la police de retirer tous les drapeaux palestiniens des espaces publics. Les forces d’occupation et l’armée israéliennes étaient également déjà en mesure de retirer tout drapeau palestinien dès lors qu’elles considéraient qu’il représentait une menace pour l’ordre public.

Ce nouveau projet de loi a été fermement critiqué par l’organisation de défense des droits humains Adalah, qui a qualifié le fait d’empêcher le déploiement de drapeaux palestiniens de « violation extrême des droits et de la loi ». Le ministère palestinien des affaires étrangères a, quant à lui, considéré que ce projet constituait une nouvelle preuve de la fascisation du régime israélien, et a interpelé la communauté internationale, à ce jour silencieuse, à ce sujet.

Cette énième tentative d’étouffer toute résistance palestinienne, toute identification et symbole d’unité palestinienne face au régime israélien a cyniquement eu lieu le 18 mai alors que la vieille ville de Jérusalem était le théâtre de manifestations violentes de l’extrême-droite israélienne à l’occasion de la « Marche des drapeaux » – marche pendant laquelle les drapeaux israéliens fleurissaient alors que les manifestants criaient « mort aux arabes ».

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