Court-métrage documentaire « Gaza, un ballon, une jambe » de Patrice Forget

Court-métrage documentaire de 30 minutes « Gaza, un ballon, une jambe« , produit par ARTIS.

Bande d’annonce du court-métrage documentaire « Gaza un ballon une jambe »
par Patrice Forget.

Le liens et mot de passe pour voir le documentaire sont disponibles sur demande (contact sur le site du film), pour toute personne souhaitant organiser des projections avec débat.

Synopsis

C’est à l’occasion d’un match de foot organisé à Martigues en juillet 2019 entre l’équipe des amputés palestiniens de Gaza et l’équipe de France des amputés, que Patrice Forget réalise un documentaire original. Il partage la vie des jeunes Gazaouis et les filme pendant 4 jours durant les entraînements, les repos, les pique-nique à la plage, les soirées en chansons…

On apprend que l’amputation de ces jeunes hommes fait suite principalement à la répression des manifestations pour « la Marche du Retour » qui se tient tous les vendredis à la frontière de la bande de Gaza, pour exiger le restitution des terres dont les gazaouis ont été chassés.Les balles explosives que l’armée israélienne utilise rendent l’amputation des blessés inévitable.

Dès le début du film, avec l’association d’images fortes tournées à Gaza et à Martigues, Patrice Forget nous offre un documentaire sans concession sur la brutalité dont les Gazaouis sont victimes, et sur l’état critique de la bande de Gaza aujourd’hui. Et c’est avec empathie et respect que le film met en avant le courage et l’énergie de ces jeunes hommes malgré leur handicap, la guerre et les conditions de vie désastreuses.

La musique du groupe palestinien Le Trio Joubran et celle de Beethoven, sonate n°3, accompagnent opportunément les images, tantôt graves, tantôt joyeuses et festives.On garde en mémoire la joie de ces jeunes gazaouis qui partagent leur passion au-delà des frontières très fermées de la bande de Gaza et leur bonheur de vivre en portant haut les couleurs de la Palestine.

Pourquoi ce film ?

« Tout a commencé en 1992. Je travaillais alors au GRETA Sud-Ardèche, à Aubenas, en tant que formateur sur un stage intitulé « Techniques de réalisation audiovisuelle ». Avec une dizaine de personnes passionnées d’audiovisuel, nous avons créé un Collectif de production et de création de films documentaires : ARTIS.C’est ainsi que j’ai été amené à travailler  à l’écriture de scénaris de films tels que « sous les Gallé, la fièvre », documentaire-fiction sur l’engagement politique d’Emile Gallé, chef de file du mouvement artistique « L’Ecole de Nancy », à travers ses œuvres de verre et de bois.

Et aussi l’écriture du scénario du documentaire-fiction « Citoyen Grégoire », portrait politique de l’Abbé Grégoire, très actif à la Révolution française.Au cours de ce travail collectif, j’étais très intrigué de voir que des collègues passaient beaucoup de temps à défendre la cause palestinienne. De plus, je connaissais très peu la situation au Moyen-Orient, la situation des palestiniens, la création de l’Etat d’Israël…

Aussi, lorsque j’ai appris qu’au mois de mars 2008, avait lieu en Cisjordanie et en Israël, une 136ème Mission Civile Internationale pour la Protection du Peuple Palestinien, je m’y suis inscrit aussitôt, avec une dizaine de personnes. Grâce à nos hôtes palestiniens en Cisjordanie, nous avons découvert de très près la réalité de la colonisation et de l’occupation de la Palestine par Israël.

J’en suis revenu ému, choqué, bouleversé, révolté : je découvrais une injustice abyssale, à 4 heures d’avion de la France. Je me promets alors que je mettrai mes compétences en audiovisuel au service de cette cause palestinienne à un moment opportun.Dès mon retour de Palestine, je montais un diaporama que je présentais dans mon village et autres communes d’Ardèche. »

La Palestine en dates

« En décembre 2009, après la guerre menée par Israël contre Gaza et faisant de très nombreux morts palestiniens, je participais à la Marche Internationale pour Gaza, avec un millier de personnes provenant essentiellement des Etats Unis et avec l’espoir d’entrer à Gaza : malheureusement, nous avons été bloqués au Caire par l’armée égyptienne…

Depuis 2008, je n’ai eu alors de cesse de m’informer quasi quotidiennement sur l’actualité du conflit entre Israël et la Palestine, et je suis toujours autant révolté qu’à mon retour de cette Mission civile.

En mars 2019, tardivement, j’apprends par les réseaux pro palestiniens que le Collectif de Solidarité Palestine de Martigues organisait en juillet 2019 un match de football pour amputés entre l’équipe nationale Française et la toute jeune équipe de Gaza.

Celle-ci, invitée par le Collectif, était constituée pour la plupart de jeunes hommes blessés récemment par des snipers Israéliens lors des Marches du Retour, manifestations organisées à la Frontière entre la Bande de Gaza et Israël, et ayant pour objet la restitution par Israël des terres dont les Palestiniens ont été chassé ou qu’ils ont fuies en 1948, et la levée du blocus de Gaza.

Handicap, Palestine, audiovisuel : voilà trois bonnes raisons d’aller à Martigues filmer les footballeurs gazaouis. Cette rencontre sportive se déroulant dans 2 mois, je n’ai pas eu le temps de monter une production avec télévision, coproducteurs, etc…Avec l’accord du Collectif de Solidarité pour la Palestine de Martigues, je décidais alors de passer quelques jours à Martigues entre le 3 et le 6 juillet 2019 (à 45 degrés à l’ombre !), sans équipe de tournage, et sans moyens techniques, avec juste un simple appareil photo ! Et j’ai ainsi filmé les footballeurs gazaouis à Martigues, à l’entraînement, aux repos, à la plage, aux rencontres diverses, aux soirées chantées, etc…jusqu’au match final du 6 juillet 2019 au stade Turcan de Martigues.

Témoignages de soldats israéliens

« J’aurais pu ici consacrer une page à l’histoire de la Bande de Gaza, à l’enfermement d’une population de près de 2 millions d’habitants et à ses conséquences désastreuses. J’aurais pu parler des guerres menées par Israël, des roquettes et des ballons incendiaires envoyés par les Palestiniens, des Israéliens vivant en bordure de la Bande De Gaza,… J’ai préféré donner la parole aux soldats israéliens qui depuis le début de la Marche du Retour en mars 2018 sont en première ligne face aux manifestants Gazaouis du vendredi. Il s’agit ci-dessous d’un article de presse du journaliste israélien Gideon Levy publié le 11 mars 2020 dans le quotidien Haaretz. » Le réalisateur

Les soldats israéliens : « ils sont notre honte à tous« .

Dans un article intitulé « Ce ne sont pas des snipers que l’armée israélienne place face à la bande de Gaza, ce sont des chasseurs« , Gideon Levy publie dans Haaretz le dégoût que lui inspire le comportement des soldats israéliens.

« À Gaza, huit mille jeunes hommes ont été rendus handicapés à vie par les tirs des snipers israéliens. Certains ont dû être amputés et les tireurs y trouvent de la fierté.

L’un est musicien, venant d’un bon lycée, l’autre est scout, diplômé en théâtre. Ils font partie des snipers qui ont tiré sur des centaines de manifestants non-armés. Dans l’interview accordée à Hilo Glazer pour Haaretz, aucun ne montre de remords. Quand ils s’excusent, c’est de ne pas avoir fait couler plus de sang.

Ils se conduisent tous comme des assassins. Si les deux cent morts qui leur sont dues ne suffisent pas à le montrer, voyez leurs déclarations. Ils ont perdu leur boussole morale et poursuivront ainsi leur vie. Ils ont handicapé leurs victimes mais leur propre handicap est bien plus grave. Leurs âmes sont tordues, atrophiées. Leur morale perdue à tout jamais sur le champ de tir qui fait face à la bande de Gaza, ils sont devenus des dangers pour la société.

Ils sont les fils de vos amis et les amis de vos fils mais écoutez un peu ce qu’ils disent. « J’ai ramené sept ou huit genoux aujourd’hui, j’ai failli battre le record ! », « j’ai fait 28 genoux aujourd’hui ! ». C’est pourtant de jeunes femmes et hommes se battant pour leur liberté, un combat des plus justes, dont ils parlent ainsi.

Le discours habituel des soldats est devenu celui de bouchers. « le scénario classique, c’est de tirer pour briser un os. L’ambulance arrive puis ils touchent une pension », « le but c’est qu’ils ne recommencent pas leurs manifs, alors j’essaie de viser le gras, les muscles pour faire moins de dommages », « si vous touchez une artère principale, c’est que vous avez fait une erreur. Après y a des snipers qui choisissent de faire des erreurs », « même si on connaît pas leur grade, on voit bien au charisme qui est le meneur, c’est lui qu’il faut viser ». Ainsi le charisme aura valu à de nombreux jeunes de Gaza une vie entière de handicap.

Mais ça ne suffisait pas aux chasseurs. Ils sont devenus assoiffés de sang comme seuls des jeunes endoctrinés peuvent l’être. Il leur fallait le sang d’un enfant, et devant sa famille qui plus est. « Laissez moi me faire un gosse de 14 ou seize ans. Laissez moi lui exploser le crâne devant toute sa famille, tout son village. Laissez couler son sang. Et alors je n’aurais peut-être plus besoin de prendre encore vingt genoux ».

Aucun d’eux n’a été sanctionné. Ah si ! L’un a passé sept jours en prison militaire pour avoir tiré sur un mouton. Dans l’armée la plus morale du monde, on ne tire pas sur les moutons voyons ! Seulement sur les Palestiniens.

Malgré les deux cent morts et les huit mille blessés, ils se plaignent de trop de contraintes et limites. Eux et leurs commandants, eux et l’armée qui leur ordonne de tirer « comme sur des canards qui choisissent de franchir la ligne », ils sont notre honte à tous, nous israéliens. »

Film réalisé avec la participation de l’Association France Palestine Solidarité Ardèche Drôme, l’ Association MontMiandon Films d’Annonay (Ardèche) avec l’aide de Collectif Solidarité Palestine de Martigues.

Source : Gaza, un ballon, une jambe

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