Par Oliver Holmes, le 5 Novembre 2020
Les démolitions sont utilisées comme un « moyen clé » pour « contraindre les Palestiniens à quitter leurs maisons ».
Les forces israéliennes en Cisjordanie occupée ont rasé un village palestinien, laissant 73 personnes – dont 41 enfants – sans abri, c’est l’incident de déplacement forcé le plus important depuis des années, selon les Nations Unies.
Des excavateurs escortés par des véhicules militaires ont été filmés alors qu’ils s’approchaient de Khirbet Humsa et quand ils se sont mis à raser ou démolir les tentes, les cabanes, les abris des animaux, les toilettes et les panneaux solaires.
« Ce sont quelques-unes des communautés les plus vulnérables de Cisjordanie » a déclaré Yvonne Helle, coordinatrice humanitaires des Nations Unies pour le Territoire palestinien occupé.
Les trois quarts de la communauté ont perdu leurs abris lors de l’opération de mardi, dit-elle, ce qui en fait l’incident de déplacement forcé le plus important en plus de quatre ans. Cependant, par le nombre des structures détruites, 76, le raid est aussi la plus grande démolition de la dernière décennie, ajoute-t-elle.
Mercredi, des familles du village ont été vues en train de chercher dans leurs biens détruits, sous le vent, et sous les premières pluies de l’année qui arrivaient ce même jour. L’ONU a publié une photo, d’un lit et d’un berceau en plein désert.
Le village est l’une des nombreuses communautés de Bédouins et éleveurs de moutons dans cette région de la vallée du Jourdain qui se trouve en pleines « zones de tirs », là où s’entraîne l’armée israélienne, et bien qu’il soit situé à l’intérieur des territoires palestiniens, ses habitants doivent souvent subir des démolitions pour un bâtiment qui a été construit sans l’autorisation des Israéliens.
« Mais les Palestiniens ne peuvent presque jamais obtenir une telle autorisation » dit-elle. « Les démolitions sont un moyen clé pour créer un environnement destiné à contraindre les Palestiniens à partir de leur maison » dit-elle, accusant Israël de « violations graves » du droit international.
Jusqu’à présent, près de 700 structures ont été démolies en Cisjordanie et à Jérusalem-Est en 2020, dit-elle, la pire année depuis 2016, faisant de 869 Palestiniens des sans-abri.
L’Administration civile d’Israël, l’organisme chargé de gérer l’occupation, affirme avoir conduit une « activité d’exécution… contre sept tentes et huit enclos qui avaient été construits illégalement, dans un champ de tir situé dans la vallée du Jourdain ».
Ces chiffres viennent en contradiction de la déclaration des Nations Unies et d’un rapport établi sur place par B’Tselem, groupe israélien de défense des droits de l’homme, qui affirme que l’armée a détruit 18 tentes et remises abritant 11 familles, 29 tentes et remises utilisées comme enceintes pour le bétail, trois hangars de stockage, neuf tentes qui servaient de cuisines, 10 toilettes portables, 10 enclos pour le bétail, 23 conteneurs d’eau, deux panneaux solaires et des abreuvoirs pour le bétail.
Les forces israéliennes ont également détruit plus de 30 tonnes de nourriture pour le bétail, et confisqué un véhicule et deux tracteurs appartenant à trois habitants, ajoute B’Tselem.
« Dans ses efforts pour s’emparer de plus en plus de la terre palestinienne, Israël démolit méthodiquement les maisons et les biens des Palestiniens » affirme Amit Gilutz, porte-parole de B’Tselem.
« Mais, faire disparaître toute une communauté d’un seul coup est extrêmement rare, et il semble qu’Israël se sert du fait que l’attention de tous est actuellement fixée ailleurs pour aller de l’avant dans cet acte inhumain » dit-il, en référence aux élections états-uniennes.
Israël a pris la Cisjordanie aux forces jordaniennes en 1967, et il continue de contrôler et d’occuper la région, alors que les Palestiniens détiennent une autonomie, limitée, sur de petites enclaves.
Le Premier ministre du pays, Benjamin Netanyahu, un pur et dur, a déclaré qu’il envisageait d’annexer de vastes portions des territoires palestiniens occupés, notamment la vallée du Jourdain, bien que le projet ait été temporairement « suspendu » dans le cadre d’un accord avec les Émirats arabes unis.
Source: The Guardian
Traduction : BP pour l’Agence Média Palestine
