Israël détruit un village palestinien pour la deuxième fois en trois mois

Par Yumna Patel, le 3 février 2021

Avec la campagne de démolition de cette semaine, ce n’est pas la première fois que les résidents de Khirbet Humsah se retrouvent sans abri et déplacés. Le 3 novembre 2020, quelques heures seulement avant les élections américaines, les forces israéliennes avaient déjà complètement rasé le village, laissant ses habitants passer une nuit d’hiver froide et pluvieuse sans abri.

Un Palestinien marche près des biens de sa famille à côté du site où se trouvait leur logement qui a été démonté par les forces israéliennes le 2 février 2021 à Khirbet Humsah. (Photo : Shadi Jarar’ah/APA images)

Israël a entièrement rasé lundi un village palestinien de Cisjordanie – trois mois exactement après avoir détruit ce même village.

Khirbet Humsah, ou Humsah al-Foqa, est une enclave bédouine au nord de la Vallée du Jourdain composée de plusieurs regroupements de communautés d’éleveurs. Des rapports ont révélé qu’environ 74 à 85 Palestiniens vivent dans ce village, la majorité étant des enfants.

Les 11 familles de Khirbet Humsah conservent un mode de vie semi-nomade, comptant sur le bétail et l’agriculture pour subvenir à leurs besoins et ceux de leurs familles. Les résidents du village vivent principalement dans des tentes et abritent leur bétail dans des structures faites d’aluminium et de boîtes de conserve.

Lundi, vers 9 heures du matin, les forces armées israéliennes et les autorités de l’Administration Civile sont arrivées dans le village avec des bulldozers et ont procédé au démantèlement d’au moins 28 structures, dont des logements et des enclos agricoles.

D’après le Bureau de l’ONU pour la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA), environ 25 structures (habitations et abris pour les animaux) ont été confisquées, dont 17 avaient été financées par l’aide humanitaire.

OCHA a également rapporté que 55 personnes, dont 32 enfants, ont été déplacées, et que 18 personnes « ont été autrement touchées ».

Le Centre Palestinien pour les Droits de l’Homme (PCHR) a rapporté qu’après avoir détruit et démantelé les tentes et les structures, les forces israéliennes ont confisqué ce qui restait, chargé les débris sur leurs camions et confisqué le contenu.

D’après l’association israélienne des droits de l’homme B’Tselem, avant de commencer la démolition, les forces israéliennes ont ordonné aux villageois de se délocaliser dans la zone de la Vallée du Jourdain d’Ein Shibli.

B’Tselem a déclaré qu’après avoir démoli et confisqué les logements des habitants, les forces israéliennes leur ont dit qu’ils pourraient récupérer leurs biens s’ils « entreprenaient de se délocaliser jusqu’au site désigné ».

Un petit Palestinien se tient à côté des biens de sa famille près du site de leur logement qui a été détruit par les forces israéliennes à Khirbet Humsah le 2 février 2021. (Photo : Shadi Jarar’ah/APA Images)

« Après que les résidents aient refusé de s’exécuter, leur équipement a été confisqué et placé dans les entrepôts de l’Administration Civile », a affirmé B’Tselem. L’association a ajouté qu’afin de « dissimuler le transfert forcé », le porte-parole de l’armée israélienne « a essayé de donner l’impression que les résidents avaient ‘volontairement accepté’ de quitter la zone après « un dialogue ».

« Pourtant, quand un côté – Israël – a tout pouvoir et peut menacer des Palestiniens sans défense avec des ordres de démolition, des bulldozers et des armes, le consentement ne fait pas partie du jeu. Il s’agit plutôt d’un acte de coercition et de violence de la part du régime d’apartheid israélien, qui met en avant le principe de la suprématie juive en planifiant géographiquement et démographiquement l’espace », a dit B’Tselem.

D’après le PCHR, après avoir démoli le village, les autorités israéliennes ont alors menacé les résidents, disant qu’elles reviendraient le lendemain et les expulseraient.

Une Palestinienne range ses affaires après que son logement ait été démoli par les forces israéliennes, le 2 février 2021. (Photo : Shadi Jarar’ah/APA Images)

Wafa, l’agence de presse officielle de l’Autorité Palestinienne (AP), a rapporté que des militants palestiniens locaux ont essayé de reconstruire le village, mardi 2 février au soir, mais ont été empêchés de le faire par les forces israéliennes qui ont « livré l’assaut sur la communauté ».

Mercredi 3 février, les forces israéliennes sont, paraît-il, revenues au village et ont démantelé et détruit ce qui restait des structures que les militants avaient réussi à redresser la veille au soir.

La démolition du village l’année dernière – l’une des plus importante de ces dernières années – avait suscité une très large condamnation de la part de la communauté internationale, et des militants palestiniens qui avaient estimé que cela faisait partie du « but évident » d’Israël d’ « expulser les Palestiniens de cette terre, de les remplacer par des colons et d’annexer la terre à Israël ».

En réaction à la démolition de cette semaine, le Premier ministre palestinien Mohammed Shtayyeh a décrit la destruction de Khirbet Humsah comme du « terrorisme d’État organisé », qui « implique le nettoyage ethnique de la population autochtone en favorisant les colons dans les campagnes électorales israéliennes que notre peuple paie avec sa terre, ses biens et ses souffrances ».

Le PCHR a condamné la démolition, estimant que « c’est une politique israélienne systématique pour imposer un fait accompli, pour renforcer son contrôle et sa souveraineté sur des parties de la Cisjordanie ».

« Le PCHR appelle les organismes de la communauté internationale et des Nations Unies à maintenir leurs obligations juridiques et morales, et à intervenir en urgence pour faire cesser le crime de l’occupation israélienne contre les Palestiniens, et pour garantir leur protection », a déclaré l’association dans un communiqué.

Des Palestiniens sont assis à côté des biens de leurs familles près du site où se trouvait leur logement avant qu’il soit détruit par les forces israéliennes dans l’enclave de Khirbet Humsah en Cisjordanie. (Photo : Shadi Jarar’ah/APA Images)

D’après les derniers chiffres de l’OCHA, à ce jour, Israël a démoli, 105 structures palestiniennes en 2021 en Cisjordanie occupée, déplaçant 124 personnes.

En 2020, Israël a démoli au moins 847 habitations et structures, et déplacé plus de 1000 Palestiniens au cours des pires mois de la pandémie.

La période de mars 2020 à août 2020 a vu quelques uns des plus hauts taux de démolition des quatre années précédentes, avec un taux mensuel de quelque 65 démolitions. Parmi les structures démolies, il y avait des installations d’hygiène ou d’assainissement et des structures servant à l’agriculture. Beaucoup de ces structures, a fait remarqué OCHA, ont été données dans le cadre de l’aide humanitaire à ces communautés.

Pendant ce temps, Israël a continué à promouvoir l’expansion coloniale à travers la Cisjordanie, au mépris du droit international, promouvant la progression de milliers de nouvelles colonies rien que dans le premier mois de 2021.

Les restes de Khirbet humsah après une campagne de démolition menée par les forces israéliennes le 2 février 2021. (Photo Shadi Jarar’ah/AMA Images)

aSource : Mondoweiss

Traduction : J. Ch. pour l’Agence média Palestine

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