Par Yumna Patel, le 7 septembre 2021
Les médias sociaux palestiniens ont été inondés de photos des prisonniers, les gens les qualifiant de « héros » palestiniens. Pour beaucoup, l’évasion de la prison a symbolisé une échappée des « chaînes » de l’occupation, et une « lumière au bout du tunnel », littéralement.
Six prisonniers palestiniens ont choqué le monde entier lundi en s’échappant d’une prison israélienne de haute sécurité par un tunnel qu’ils auraient creusé, sans être repérés, pendant des mois.
Les prisonniers politiques, dont quatre purgeaient des peines de prison à vie, se sont échappés de la prison de Gilboa, dans le nord d’Israël, connue pour être l’une des prisons les plus militarisées et les plus surveillées du pays.
Les six prisonniers, tous originaires de la région de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie occupée, ont été identifiés comme étant Mahmoud Abdullah Ardah, Muhammad Qassem Ardah, Yacoub Mahmoud Qadri, Ayham Nayef Kammaji, Zakaria Zubeidi et Munadil Yaqoub Infaat.
Selon les rapports israéliens, les prisonniers ont creusé l’entrée du tunnel à partir du sol en béton sous l’évier de leur cellule, à l’aide d’une « cuillère rouillée » qu’ils auraient cachée derrière un poster.
Ils auraient ensuite découvert un tunnel vide qui passait sous la prison, puis auraient creusé une sortie du tunnel vers le haut à travers le sol à un endroit situé à quelques dizaines de mètres des murs de la prison.
Haaretz rapporte que le tunnel vide trouvé sous la cellule était un « défaut structurel que les détenus ont découvert. »
Un échec majeur
Après l’évasion, un responsable de l’administration pénitentiaire israélienne a décrit la brèche comme « un échec majeur en matière de sécurité et de renseignement », selon Haaretz.
Le Premier ministre israélien Naftali Bennet a décrit l’évasion comme un « incident grave qui nécessitera les efforts de tous les services de sécurité. »
Les évasions de prisonniers des prisons israéliennes comme celle de lundi sont extrêmement rares ; elles ne se sont produites qu’une poignée de fois.
La plus célèbre évasion de prisonniers, avant celle de lundi, dans l’histoire de la Palestine a eu lieu en 1987, lorsque six prisonniers de Gaza ont scié les barreaux d’une salle de bains dans une prison israélienne à Gaza.
Les responsables israéliens considèrent cette évasion comme un embarras majeur pour l’appareil de sécurité israélien, car elle s’est produite sous le nez des gardes israéliens dans l’une des prisons les plus impénétrables d’Israël.
Trois des prisonniers avaient déjà été classés par les autorités israéliennes comme présentant un risque d’évasion, ce qui soulève encore plus de questions au sein de l’appareil de sécurité israélien quant à la manière dont ils ont pu creuser le tunnel pendant si longtemps, sans être détectés.
Après l’évasion, les autorités israéliennes ont lancé une vaste chasse à l’homme en Israël et en Cisjordanie, déployant des forces aux principaux points de contrôle et dans les zones où les prisonniers auraient été aperçus.
Haaretz a rapporté mardi que trois personnes ont été arrêtées dans le village palestinien de Na’ura, situé dans le nord d’Israël, « soupçonnées d’avoir aidé » les prisonniers.
Il n’était pas clair si les prisonniers avaient pu retourner à Jénine, mais mardi après-midi, les prisonniers n’avaient toujours pas été retrouvés.
Pendant que le gouvernement israélien s’occupait des retombées de l’évasion, l’humeur en Palestine était à la liesse lundi.
Pour les Palestiniens, l’évasion a symbolisé l’une de leurs plus grandes « victoires » collectives depuis longtemps, car on estime que 20 % de la population palestinienne, et 40 % de la population masculine palestinienne, a été emprisonnée par Israël à un moment donné de sa vie.
Les Palestiniens de Cisjordanie, de Gaza, de Jérusalem et d’Israël sont descendus dans les rues pour fêter l’événement, distribuant des bonbons à des inconnus dans la rue en tenant des photos des prisonniers évadés.
À Jénine, d’où sont originaires les six prisonniers, d’énormes célébrations ont éclaté sur la place principale de la ville, avec des personnes de tous âges défilant dans les rues, chantant des chansons et scandant des slogans de liberté et de libération.
Les médias sociaux palestiniens ont été inondés de photos des prisonniers, les gens les qualifiant de « héros » palestiniens. Pour beaucoup, l’évasion de la prison a symbolisé une échappée des « chaînes » de l’occupation, et une « lumière au bout du tunnel », littéralement.
Certains ont fait remarquer que pour eux, les prisonniers n’étaient pas des « évadés », mais qu’ils étaient plutôt libérés, et libres. D’autres ont comparé l’évasion au célèbre film Shawshank Redemption, la qualifiant de « Shawshank 2.0 ».
Les Palestiniens ordinaires, ainsi que les dirigeants des mouvements politiques, ont exhorté leurs concitoyens à aider les prisonniers de toutes les manières possibles. Ils ont exprimé la crainte que la réponse israélienne à l’évasion soit sévère, avec des mesures de répression partout en Cisjordanie et dans les zones palestiniennes.
De nombreux Palestiniens ont exprimé leur inquiétude quant à la coopération de leur propre gouvernement avec Israël dans sa recherche des prisonniers évadés.
Les groupes de défense des droits des Palestiniens ont demandé instamment que les droits des prisonniers palestiniens soient « protégés » pendant cette période contre toute tentative de « punition collective et de mesures de rétorsion de la part des services pénitentiaires israéliens. »
Source : Mondoweiss
Traduction : AFPS
