1er février 2023
Plus de cinquante artistes, dont le poète et écrivain Benjamin Zephaniah, l’actrice Miriam Margolyes, la DJ The Blessed Madonna et l’artiste Tai Shani, co-lauréate du Turner Prize, ont demandé au Barbican Centre de Londres de mettre fin à son partenariat avec l’ambassade d’Israël.
Le Barbican doit accueillir l’Orchestre de Jérusalem Est et Ouest ce dimanche 5 février, lors d’un événement organisé « en collaboration avec l’ambassade d’Israël au Royaume-Uni ».
Les écrivains China Miéville, Rachel Holmes et Pauline Melville font partie de ceux qui disent « douter que le Barbican se serait associé à l’ambassade d’Afrique du Sud à l’époque de l’apartheid », citant des rapports d’organisations de défense des droits de l’homme de premier plan, dont Amnesty International et Human Rights Watch, qui qualifient Israël de régime israélien d’apartheid.
Les réalisateurs Peter Kosminksy (Wolf Hall, The Government Inspector) et Ken Loach (I, Daniel Blake), les acteurs Kika Markham et Stephen Rea, les artistes visuels Oreet Ashery et Adam Broomberg, les dramaturges Sabrina Mahfouz et Hannah Khalil, ainsi que les musiciens Mary Black, Dónal Lunny et Narcy ont également signé la lettre.
Décrivant le gouvernement israélien récemment inauguré comme « le plus raciste, le plus fondamentaliste et le plus homophobe de l’histoire d’Israël », les artistes qualifient l’Orchestre de Jérusalem Est et Ouest de « tentative cynique de faire passer l’apartheid pour de la diversité et l’occupation militaire pour de la tolérance ».
La semaine dernière, la conseillère municipale de la ville de Londres Frances Leach a déclaré qu’elle était « choquée et attristée » que le Barbican s’associe à l’ambassade d’Israël. Lors d’une réunion de la commission de la culture, du patrimoine et des bibliothèques, Mme Leach a expliqué qu’elle s’était rendue en Cisjordanie occupée et avait « vu de ses propres yeux la brutalité de l’occupation ». Elle a ajouté : « Je ne pense pas que quiconque dans la ville de Londres voudrait être associé aux choses que j’ai vues, je vous l’assure ».
Plus de 3000 sympathisants de la Campagne de solidarité avec la Palestine au Royaume-Uni ont écrit aux dirigeants du Barbican, les exhortant à annuler l’événement et à « s’engager à ne pas collaborer avec le régime israélien d’apartheid ». Les défenseurs des droits de l’homme marocains ont également critiqué la participation de quatre musiciens marocains à l’événement et les ont appelés à se retirer.
La Campagne palestinienne pour le boycott académique et culturel d’Israël (PACBI), membre fondateur du mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS), a salué ces déclarations. PACBI a ajouté que « l’ambassadrice d’extrême droite d’Israël au Royaume-Uni, Tzipi Hotovely, n’est pas une exception », car le gouvernement israélien « comprend de fiers fascistes qui appellent ouvertement à l’intensification des massacres et des crimes de guerre contre les Palestiniens ».
Lisez l’intégralité de la lettre des artistes :
Le Barbican est une institution admirée et appréciée à juste titre pour sa contribution à la vie culturelle de Londres et bien au-delà. Nous sommes donc profondément préoccupés par le fait qu’il s’associe à l’ambassade d’Israël pour accueillir l’Orchestre de Jérusalem Est et Ouest le dimanche 5 février, au moment même où la récente investiture de Benjamin Netanyahu a porté au gouvernement des suprémacistes sans complexe – les plus racistes, fondamentalistes et homophobes de l’histoire d’Israël.
Aujourd’hui, il est plus que jamais nécessaire qu’Israël soit tenu de rendre compte de ses politiques à l’égard du peuple palestinien – politiques dont il est désormais largement reconnu qu’elles correspondent à la définition que donnent les Nations Unies du crime contre l’humanité qu’est l’apartheid. Le rapport d’Amnesty International sur ce sujet, publié l’année dernière, faisait suite à d’autres rapports de la principale organisation israélienne de défense des droits de l’homme, B’Tselem, et de l’organisation américaine Human Rights Watch. Nous doutons que le Barbican se serait associé à l’ambassade d’Afrique du Sud à l’époque de l’apartheid.
Nous reconnaissons l’attrait d’un événement qui promet de « réunir les multiples cultures de Jérusalem pour le public le plus large possible ». Mais il faut le voir pour ce qu’il est : une tentative cynique de faire passer l’apartheid pour de la diversité et l’occupation militaire pour de la tolérance. Loin d’être un exemple de multiculturalisme convivial, Jérusalem est le théâtre d’une oppression de longue date et d’une occupation militaire violente, les autorités israéliennes cherchant à chasser les Palestiniens indigènes de leurs maisons à Sheikh Jarrah et dans d’autres quartiers.
Nous soutenons la « vision créative ambitieuse du Barbican, avec en son cœur l’équité, la diversité et l’inclusion ». Pourtant, il est impossible de concilier ces principes avec le présent projet. Les Palestiniens, y compris les artistes et les travailleurs culturels, ont appelé les gens à se tenir à leurs côtés dans la lutte pour leurs droits, et refusent de s’engager dans des projets culturels qui occultent les violations des droits humains commises à leur encontre. Nous demandons donc au Barbican de mettre fin à sa collaboration avec l’ambassade d’Israël.
Signé :
Yassin « Narcy » Alsalman, musicien et éducateur.
Oreet Ashery, artiste
Sonali Bhattacharyya, dramaturge, scénariste
Mary Black, chanteuse
Nicholas Blincoe, écrivain, scénariste
Victoria Brittain, écrivaine
Adam Broomberg, artiste
Mark Brown, critique, auteur
Tam Dean Burn, acteur
Checkpoint 303, groupe musical
Taghrid Choucair-Vizoso, directrice générale du festival artistique
Ian Christie, historien de la culture, producteur de radio
Stefan Christoff, musicien
Sarah Clancy, poète
Catherine Ann Cullen, poète
April de Angelis, dramaturge
Raymond Deane, compositeur
Alan Dent, romancier, poète
Gareth Evans, conservateur
Gavin Everall, directeur de publication
Annie Goh, artiste
Garth Hewitt, musicien
Rachel Holmes, écrivaine
Brigid Keenan, écrivaine
Patrick Keiller, cinéaste
Hannah Khalil, dramaturge
Peter Kosminsky, scénariste, réalisateur
Ken Loach, réalisateur de films
Dónal Lunny, musicien
Alexis Lykiard, auteur, poète
Sabrina Mahfouz, dramaturge, poète
Miriam Margolyes, actrice
Kika Markham, actrice, écrivaine
Emer Martin, écrivaine
Source : Artists for Palestine UK
Trad. M.V pour l’Agence Média Palestine
Source : Artists for Palestine UK