Par l’Agence Média Palestine, le 22 mai 2023
Le 21 mai 2023, la plateforme de streaming musical Spotify a supprimé de son répertoire la chanson « Dammi Falastini » (« Mon sang est palestinien »), de l’artiste palestinien Mohammad Assaf.
Le chanteur a fait savoir qu’il était surpris de cette décision et qu’il avait reçu un e-mail officiel de Spotify lui indiquant que cette décision s’expliquait par les accusations d’antisémitisme pesant prétendument sur la chanson.
Toutefois, dans un communiqué, l’agence de relations publiques représentant Spotify a indiqué que la suppression de la chanson du catalogue n’était pas le fait de Spotify mais d’une décision du distributeur de ladite chanson.
Malgré cette tentative de défense, il apparaît clairement que les chansons d’artistes palestiniens font l’objet d’une campagne coordonnée notamment articulée autour d’une pétition créée par le groupe d’action « We believe in Israel » (« Nous croyons en Israël ») fondé et mené par des personnalités politiques britanniques sionistes, visant la disparition des chansons palestiniennes ou pro-palestiniennes des catalogues des principales plateformes de streaming musical.
Cette décision n’est pas neutre. En effet, la chanson « Dammi Falastini » est devenue incroyablement populaire parmi les Palestiniennes et Palestiniens, et fait aujourd’hui figure de véritable hymne pour ces derniers et pour leur résistance. Figurant parmi les chansons les plus connues et importantes diffusées en Palestine depuis 20 ans, elle fait partie intégrante de la culture palestinienne, attaquée de tous côtés par l’occupant israélien dans un but de destruction de tout sentiment de communauté et d’appartenance palestinien. Détruire l’identité palestinienne et la culture qui l’accompagne et la soutient fait partie intégrante du projet colonial israélien. La suppression d’une telle chanson interpelle quant aux moyens utilisés pour atteindre cet objectif et à la complicité des grandes plateformes de diffusion comme Spotify.
Cette décision a attiré de nombreuses critiques contre la plateforme Spotify, notamment des appels au boycott. Ces critiques mettent en exergue le fait que Spotify avait déclaré en de nombreuses occasions ne pas faire de politique pour justifier le maintien de morceaux sur la plateforme, notamment ceux du chanteur Kanye West à la suite de ses propos antisémites.
Dans une story Instagram, Mohammed Assaf a affirmé que, si sa chanson était retirée de Spotify, elle « restait dans les coeurs de tous les êtres libres ».
Mohammed Assaf a grandi dans la prison à ciel ouvert qu’est Gaza, où ses grands-parents ont dû se réfugier suite à la Nakba de 1948. Gagnant de la seconde saison du concours Arab Idol en 2013, il s’est fait connaître de par son parcours semé d’embûches, comme c’est le cas de nombreux artistes palestiniens, et sa chanson incarne un véritable espoir pour des générations entières de Palestiniennes et Palestiniens. Son histoire a été reprise et racontée dans le film palestinien « le chanteur de Gaza », réalisé par Hany Abu-Assad.
Interrogée par l’Agence Média Palestine, la plateforme Spotify n’a pour l’instant pas donné davantage de détails quant à cette suppression.
