Génocide culturel : Israël a fait disparaître une génération dorée d’artistes, de musiciens, d’acteurs et d’écrivains de Gaza

L’assaut génocidaire d’Israël sur la bande de Gaza assiégée a anéanti une génération d’artistes de Gaza, qui reflètent la résilience et la créativité palestiniennes depuis des décennies.

The New Arab, le 4 janvier 2024

Il n’y a pas si longtemps, la communauté artistique de Gaza constituait un élément vital de la société palestinienne et un reflet vibrant de sa résilience ; aujourd’hui, elle lutte pour exister – l’assaut génocidaire d’Israël a anéanti une génération d’artistes de la bande de Gaza.

Le ministère palestinien de la culture a révélé que le bombardement brutal et aveugle de la bande de Gaza par Israël avait entraîné la mort de 28 artistes, intellectuels et auteurs palestiniens depuis le 7 octobre 2023.

Le rapport soulignait l’impact profond de l’attaque israélienne sur le tissu culturel de Gaza et mettait en évidence la gravité de la situation actuelle. Voici quelques mots en hommage à des artistes, des personnalités culturelles et des créateurs palestiniens de premier plan qui ont été tués par Israël depuis le 7 octobre.

Heba Zaqout

Heba Ghazi Ibrahim Zaqout (39 ans), artiste plasticienne et professeur de beaux-arts, a été tuée le 13 octobre avec son fils. Mme Zaqout était diplômée en beaux-arts de l’université Al-Aqsa de Gaza. Nombre de ses peintures étaient réalisées à l’acrylique et représentaient des femmes, la patrie palestinienne et la nature. Ses peintures mettaient l’accent sur l’identité et l’existence palestiniennes, avec des paysages lumineux et joyeux souvent remplis de mosquées et d’églises, de minarets et de dômes.

Heba Abu Nada

L’auteure, poète et enseignante Heba Abu Nada (32 ans) a été tuée, également aux côtés de son fils, lors d’un raid aérien israélien à Khan Younis le 20 octobre. Son roman « Oxygen is not for the dead » (L’oxygène n’est pas pour les morts) a remporté la deuxième place du prix Sharjah pour la créativité arabe en 2017.

Dans son dernier tweet posté le 8 octobre, elle a écrit en arabe : « La nuit de Gaza est sombre en dehors de la lueur des roquettes, silencieuse en dehors du bruit des bombes, terrifiante en dehors du réconfort de la prière, noire en dehors de la lumière des martyrs. Bonne nuit, Gaza ».

Omar Abu Shawish

Omar Fares Abu Shawish (36 ans), poète, romancier et activiste social, est tombé en martyr le 7 octobre lors du bombardement du camp de réfugiés de Nuseirat à Gaza, où il était né et vivait. Abu Shawish était bien connu pour son intérêt pour les questions concernant les jeunes, et avait participé à la création de plusieurs associations de jeunes, et s’était vu décerner un certain nombre de prix locaux et internationaux.

En témoignage de son influence, le Conseil de la jeunesse arabe pour le développement intégré, affilié à la Ligue des États arabes (LEA), lui a décerné le prix « Distinguished Arab Youth in the Field of Media, Journalism and Culture » (Jeunesse arabe distinguée dans le domaine des médias, du journalisme et de la culture) en 2013. Les contributions littéraires d’Abu Shawish sont tout aussi importantes ; il a publié plusieurs recueils de poésie et un roman intitulé « ‘Alā qayd al-mawt » en 2016.

Inas Saqqa

Inas Saqqa était une actrice, dramaturge et enseignante bien connue, spécialisée dans le théâtre pour enfants. Elle a été tuée lors d’un raid aérien israélien à la fin du mois d’octobre avec trois de ses enfants, Sara, Leen et Ibrahim. Saqqa était l’une des figures les plus influentes et les plus importantes de la scène théâtrale de Gaza et une pionnière des arts créatifs pour les enfants dans la bande, organisant de nombreux ateliers de théâtre d’été pour les jeunes.

Inas Saqqa était l’une des actrices et dramaturges les plus célèbres de Gaza. Elle a été tuée avec trois de ses enfants lors d’une frappe aérienne israélienne le 31 octobre 2023 [@saqqainas/Instagram].

Elle était également une actrice talentueuse – les contributions de Saqqa au cinéma comprennent ses rôles dans les deux films « Sara » et « The Homeland’s Sparrow » (Le moineau de la patrie) en 2014. « Sara » aborde la question sociale urgente des crimes d’honneur et « The Homeland’s Sparrow » se penche sur la lutte des Palestiniens entre la Nakba (« Catastrophe ») de 1948 et l’occupation par Israël de la Cisjordanie et de la bande de Gaza en 1967. Outre son activité d’actrice, elle était connue pour ses contributions culturelles et sa coopération avec de nombreuses troupes de théâtre dans la bande de Gaza. Elle a également participé à l’écriture et à la production de plusieurs pièces, dont « The Bear », « Women of Gaza and Ayoub’s Patience » et « Everything is Fine ».

Yousef Dawas

Le 14 octobre, le musicien, écrivain, journaliste, photographe et psychanalyste palestinien Yousef Dawas (20 ans) a été tué lors d’une frappe aérienne israélienne sur la maison familiale dans le nord de Gaza. Yousef Dawas parlait couramment l’arabe et l’anglais, tant à l’écrit qu’à l’oral, et écrivait des articles traitant d’un large éventail de sujets.

Yousef Dawas a été tué par une frappe aérienne israélienne sur la maison de sa famille dans le nord de Gaza le 14 octobre 2023 [@yousefdawas76/Instagram].

Dawas a également produit de courtes vidéos abordant de nombreux sujets, notamment ses aspirations à voyager et à découvrir le monde – même si, dans un clip vidéo, il souligne qu’il rêvait de visiter d’autres villes et villages palestiniens plutôt que des destinations lointaines à l’étranger – avant qu’Israël ne mette un terme à sa vie et à ses nombreux rêves.

Mohammed Qraiqea

Âgé d’à peine 24 ans, Mohammed Sami Qraiqea, dessinateur novateur, artiste, photographe, bénévole et militant, a été tué le 17 octobre. Il fait partie des quelque 500 victimes du bombardement de l’hôpital arabe Al-Ahli, qui abritait des milliers de civils.

Mohammed Qraiqea était un artiste désireux de mêler la technologie à l’art. Il a passé ses derniers jours à divertir les enfants hébergés à l’hôpital arabe Al-Ahli [Al-Araby Al-Jadeed].

Même dans ses derniers jours aux côtés d’autres personnes cherchant refuge dans l’enceinte de l’hôpital, Qraiqea s’est efforcé d’alléger l’atmosphère tendue et de soulager la terreur et l’anxiété qui consument les enfants et les blessés de l’hôpital arabe Al-Ahli où il se trouvait, en utilisant ses compétences artistiques et son énergie contagieuse, qu’il a appelé « essayer de donner les premiers soins psychologiques aux enfants et aux familles« . Dans un clip vidéo publié dans l’un de ses derniers posts Instagram, on le voit au centre d’un cercle d’enfants dans la cour de l’hôpital Al-Ahli, les divertissant pour les distraire du stress psychologique et du traumatisme qu’ils subissent.

Nooraldeen Hajjaj

Le 2 décembre, le jeune écrivain Nooraldeen Hajjaj (27 ans) est tombé en martyr lors d’une frappe aérienne israélienne sur sa maison dans le quartier de Shujaiya. Il avait composé la pièce de théâtre « The Gray Ones » en 2022 et le roman « Wings That Do Not Fly » en 2021. Il participait également activement à des initiatives telles que l’association Cordoba et la fondation Days of Theatre.

Le dernier message qu’il a adressé au monde extérieur était le suivant : « Je m’appelle Nour al Din Hajjaj : « Je m’appelle Nour al Din Hajjaj, je suis un écrivain palestinien, j’ai vingt-sept ans et j’ai beaucoup de rêves.

Je ne suis pas un numéro et je ne consens pas à ce que ma mort soit une nouvelle passagère. Dites aussi que j’aime la vie, le bonheur, la liberté, le rire des enfants, la mer, le café, l’écriture, Fairouz, tout ce qui est joyeux, même si tout cela disparaîtra en l’espace d’un instant ».

Source : The New Arab

Traduction ED pour l’Agence Média Palestine

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