Selon un rapport de l’ONU, Israël a eu recours à des chiens et à la simulation de noyade sur des détenus palestiniens de Gaza
Par Emma Farge, le 31 juillet 2024
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Des milliers de Palestiniens ont été enlevés de force à Gaza, parfois dans des abris anti-aériens, et emmenés en détention en Israël où certains ont été torturés et des dizaines sont morts, selon un rapport du Bureau des droits de l’homme de l’ONU publié mardi.
Un grand nombre des personnes arrêtées à Gaza depuis le début de la guerre le 7 octobre ont été capturées aux points de contrôle alors qu’elles fuyaient l’offensive militaire israélienne, ou dans des écoles et hôpitaux où elles s’abritaient, indique le rapport de 23 pages, qui se fonde principalement sur des entretiens avec des détenus libérés et d’autres victimes et témoins.
Le rapport indique que nombre d’entre eux ont eu les yeux bandés et ont été enchaînés avant d’être transportés en Israël et placés dans des centres militaires « semblables à des cages », contraints de ne porter que des couches pendant de longues périodes. Le rapport de l’ONU indique que 53 détenus sont morts en détention.
« Les témoignages recueillis par mon bureau et d’autres entités font état d’une série d’actes épouvantables, tels que la simulation de noyade et le lâcher de chiens sur les détenus, entre autres, en violation flagrante du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire », a déclaré le haut-commissaire des Nations unies, Volker Turk, dans un communiqué accompagnant le rapport. Il a demandé leur libération immédiate ainsi que celle des autres otages parmi les 253 enlevés en Israël lors des attentats du 7 octobre qui ont fait 1 200 morts.
L’armée israélienne a déclaré qu’elle enquêtait sur les allégations de mauvais traitements infligés à des détenus dans des installations en Israël, mais elle a refusé de faire des commentaires sur des cas particuliers. Elle prévoit de fermer progressivement le camp de Sde Teiman, dans le désert du Néguev, qui a été cité à la fois dans le rapport de l’ONU et par les groupes de défense des droits des Palestiniens comme un lieu où des détenus ont été maltraités.
Les rapports faisant état de mauvais traitements infligés aux détenus dans les prisons israéliennes se sont multipliés ces derniers mois. En général, les détenus le sont en secret, sans qu’on leur donne la raison de leur détention ou qu’ils aient accès à un avocat, indique le rapport.
La question des détenus vient s’ajouter à la pression internationale exercée sur Israël pour sa conduite de la guerre de Gaza, qui entre maintenant dans son onzième mois. En mai, le département d’État américain a déclaré qu’il examinait les allégations de mauvais traitements infligés par Israël à des détenus palestiniens.
Il suscite également des tensions internes en Israël où, cette semaine, des manifestants de droite ont fait irruption dans des enceintes militaires où des soldats israéliens devaient être interrogés dans le cadre d’une enquête sur des allégations de mauvais traitements infligés à un détenu palestinien.
Le rapport de l’ONU fait également référence aux conditions désastreuses endurées par les otages israéliens à Gaza, notamment le manque d’air frais et de lumière du soleil et les coups, en citant les témoignages des personnes libérées.
Les Palestiniens détenus en Israël sont pour la plupart des hommes et des garçons et comprennent des personnes diverses telles que des résidents, des médecins, des infirmières et leurs patients, ainsi que des combattants palestiniens capturés, indique le rapport. Certains ont fait l’objet de violences sexuelles, sans préciser le nombre d’incidents.
Le rapport, qui a été communiqué au gouvernement israélien et aux autorités palestiniennes, ne précise pas combien de détenus ont été libérés depuis. Un porte-parole de l’ONU a déclaré qu’il était impossible de le savoir.
Traduction : JB pour l’Agence Média Palestine
Source : Reuters