L’UNRWA annonce lundi la cessation des livraisons d’aide humanitaire par le point de passage de Karam Abu Salem à Gaza, citant les « obstacles des autorités israéliennes » comme explication pour la « rupture de l’ordre public ».
Par Mondoweiss, le 2 décembre 2024
DES CAMIONS APPORTENT DE L’AIDE HUMANITAIRE À GAZA PAR LE POINT DE PASSAGE ENTRE RAFAH ET L’EGYPTE, QUELQUES HEURES APRÈS LE DÉBUT D’UNE PAUSE DE QUATRE JOURS DANS LES COMBATS ENTRE ISRAEL ET LE HAMAS, LE 24 NOVEMBRE 2023. (PHOTO DE NAAMAN OMAR APAIMAGES)
L’Agence des Nations unies chargée de distribuer de l’aide humanitaire aux réfugiés palestiniens, l’UNRWA, a annoncé dimanche qu’elle avait suspendu la réception et la livraison de vivres à Gaza à travers le point de passage de Karam Abu Salem entre Israël et Rafah, dans le sud de Gaza – le principal point d’entrée d’aide humanitaire dans la bande.
L’Agence, qui est le plus grand fournisseur d’aide humanitaire à Gaza, a déclaré dans un communiqué que la route utilisée au point de passage était dangereuse depuis des mois, en particulier depuis l’invasion israélienne de Rafah en avril dernier. L’UNRWA a également indiqué que plusieurs chauffeurs de camion et travailleurs humanitaires avaient été tués ou blessés, ajoutant que « cela ne peut pas continuer à mettre leur vie en danger ».
Ce dernier mois, les convois d’aide humanitaire en route vers Gaza ont fait l’objet de raids et de pillages de la part de bandes armées, alors que l’armée israélienne est accusée d’inaction. L’UNRWA a également déclaré que la distribution d’aide humanitaire « est devenue impossible “ en raison du ” siège israélien, des obstacles posés par les autorités israéliennes, des décisions politiques visant à restreindre les quantités d’aide, du manque de sécurité sur les routes d’acheminement et des attaques venant de la police locale ».
L’Agence a rapporté la semaine dernière que « sur les 91 tentatives faites par l’Agence pour livrer de l’aide au nord de Gaza assiégé entre le 6 octobre et le 25 novembre, 82 ont été refusées et 9 ont été empêchées ».
L’UNRWA est la plus grande organisation d’aide humanitaire active dans la bande de Gaza, puisque 78 % de la population de Gaza est sous le mandat de l’UNRWA en tant que réfugiés et leurs descendants ont été chassés de leurs maisons en 1948. Pendant le génocide actuel perpétré par Israël, l’Agence a joué un rôle central dans les efforts humanitaires visant à aider la population de Gaza, presque entièrement déplacée et dont beaucoup sont devenus des réfugiés pour la troisième fois dans leur vie.
La décision prise par l’Agence de ne plus envoyer d’aide humanitaire par le point de passage de Karam Abu Salem aura probablement des conséquences dévastatrices sur une situation déjà désastreuse résultant du siège israélien de la bande de Gaza.
Le mois dernier, des experts des droits de l’Homme ont prévenu que la famine était imminente à Gaza et que 13 mois de bombardements et de siège israéliens avaient créé « une probabilité imminente et substantielle de famine » en raison de la « détérioration rapide de la situation dans la bande de Gaza ».
En octobre, OCHA a signalé que le nombre de livraisons d’aide humanitaire autorisées à entrer dans la bande de Gaza n’avait jamais été aussi bas depuis octobre 2023, tandis que le Programme alimentaire mondial a signalé qu’au cours de la seconde moitié d’octobre, environ 58 camions sont entrés dans la bande de Gaza chaque jour, soit le nombre le plus faible depuis novembre 2023.
Bien que la famine n’ait pas été officiellement déclarée à Gaza, des Palestiniens de la bande tirent la sonnette d’alarme sur l’insécurité alimentaire et la malnutrition depuis des mois, tandis que les médecins signalent des cas d’enfants morts de malnutrition ou de raisons similaires depuis le mois de mars de cette année.
L’annonce de l’UNRWA intervient également dans le contexte des attaques d’Israël contre l’Agence. En octobre dernier, la Knesset israélienne a adopté un projet de loi interdisant à l’UNRWA d’opérer dans les territoires palestiniens occupés, y compris à Gaza. Ce lundi, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a qualifié la situation à Gaza d’« apocalyptique » et d’« échec de notre humanité partagée », alors que le nombre de Palestiniens tués par les forces israéliennes dans la bande de Gaza a dépassé 44 466 (dont 60 % sont des femmes, des enfants et des personnes âgées), et que 1,8 million de personnes ont été déplacées dans 543 campements de tentes exposés aux inondations et dans des dizaines de centres d’hébergement systématiquement ciblés par des frappes israéliennes. Selon l’UNRWA, 415 000 Palestiniens sont réfugiés dans des établissements scolaires de l’ONU.
Source : Mondoweiss
Traduction : SP pour l’Agence Média Palestine
