Par Isabella Silvers, The New Arab, le 19 décembre 2024
De Bethléem, l’artiste palestinienne et jordanienne Lina Sleibi nous transmet un message de Noël rempli d’espoir, d’unité et d’amour à travers sa musique.
L’artiste palestinienne jordanienne Lina Sleibi a toujours été entourée de musique. À l’école Saint-Joseph de Bethléem, Lina a rejoint la chorale de l’église et se rendait tous les dimanches à l’église de la Nativité, où elle entendait des hymnes et des chants de chorale qui lui ont inspiré sa passion pour la musique. C’est une histoire bien connue des habitants de la région, qui ont grandi entourés de musique et de mélodies.
Lina décrit son amour de la musique comme quelque chose de « spirituel », surtout pendant cette période de l’année, où les habitants de Bethléem se préparent avec enthousiasme pour le spectacle de Noël sur la place de la Mangeoire et accueillent des touristes et des pèlerins pour la messe de la nuit de Noël. Cette année, cependant, il n’y aura pas d’illumination de sapin, de festival de Noël, de décorations ou de marchés festifs.
Bien que les scouts aient rangé leurs instruments pour une autre année consécutive, incapables de jouer pour des foules enthousiastes, Lina est déterminée à apporter une étincelle de lumière à la saison avec son album de Noël, Believe In Love (Croire en l’amour). La musicienne a collaboré avec les musiciens londoniens Ooberfuse pour ce message d’espoir qui nous vient de la ville où Jésus est né il y a plus de deux mille ans.
« Être artiste à Bethléem est certainement plus difficile », a déclaré Lina, mais aussi plus significatif. Il y a tant de défis différents à vivre, à ressentir et à partager chaque jour. Mais quels que soient ces défis, rien ne pourra étouffer la voix de l’amour qui s’exprime même dans l’obscurité », ajoute-t-elle.
Cherrie Anderson, d’Ooberfuse, ajoute : « Du lieu de naissance de Jésus, dans les voûtes de l’église de la Nativité sur la place de la Mangeoire, l’amour de Dieu est né dans le monde. Lina nous montre que lorsque cet amour naît dans nos cœurs, il fait taire le bruit et le chaos qui nous entourent et nous offre une échappatoire à nos problèmes ».
Lina poursuit en décrivant comment les habitants de Bethléem apprécient la vie, une joie qui leur a été enlevée ces dernières années. « Les gens ont besoin d’espoir et de joie, et mon message est que tant qu’il y a de l’amour, il y a toujours de l’espoir. Nous pouvons surmonter les périodes sombres et conserver ce sens de la communauté. À Bethléem, nous sommes tous unis. Nous nous aidons les uns les autres, nous sommes main dans la main et nous célébrons ensemble les moments heureux et tristes, en riant, en mangeant et en priant ensemble », ajoute-t-elle. « Tout le monde, les enfants autant que les personnes âgées, mérite ces moments de bonheur ».
La musique est une force vitale et peut-être sous-estimée pour rassembler les gens, en particulier pour Lina, qui a chanté partout dans le monde, y compris à l’Opéra de Dubaï et pour les Jeux olympiques d’hiver de Pékin 2022, dans plus de sept langues. « On peut ressentir la musique sans comprendre la langue, la musique est sacrée », explique Lina.
« La musique est un moyen de relier les êtres humains et un excellent moyen pour que les gens sachent ce qu’est vraiment Bethléem. Nous voulons montrer que nous apprécions la vie et que nous aimons vivre dans la joie et l’espoir. Les gens s’attendent à ce que Bethléem soit une zone de guerre, mais lorsqu’on la visite, on voit son incroyable hospitalité. On vous accueillera chez nous et on vous donnera à manger, à midi et le soir. Les gens sont si gentils, ce qui n’apparaît pas toujours dans les médias occidentaux », explique-t-elle.
Cela ne signifie pas que Lina n’éprouve pas de difficultés à créer dans ces moments difficiles. Elle estime que la musique peut, dans certains cas, être insignifiante ou inappropriée. Bien que cela puisse prendre un peu de temps, elle revient toujours à son désir de rendre la pareille à son audience, en créant une musique qui puisse soutenir les gens dans tous les moments, les bons comme les mauvais. « Je peux me sentir désespérée, mais les gens méritent d’être chaleureusement accompagnés », dit-elle.
Qu’il s’agisse de chanter dans la chorale, d’écouter Fairuz dans le bus scolaire ou d’étudier le violon au conservatoire de Bethléem, la passion de Lina pour la musique l’a amenée à chanter et à présenter une conférence TEDx à l’université Al-Quds concernant ses expériences en tant que musicienne en Palestine, transmettant ainsi son message d’amour à de nouveaux publics.
Que signifie l’amour pour elle ? « L’amour, c’est la bienveillance. Vivre ensemble comme des frères et sœurs, une famille, un ensemble. S’entraider dans les moments heureux et tristes, se serrer les coudes pour surmonter tout obstacle. Nous ne pouvons pas vivre sans amour. C’est un don de Dieu, et en le partageant avec les autres, on le rend encore plus précieux. »
Source : The New Arab
Traduction : SP pour l’Agence Média Palestine
