« No other land » reçoit l’Oscar du meilleur documentaire

Le film palestino-israélien « No other land », qui relate la violence des colons et les démolitions par Israël de maisons palestiniennes en Cisjordanie occupée, a reçu hier la récompense du meilleur documentaire lors de la cérémonie des Oscars.

Par l’Agence Média Palestine, le 3 mars 2025

« Il ya deux mois je suis devenu père, et j’espère que ma fille ne vivra pas la même vie que moi, à craindre la violence des colons, les démolitions et les déplacements forcés que ma communauté, Masafer Yatta, subit tous les jours sous l’occupation israélienne. No other land reflète la dure réalité que nous subissons depuis des décennies et face à laquelle nous résistons, tandis que nous appelons à la fin la guerre, à la fin des injustices, à la fin du nettoyage ethnique des Palestiniens. »

C’est avec ces mots que Basel Adra a reçu hier l’oscar du meilleur documentaire pour son film « No other land », qui fait le récit de la rencontre entre Basel lui-même, avocat et réalisateur qui documente l’occupation et la destruction de son propre village en Cisjordanie, et le journaliste israélien Yuval, qui tente de le soutenir dans son combat. Entre méfiance, colère et camaraderie naît une alliance impossible et un film déchirant, qui ouvre à la fois blessures et dialogue. Le film, sorti en salle en France en novembre dernier, avait été célébré dans de nombreux festivals et reçu le prix du meilleur documentaire à la Berlinale de 2024.

Après le discours de Basel Adra, son co-réalisateur Yuval Abraham prend la parole : « Quand je regarde Basel, je vois mon frère, mais nous ne sommes pas égaux. Nous vivons dans un régime où je suis libre, sous des lois civiles, et Basel est sous des lois militaires qui détruisent sa vie et qu’il ne peut pas contrôler. Il y a un autre chemin, une solution politique sans suprématie ethnique, avec des droits nationaux pour nos deux peuples. Et je dois dire, puisque je suis ici, que les politiques étrangères de ce pays participent au blocage de ce chemin. Ne voyez-vous pas que nous sommes mêlés ? Que mon peuple ne peut être en sécurité que si le peuple de Baser est libre et en sécurité ? Il y a un autre chemin. C’est le seul chemin. »

Cette nouvelle récompense intervient dans un contexte nouveau, alors que le village où se situe le film est sous le coup de violentes attaques israéliennes, et sous la menace d’un déplacements forcé de population sans précédent, dans le cadre de l’intensification des opérations militaires israéliennes en Cisjordanie. Amnesty International publiait la semaine dernière un communiqué appelant la communauté internationale à faire cesser l’impunité d’Israël :

« L’impunité bien ancrée pour les violences commises par des colons et l’inaction de longue date de la communauté internationale s’agissant de stopper l’expansion des colonies israéliennes illégales ou de mettre fin à l’occupation israélienne facilitent le transfert illégal de villageois·e·s palestiniens, ce qui constitue un crime de guerre. Au lieu de continuer de permettre l’accaparement des terres par Israël, ce qui a des conséquences dévastatrices pour les Palestinien·ne·s, les dirigeant·e·s du monde doivent faire pression sur Israël pour qu’il mette fin à l’occupation illégale et démantèle le système d’apartheid à leur encontre », a déclaré Erika Guevara Rosas, directrice générale des recherches, du travail de plaidoyer, des politiques et des campagnes à Amnesty International.

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