Plus qu’un simple geste de solidarité, il s’agit d’un engagement artistique et politique qui place la Palestine au devant de la scène.
Par l’Agence Média Palestine, le 29 août 2025
The Voice of Hind Rajab, réalisé par la cinéaste Kaouther Ben Hania, fera sa première mondiale à Venise le 3 septembre, et il fait déjà du bruit. Il sil est déjà annoncé à Toronto, Saint-Sébastien, Busan et Londres, confirmant son statut de véritable événement mondial, et représentera la Tunisie lors de la prochaine édition des Oscars, dans la catégorie du Meilleur Film International.
Réalisatrice incontournable du cinéma arabe contemporain, Kaouther Ben Hania s’est imposée sur la scène internationale avec The Man Who Sold His Skin (2020), nommé à l’Oscar du meilleur film international, et Four Daughters /Les filles d’Olfa (2023), en lice pour l’Oscar du meilleur documentaire.
À la notoriété de la cinéaste s’ajoute le soutien de grande figures hollywoodiennes, Brad Pitt, Joaquin Phoenix, Rooney Mara, Alfonso Cuarón et Jonathan Glazer, qui ont annoncé rejoindre le projet The Voice of Hind Rajab en tant que producteur-ices exécutif-ves.
La voix de Hind Rajab
« J’ai tellement peur, venez vite », tels ont été les derniers mots prononcés par Hind Rajab, cinq ans, lors d’un appel téléphonique aux secours après que la voiture de sa famille a été prise sous le feu à Gaza City en févrer 2024.
Plusieurs jours plus tard, les voitures de la famille Rajab et des secouristes ont été retrouvées. Sur la voiture de la famille, 355 impacts de balles ont été relevés, témoignant de la violence extrême qui a frappé cette famille. Le Croissant-Rouge palestinien, qui avait recueilli son appel, a enregistré et publicisé l’échange, qui a constitué une étape dans la prise de conscience mondiale des crimes israéliens.
En juillet 2024, des experts de l’ONU ont déclaré que son assassinat pouvait constituer un crime de guerre, citant des « preuves irréfutables » concernant l’emplacement de la voiture de la famille par rapport à un char israélien « et la manière dont elle a été prise pour cible à très courte distance à l’aide d’un type d’arme qui ne peut être attribué qu’aux forces israéliennes ».
« Les enregistrements audio des appels entre Hind et les services d’urgence suggèrent qu’elle était la seule survivante dans la voiture avant d’être également tuée », ont déclaré les experts.
C’est précisément cet enregistrement audio qu’utilise le film de Kaouther Ben Hania pour retracer les dernières minutes de la vie de Hind Rajab : le film met en scène, dans un lieu unique, les travailleur-euses du croissant rouge ayant reçu l’appel et cherchant désespérément à répondre à la détresse de l’enfant.
Le porte-voix du cinéma
Kaouther Ben Hania, à travers ce récit bouleversant, expose l’impact du conflit palestinien sur les vies des enfants et des familles, et offre au public international une œuvre qui donne voix à ceux que l’on entend rarement sur la scène mondiale.
L’appui de vedettes hollywoodiennes permettra d’amplifier encore cette voix, et de mettre fin à la silenciation du génocide en cours à Gaza. Depuis le début de la campagne militaire israélienne en octobre 2023, de nombreux appels d’artistes et de collectifs ont appelé à dénoncer les massacres, mais les grands festivals n’ont que peu porté cette solidarité.
La Mostra de Venise, qui s’est ouverte hier, semble ne pas suivre cette voie. Avant même son ouverture, des centaines de cinéastes, d’artistes et de personnalités culturelles italiens et internationaux ont signé une lettre ouverte appelant le Festival du film de Venise à prendre une « position claire et sans ambiguïté » contre le génocide et le nettoyage ethnique à Gaza, exhortant le festival d’éviter de devenir « une vitrine triste et vide » en offrant plutôt « un lieu de dialogue, de participation active et de résistance, comme il l’a été par le passé ». Les militant-es solidaires avec la Palestine ont eux aussi promis d’être présent-es, et appellent à une manifestation sur le Lido demain.
Si le directeur de la Mostra n’a pas prononcé de condamnation franche du génocide, sa programmation lui a cependant valu un appel au boycott de Gal Gadot, fervent soutien d’Israël. « Nous avons toujours partagé très clairement notre souffrance envers ce qui est en train de se passer à Gaza et en Palestine », a simplement déclaré le directeur artistique de la Mostra Alberto Barbera, estimant que le film aura “un fort impact sur le public”.
