L’Agence Média Palestine le rapportait il y quelques jours dans cet article, le Musée du Jeu de Paume est actuellement la cible d’attaques, de menaces et de tentatives de censures de plusieurs officines pro-israéliennes qui dénoncent l’exposition photo de l’artiste palestinienne Ahlam Shibli.
Le Musée vient de communiquer à ce sujet, et dénonce ces menaces:
Le Jeu de Paume répond aux accusations qui lui sont faites à propos de l’exposition de l’artiste palestinienne Ahlam Shibli.
« Le Jeu de Paume qui veille, depuis sa création, à promouvoir la pluralité des expres sions artistiques autour de l’image sous toutes ses formes, regrette la polémique naissante autour de l’exposition « Foyer Fantôme » de l’artiste Ahlam Shibli.
Ces derniers jours, l’institution a reçu de nombreux messages de protestation à propos de cette exposition et plus particulièrement de l’une des séries présentées, intitulée « Death ».
Le Jeu de Paume réfute fermement les accusations d’apologie du terrorisme ou de complaisance à l’égard de celui-ci, et portera plainte contre toutes les personnes lui adressant des menaces.
Ahlam Shibli, artiste internationalement reconnue, propose une réflexion critique sur la manière dont les hommes et les femmes réagissent face à la privation de leur foyer qui les conduit à se construire, coûte que coûte, des lieux d’appartenance.
Dans la série « Death », conçue spécialement pour cette rétrospective, l’artiste Ahlam Shibli présente un travail sur les images qui ne constitue ni de la propagande ni une apol ogie du terrorisme, contrairement à ce que certains messages que le Jeu de Paume a reçus laissent entendre. Comme l’artiste l’explique elle-même : « Je ne suis pas une militante […] Mon travail est de montrer, pas de dénoncer ni de juger. »
Death explore la manière dont des Palestiniens disparus – « martyrs », selon les termes repris par l’artiste – sont représentés dans les espaces publics et privés (affiches et graffitis dans les rues, inscriptions sur les tombes, autels et souvenirs dans les foyers…) et retrouvent ainsi une présence dans leur communauté.
L’exposition monographique réunit cinq autres séries de l’artiste questionnant les contradictions inhérentes à la notion de « chez soi » dans différents contextes : celui de la société palestinienne, mais aussi des communautés d’enfants recueillis dans les orphelinats polonais, des commémorations de soulèvements de la Résistance contre les nazis à Tulle (Corrèze) et des guerres coloniales en Indochine et e n Algérie, ou encore des ressortissants des pays orientaux qui ont quitté leur pays afin de vivre librement leur orientation sexuelle.
La plupart de ces photographies sont accompagnées de légendes écrites par l’artiste, inséparables des images, qui les situent dans un temps et un lieu précis. Des mesures ont été prises pour le rappeler aux visiteurs.
La rétrospective dédiée à Ahlam Shibli s’inscrit dans la volonté de montrer de nouvelles pratiques de la photographie documentaire, après les expositions consacrées à Sophie Ristelhueber (2009), Bruno Serralongue (2010) ou Santu Mofokeng (2011). La programmation du Jeu de Paume a pour objectif de s’interroger de façon critique sur les différentes formes de représentation des sociétés contemporaines et, dans cette démarche, revendique la liberté d’expression des artistes.
Le Jeu de Paume ne souhaite pas esquiver le débat ni passer sous silence l’émoi que l’exposition suscite auprès d’un certain nombre de personn es, bien au contraire, il invite chacun à la découvrir sereinement.
Après le MACBA de Barcelone (25 janvier-28 avril 2013) et avant la Fondation Serralves de Porto (15 novembre 2013-9 février 2014), tous deux coproducteurs, le Jeu de Paume présente, pour la première fois en France, l’œuvre de l’artiste palestinienne Ahlam Shibli avec l’exposition « Foyer Fantôme », du 27 mai au 1er septembre 2013. »