La ville de Beit Hanoun, dans le nord de la bande de Gaza, s’est vidée de ses habitants. Nombre de maisons ont été bombardées, par des missiles ou des mortiers, et les survivants des attaques de l’armée israélienne ont pris le chemin de l’exode. Plusieurs familles entières ont été tuées par les bombardements de l’armée israélienne, parmi elles, les familles Hamad et Abu Jarad. Le massacre de Shujiyya hante les esprits et pousse les gens à évacuer leurs maisons dans l’urgence.
Les départs sont souvent brusques et violents. Taleb et sa famille ont dû quitter leur maison alors qu’elle était visée par un missile de l’armée israélienne. Il raconte : » les gens sont sortis de chez eux dimanche soir et se sont regroupés dans le centre ville et à côté de l’hôpital. Puis le lundi matin, on est sorti et on est parti sur les routes. Des scènes terribles, qui me rappelaient les photos des palestiniens sur les routes pendant la Nakba (la catastrophe en arabe) en 1948″.
Les habitants ont dû traverser Beit Hanoun sous les bombes, à pied, puis une fois arrivés sur les routes principales, ils ont essayé de poursuivre en voiture, quand ils en trouvaient. Les moins chanceux ont continué à marcher, des heures durant jusqu’à ce qu’ils atteignent un « endroit sûr ». Certaines familles qui s’étaient réfugiées dans les écoles de l’UNRWA à Beit Hanoun n’ont réussi à en sortir que mercredi.
Une fois à Gaza ville, certains trouvent refuge chez des proches dont les maisons n’ont pas été détruites : « Nous sommes environ une quarantaine à vivre chez ma tante, mais nous avons de la chance, car certains cherchent toujours un abri », rapporte Omar, 22 ans, contraint lui aussi à l’exode. « Nous n’avions pas d’électricité pendant 24 heures et très peu d’eau, poursuit-il, mais notre situation chez ma tante est bien plus enviable que celle des palestiniens qui vivent dans les écoles ». La solidarité entre les palestiniens est forte : chacun tente d’aider son voisin, ami, collègue en donnant des vêtements, des vivres, de l’eau… Dans l’hôpital d’al-Shifa, les rescapés du massacre de Shujaiyya, ont distribué des gâteaux pour la rupture du jeune.
Beaucoup de palestiniens s’entassent dans les écoles de l’URNWA ou dans des habitations de fortune. La peur règne, aucun endroit n’est plus sûr qu’un autre. Hôpitaux, écoles, habitations, ambulances ont été bombardés à de nombreuses reprises par l’aviation israélienne. Les scènes de massacre et d’horreur semblent se répéter : ce matin, dans le village de Khuzaa, à l’est de Khan Younes, 31 membres de la famille Al-Najjar ont été tués par l’armée israélienne. Cette famille a connu l’exode pendant plusieurs jours : cherchant désespérément refuge, elle s’est déplacée à plusieurs reprises dans la zone entre le village de Khuzaa et la ville de Khan Younes. Sous le choc, Mohamed, un des survivants de ce massacre, tente de récupérer les corps de ses proches : » les bulldozers ont détruit les maisons sur les femmes », raconte-t-il la voix tremblante et demande que l’on appelle la Croix Rouge Internationale pour empêcher un nouveau massacre.
I. Zakaria pour l’Agence Média Palestine