Enfants palestiniens blessés dans une frappe aérienne israélienne allongés sur un lit à l’hôpital de Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 8 août.
(Abed Rahim Khatib/APA)
Le cessez-le-feu de 72 heures avait à peine expiré que les frappes aériennes israéliennes sur Gaza reprenaient, vendredi.
Alors qu’Israël prétend cibler les « sites terroristes », sa première victime a été un enfant de 10 ans, à Gaza ville. Ibrahim Dawawsa, 10 ans, est tué pendant qu’il joue avec des copains dans la cour de la mosquée près de sa maison, lorsqu’un missile met fin à sa vie, et blesse ses deux jeunes copains.
Durant l’offensive militaire d’un mois contre la bande de Gaza avant ce court cessez-le-feu, Israël a tué 448 enfants et en a blessé 2502, selon les estimations des Nations-Unies. Au 8 août, le nombre de tués dans Gaza montait à 1922.
Le nombre des morts augmente même quand les bombardements sont arrêtés
Chaque jour du cessez-le-feu, l’estimation par les Nations-Unies du nombre d’enfants tués augmente, leurs agents sur place découvrant des corps de personnes tuées – certains enfouis sous les décombres depuis des semaines. L’une des découvertes les plus graves des Nations-Unies durant les premières 24 heures du cessez-le-feu, fut celle des corps en état de décomposition avancée de huit membres de la famille Wahdan, restés sous une maison détruite à Beit Hanoun.
Ces morts sont trois enfants de moins de 15 ans, quatre femmes et deux personnes de plus de 60 ans, et ils ont probablement été tués par une frappe aérienne peu après l’invasion terrestre israélienne, le 18 juillet.
Le Centre Al Mezan pour les droits de l’homme a recensé les noms des tués : Ghena Younis, 2 ans ; Hussein Hatim, 9 ans ; Ahmed Hatim, 13 ans ; Zeinab Hatim, 22 ans ; Somoud Hatim, 22 ans ; Baghdad Hatim, 51 ans ; Suad Ahmed, 65 ans, et Zaki Abdel, 67 ans.
Défense des Enfants Internationale – Palestine (DCI), organisation indépendante pour les droits de l’enfant, est dans le processus d’identification et de vérification de chaque enfant tué dans Gaza ; à ce jour, l’organisation internationale a confirmé la mort de 241 enfants
Frères et sœurs, tués ensemble
Dans de nombreux cas documentés de DCI-Palestine, les enfants sont tués dans leurs maisons, ou en tentant de fuir vers la sécurité. Souvent, des cas montrent plusieurs jeunes frères et sœurs, ou cousins, tués ensemble au même moment.
Dans un exemple, le 29 juillet, six enfants entre 4 mois et 5 ans, sont tués par un missile israélien dans le camp de réfugiés d’al-Bureij : de la famille Jabr, les frères et sœurs Leen Anwar Mohammad Abu Jabr, 3 ans ; Salma, 1 an ; Tuqa Salah Khalil Abu Isa, 4 mois ; et leur cousin Hala Ahmad Hamdan Abu Jabr, 5 ans, tous sont tués dans la même frappe.
Durant cette même attaque, une femme enceinte fait une fausse couche.
Dans un autre cas, un unique missile israélien tue tout le monde à l’intérieur d’un immeuble de trois étages près de Khan Younis, comprenant dix-neuf enfants entre 1 et 16 ans.
Un garçon palestinien au milieu de maisons réduites en ruines par des frappes israéliennes dans le camp de réfugiés de Jabalya, dans le nord de la bande de Gaza, le 9 août.
(Ashraf Amra/APA Images)
L’OCHA, organisme des Nations-Unies, a affirmé que le ciblage d’Israël de près de 1000 maisons civiles « soulevait de graves préoccupations au sujet du ciblage des civils et des biens civils, et du lancement d’attaques aveugles. »
C’est pendant qu’ils célèbrent la fête de l’Aïd al-Fitr, le 28 juillet, que Hind Imad Qadoura, 11 ans, son frère Yousef, 10 ans, et leur cousin Mohammad Musa Marzouq Elwan, 4 ans, sont tués quand Israël bombarde leur maison à Jabaliya.
Mais ce n’est pas qu’une seule histoire qui raconte comment Israël tue les enfants.
Hazem Naim Mohammed Aqel, enregistré comme orphelin par DCI-Palestine, est tué par un missile tiré depuis un drone le 23 juillet alors qu’il va avec son cousin à une épicerie dans le quartier Zeitoun de Gaza ville.
Le 29 juillet, Mohammad Abdul-Nasser Mohammad al-Ghandour, 15 ans, est touché par un éclat d’obus lors d’une frappe sur des terres agricoles à Beit Lahia, éclat qui le tue sur le coup.
Ibrahim Moatsem Ibrahim Kloub, 4 ans, est en train de jouer sur son balcon avec sa mère, quand un missile de drone percute sa maison familiale, le tuant et blessant gravement sa mère.
Ce ne sont là que quelques-unes sur des centaines de morts d’enfants qui ont été soigneusement documentés par les organisations des droits de l’homme.
Des dangers pour les femmes enceintes
La situation pour les femmes enceintes est particulièrement terrible. Sur les 46 000 femmes enceintes estimées dans Gaza, 10 000 sont déplacées. Le ministre palestinien de la Santé rapporte que 160 accouchements ont lieu, chaque jour. L’assaut israélien a provoqué une nette augmentation des naissances prématurées :
Les femmes donnent naissance dans des conditions de plus en plus difficiles. Les maternités ont été fermées, comme un certain nombre de centres de maternité privés. Les autres établissements sont engorgés. Dans certains, les lits de maternité sont utilisés pour les blessés. L’hôpital Shifa a indiqué une augmentation de 15 à 20 % des naissances prématurées, liées au stress des hostilités. Les naissances au domicile sont en hausse, augmentant les risques pour les femmes et pour leurs bébés.
Les Nations-Unies estiment qu’environ 373 000 enfants ont besoin d’un soutien psychologique immédiat, observant que les enfants survivant « présentent les symptômes d’une détresse grandissante, notamment l’énurésie, se cramponner aux parents, et les cauchemars. »
Un garçon palestinien, parmi des centaines de milliers d’habitants de Gaza déplacés, pose pour la photo, dans une école des Nations-Unies utilisée comme abri temporaire, dans Gaza ville, le 7 août.
(Ezz Al-Zanoon/APA Images)
Olivia Watson, collaboratrice à DCI-Palestine, a mis en garde contre le coût à long terme pour les enfants survivants de Gaza dans la publication israélienne +972 Magazine (http://972mag.com/how-will-gazas-children-carry-their-scars-into-adulthood/95029/) :
« Pour les enfants qui parviennent à échapper aux blessures physiques, les effets psychologiques de la dernière opération seront cachés, mais graves et lourds. Beaucoup ont perdu l’un de leurs parents, ou les deux, ou d’autres membres de leur famille. Certains ont perdu toute leur famille. Tous ont connu de très près la violence, la peur et l’instabilité.
« Les listes des morts… masquent la réalité qui attend les enfants palestiniens dans la bande de Gaza. Ceux qui survivent émergeront pour découvrir que leur vie d’avant est presque méconnaissable, alors que les familles, les écoles, les hôpitaux et les mosquées qui formaient leur monde ont été systématiquement détruits. »
Pendant que l’agression d’Israël continue, le nombre d’enfants victimes continue de grimper aussi.
Source: Electronic Intifada
Traduction : JPP pour l’Agence Média Palestine