Silvia Boarini – The Electronic Intifada – 22 août 2014
La famille Qarana est revenue dans sa maison démolie à Shujaiya, à l’est de Gaza ville, pour sauver des biens, le 26 juillet.
Après près de vingt jours de guerre, le quartier de Khuzaa, au sud de Gaza, près de Khan Younis, était toujours hors d’accès, le 26 juillet.
Les forces terrestres israéliennes avaient tiré des coups de semonce vers les habitants qui s’étaient rassemblés à une centaine de mètre de l’entrée du quartier. Ils espéraient, en vain, retrouver des parents manquants et voulaient vérifier l’état de leurs maisons.
Abasan al-Kabira, à l’est de Khan Younis, a été le secteur accessible le plus à l’est, ce jour-là, ou du moins, ce qu’il en restait – un quartier qui, auparavant, s’enorgueillissait de ses belles et grandes maisons, et de ses palmiers.
La maison d’Ibrahim Abukther, 32 ans, avait au moins trois étages. Maintenant, les murs extérieurs ont disparu, pour la plupart.
Au dernier étage, posée sur une des couvertures moelleuse que l’on trouve dans toute maison palestinienne, il y avait une main humaine. Dans les personnes rassemblées, certaines disent qu’Ibrahim n’a pas pu s’enfuir à temps. Les forces armées israéliennes ont commencé par bombarder la route ; sa maison était l’une des plus proches des terrains qui mènent à Khuzaa et ce que l’on appelle la zone tampon.
La jambe gauche d’Ibrahim, calcinée et encore attachée au bas de son torse, se trouvait dans le jardin. Des volontaires des services d’urgence l’ont doucement enlevée pour la poser sur une civière. La puanteur des corps en décomposition suffoquait.
Les mêmes scènes étaient vues à Shujaiya, dans le nord de Gaza, ce même jour.
Abdallah Qarara avait saisi ses enfants et fui sa maison, le 20 juillet, quand son quartier s’est trouvé sous des bombardements nourris par l’aviation et l’infanterie israéliennes. Soixante-dix Palestiniens ont été tués et deux cents blessés dans cette attaque.
Abdullah a l’air épuisé. Il en avait assez de la guerre, disait-il. Il voulait juste avancer dans sa vie. Il a montré une photo de ses deux petits enfants sur son téléphone. Ils étaient tous les deux maintenant à l’hôpital al-Shifa, à Gaza ville.
Durant un cessez-le-feu, ils sont rentrés, pour trouver que tout ce qui restait debout de leur maison, c’était la grosse infrastructure. Elle devra être abattue et la maison reconstruite.
Au rez-de-chaussée, la famille a essayé d’empiler le maximum de biens sur une charrette tirée par des chevaux. Des matelas, des pots et des casseroles, de ces couvertures bien connues et de ce qui est comme des souvenirs sentimentaux : un plateau, une assiette.
Pendant ce temps, dans la camp de la Plage à Gaza ville, la famille Bakr souffrait de la mort de quatre de ses enfants, qui jouaient sur la place dans les premiers jours de la guerre. Juste une semaine plus tard, une maison appartenant à Hassan Bakr a été prise pour cible dans le camp de réfugiés. Hassan a été tué, et environ vingt autres Palestiniens ont été blessés.
Des enfants marchaient pieds nus sur des terrasses en parpaings défoncée et des blocs de ciment effondrés. Épuisés, les gens avaient cessé de se demander, pourquoi ? Ils ramassaient des débris, comme ils l’avaient fait d’innombrables fois auparavant, recommençant leur vie, une fois encore. Sans savoir ce qu’il adviendrait.
Silvia Boarini est photojournaliste, basée à Beer Sheva, et travaillant actuellement sur un documentaire sur les Bédouins du Néguev.
La famille Qarara dans sa maison, le 26 juillet. Ils ont fui Shujaiya le jour du massacre du 20 juillet. Ils ont réussi à revenir près d’une semaine plus tard, durant un cessez-le-feu, pour évaluer les dommages de leur maison.
Une chambre d’enfant de la maison familiale des Qarara à Shujaiya, le 26 juillet.
Durant l’assaut d’Israël sur Gaza, les zones frontalières comme Shujaiya, ici photographiée le 26 juillet, ont fait l’objet de frappes aériennes et d’artillerie lourdes et prolongées.
La maison de la famille Bakr dans Gaza ville a été bombardée dans les premières heures du 22 juillet, jour où cette photo a été prise.
Un garçon de la famille Bakr se fraye un chemin dans les ruines de sa maison, dans le camp de la Plage à Gaza ville, le 22 juillet. Un missile israélien a touché le bâtiment familial, faisant trente sans-abri.
Des familles ont monté des tentes sur les ruines de leurs maisons à Shujaiya, photographées le 12 août, durant un cessez-le-feu. Les habitants ont passé des heures à la lumière du jour à rechercher leurs biens et parents manquants dans les décombres, puis le soir, ils sont retournés dans les écoles des Nations-Unies et d’autres abris.
Des enfants de la famille al-Smary, blessés par des éclats lors de l’attaque d’Israël contre le village de Qarara à Khan Younis, sont soignés à l’hôpital al-Nasser le 18 juillet. La famille a raconté avoir laissé le corps de l’un de ses fils alors qu’elle fuyait. Le village de Qarara, situé sur la zone-tampon le long de la frontière avec Israël, a été lourdement touché dès le début de l’opération terrestre, et déclaré zone militaire fermée par Israël.
Un homme, assis, choqué, à l’hôpital al-Shifa, à Gaza ville, le 28 juillet. Il avait aidé à apporter des corps d’enfants tués par un tir de missile près d’un parc, dans le camp de réfugiés de la Plage. Neuf enfants ont été tués ainsi qu’un homme âgé.
Des enfants à l’extérieur de la morgue de l’hôpital al-Shifa, dans Gaza ville, regardent le sang laissé par l’une des victimes après un bombardement de la ville, le 28 juillet.
Un garçon touché par des éclats est amené à l’hôpital al-Shifa le 19 juillet. Cet hôpital est le plus important de Gaza et a du mal à faire face à la quantité de blessés, surtout que les autres hôpitaux ont dû fermer après avoir subi les tirs des forces israéliennes.
L’hôpital al-Aqsa à Deir al-Balah, dans le centre de Gaza, a été à maintes reprises bombardé par les forces armées israéliennes en début de journée le 21 juillet. Cinq Palestiniens ont été tués dans les frappes et soixante-dix blessés avant que les patients de l’hôpital aient pu être évacués en toute sécurité de l’hôpital, qui était totalement opérationnel avant les frappes.
L’hôpital al-Aqsa à Deir al-Balah, dans le centre de Gaza, a été maintes fois bombardé par les forces israéliennes en début de journée le 21 juillet.
Une maison du village de Khuzaa le 3 août. Le village s’est trouvé sous un attaque lourde au début de l’opération terrestre d’Israël et est resté inaccessible à ses habitants jusqu’à fin juillet.
Durant un cessez-le-feu, le 26 juillet, des Palestiniens sont revenus brièvement dans leurs maisons à Abasan al-Kabira pour évaluer les dommages et sauver leurs biens. Une femme de la famille Abukther réagit à la mort et aux destructions autour d’elle.
Des restes d’Ibrahim Abukther, 32 ans, dans sa maison à Abasan al-Kabira, à l’est de Khan Younis, près de la frontière avec Israël.
Durant un cessez-le-feu, le 26 juillet, des volontaires de la défense civile récupèrent les restes d’Ibrahim Abukther, 32 ans, à Abasan al-Kabira.
Durant une pause dans les combats, coordonnée par la Croix-Rouge, les derniers habitants de Shujaiya en train de fuir leurs maisons et récupérant une partie de leurs biens, le 23 juillet.
Durant une brève pause dans les combats, le 23 juillet, des volontaires de la défense civile tentent de récupérer des corps dans les ruines de maisons bombardées à Shujaiya.
Durant un cessez-le-feu, le 26 juillet, des Palestiniens sont retournés dans leurs maisons, à Shujaiya, pendant quelques heures, pour sauver leurs biens.
Durant un cessez-le-feu, des Palestiniens examinent les destructions dans le quartier Shujaiya à l’est de Gaza ville, le 12 août.
Source: The Electronic Infifada
Traduction : JPP pour l’Agence Média Palestine