Israël a utilisé la « disparition » d’un soldat comme prétexte à une tuerie, selon un groupe de défense des droits

Adri Nieuwhof vendredi 27/02/2015

Blood on the ground at a United Nations run school after Israeli air strikes in Rafah in the southern Gaza Strip

Dix personnes ont été tuées lorsqu’Israël a attaqué cette école de l’ONU à Rafah, au sud de Gaza, le 3 août dernier. (Ashraf Amra / APA images)

Israël a utilisé la « disparition » d’un soldat à Gaza comme prétexte pour tuer 225 Palestiniens en trois jours l’été dernier, ce dont ce fait état une nouvelle étude.

Le 1er août, l’an dernier, l’armée israélienne a informé qu’un de ses lieutenants, Hadar Goldin, était manquant dans la zone de Rafah, près de la frontière entre Gaza et l’Égypte. La réponse israélienne a été de « tirer sur tout et sur tout le monde », d’après une analyse publiée cette semaine par Al-Haq, l’association palestinienne de défense des droits humains.

Rafah a été sous le feu de terre, de mer et de l’air. La plupart des 225 Palestiniens tués l’ont été le premier jour. Le 3 août, 2 579 maisons au total avaient été complètement ou partiellement détruites.

Israël aurait invoqué la « directive Hannibal » en apprenant que Goldin était manquant. Cette procédure permet à l’armée de tuer un de ses propres soldats afin d’empêcher sa capture par des résistants. L’assaut sur Rafah a pris place au moment où un cessez-le-feu temporaire était supposé être mis en place.

Plus de 2 200 Palestiniens ont été tués durant l’attaque israélienne de 51 jours sur Gaza, en juillet et août.

L’étude de AL-Haq montre que ce sont des civils qui ont le plus souffert de l’attaque. Plus de 43 500 familles ont été affectées par les destructions de maisons. 125 000 enfants environ vivaient dans ces maisons.

Des Mosquées ciblées

L’étude avance aussi qu’Israël a délibérément ciblé des hôpitaux et des lieux de culte. 61 mosquées au total ont été complètement détruites et 121 l’ont été partiellement, dit l’étude. Sept centres de santé ont été complètement détruits et 27 en partie.

Sept écoles aussi ont été complètement détruites et 57 ont souffert de graves dégâts. Et le rapport établit que des établissements dédiés aux enfants et aux pré-scolaires ont aussi été attaqués. Parmi eux, huit ont été complètement détruits et 44 en partie. 556 enfants palestiniens au total ont été tués pendant ces 51 jours.

Al-Haq accuse Israël de poursuivre une stratégie de « diviser pour conquérir ». Plus tôt dans l’année 2014, le Hamas, qui administre Gaza et le Fatah qui contrôle l’Autorité Palestinienne en Cisjordanie occupée, s’étaient mis d’accord pour former un « gouvernement unitaire ». Après avoir clairement montré son hostilité à cet accord, Israël a lancé des opérations militaires à la fois en Cisjordanie et à Gaza.

Le moment de ces offensives et leur caractère aveugle montrent qu’elles étaient « punitives » et « motivées par la réconciliation palestinienne », selon Al-Haq. Ces attaques faisaient partie de la « politique générale » israélienne consistant à maintenir la séparation entre Gaza et la Cisjordanie, dans le but ultime de conquérir les deux, dit le groupe.

Al-Haq refuse l’argument israélien selon lequel Israël aurait tenté d’épargner les civils en les avertissant des bombardements. La plus infâme méthode de ces avertissements est peut-être celle connue comme « toquer sur le toit ». Elle consiste à envoyer une première bombe qui précède une attaque plus forte et plus meurtrière.

Avertissement cinq minutes avant

Selon Al-Haq, tous les bombardements de maisons constituent une attaque sur la vie des civils et sur les équipements.

Ces « avertissements » ne dispensent pas non plus Israël de ses responsabilités vis-à-vis du droit international. Les civils ne sont pas obligés de quitter leur maison lorsqu’ils reçoivent un avertissement. Et le fait de « toquer sur le toit » n’a eu aucune pitié des groupes vulnérables tels que les personnes âgées, les enfants ou les personnes handicapées.

Dans certains cas, il y a eu un temps très court entre le fait de « toquer sur le toit » et une attaque plus forte. Dans l’un de ces bombardements dans la zone de Khan Younis, ce fut seulement cinq minutes. Une femme enceinte et sa fille de un an ont été tuées.

Israël a prétendu que l’envoi de l’armée de terre à Gaza avait pour objectif la destruction des tunnels utilisés par les combattants palestiniens. Al-Haq conteste et estime peu vraisemblable que l’existence de tels tunnels ait fourni à Israël une « raison impérative et prioritaire » pour déraciner des centaines de milliers de gens.

Alors que seuls dix tunnels auraient été trouvés à la date du 20 juillet, le déplacement de civils é a été « grossièrement disproportionné avec quelque avantage militaire qui ait pu être obtenu », ajoute Al-Haq. C’est pour cette raison que l’attaque peut être considérée comme une forme de punition collective, interdite en droit international.

La nouvelle étude apporte une solide évidence qu’Israël a commis des crimes contre l’humanité l’été dernier. On peut espérer que cela dynamise les efforts pour amener Israël devant la Cour Pénale Internationale.

Traduction: SF pour l’Agence Media Palestine

Source: Electronic Intifada

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