9.500 Palestiniens vivent encore dans les écoles de l’ONU à Gaza

Rami Almeghari, le 6 mars 2015

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Sakher al-Kafarneh devant sa maison détruite à Beit Hanoun au nord de la Bande de Gaza.
(Shadji Alqarra)

Sakher al-Kafarneh avait 3.000 poulets, 35 moutons, 5 vaches et un cheval. Ceci c’était avant qu’Israël attaque sa ferme pendant l’été 2014.

« Nous avons tout perdu », a-t-il dit. « Seules deux vaches sont encore vivantes. »

Depuis l’attaque, al-Kafarneh et sa famille vivent dans une école régie par l’UNWRA, agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens. Ils font de petits voyages jusqu’à leur maison de Beit Hanoun dans la zone de Gaza pour utiliser les toilettes. Celles-ci sont intactes, alors que leur maison a été presque entièrement détruite.

Al-Kafarneh estime qu’il lui faudrait 50.000 $ pour réparer les dommages infligés à sa maison et à sa ferme. Il veut désespérément rendre la maison à nouveau habitable « pour restaurer ne serait-ce qu’un peu de notre dignité ».

« Ma femme, trois enfants, mes parents et ma grand-mère, tous vivent dans une salle de classe de cette école », a-t-il dit. « Je ne peux même pas décrire à quel point notre vie est misérable ici. »

Selon les données révélées cette semaine, près de 9.500 personnes de Gaza ont trouvé un abri dans des locaux de l’ONU. L’UNICEF, fonds des Nations Unies pour l’enfance, a écrit que la situation humanitaire était pire qu’elle n’était déjà avant l’attaque par Israël.

Résultat, les « capacités de résistance » des femmes et des enfants ont été gravement affectées, a affirmé l’UNICEF.

« Inacceptable »

Alors que les donateurs internationaux se sont engagés, en octobre de l’an dernier, à verser 5.400.000.000 $ pour la reconstruction de Gaza, seule une fraction de cette aide s’est matérialisée. Robert Serry, le diplomate néerlandais qui a supervisé les activités de reconstruction de l’ONU, a dit lundi que la lenteur de l’arrivée de l’aide était « franchement inacceptable ».

Oxfam a averti que, au taux actuel de livraison, il faudrait un siècle pour satisfaire les besoins de Gaza.

Plus de 43.500 familles ont été touchées par les destructions de maisons.

La famille de Um Ahmad en fait partie. Avant l’attaque, cette mère de sept enfants aimait passer « du bon temps au soleil » sur le toit de leur maison.

Après la démolition de la maison, elle a trouvé refuge chez sa belle-sœur à Khan Younis, ville du sud de Gaza. Elle et son mari, Khaled Redwan (connu aussi sous le nom d’Abu Ahmad) dorment à côté du canapé du séjour. Dix personnes sont abritées dans cette maison qui n’a qu’une seule salle de bains.

Ramez Qanou a un appartement dans un immeuble de quatre étages à Shujaiya, faubourg de la ville de Gaza où Israël a effectué un massacre en juillet.

Qanou est un officier de la police locale de Gaza. Il n’a pas reçu son salaire depuis environ huit mois.

Après avoir emprunté récemment un peu d’argent, il essaie de réparer son appartement gravement endommagé en utilisant de vieilles briques. Etant donné le manque de matériaux de construction, il n’a pas eu d’autre choix que d’acheter un sac de ciment au marché noir pour presque 30 $.

Comme beaucoup d’autres à Gaza, il faut qu’il revienne de toute urgence dans son vieil appartement. « Je ne peux plus m’offrir le loyer d’un autre appartement », a-t-il dit. « Qu’est-ce que je vais faire ? »

Rami Almeghari est journaliste et professeur d’université dans la Bande de Gaza.

Source : The Electronic Intifada

Traduction : J. Ch. pour l’Agence Média Palestine

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