David Cronin, 14 avril 2015
Part of Issawiyeh, a Palestinian village, has been stolen to accommodate students from the Hebrew University. (Mahfuz Abu Turk / APA images)
Un collège universitaire situé dans la partie occupée de Jérusalem Est est le premier bénéficiaire israélien des financements de l’Union européenne dans le domaine de la science.
L’Université hébraïque de Jérusalem a participé à 237 projets dans le cadre d’un programme de recherche scientifique européen pluri-annuel qui s’est étendu de 2007 à 2013.
Selon un document interne de l’UE que j’ai consulté, l’Université était le principal participant israélien du programme.
Les fonctionnaires de l’UE ont fait preuve d’une grande détermination pour continuer à aider l’Université. Après la publication des directives européennes de 2013 selon lesquelles les entreprises et institutions israéliennes basées à Jérusalem Est et ailleurs dans la Cisjordanie occupée ne devraient pas bénéficier de subventions, ses représentants se sont empressés d’affirmer que l’Université hébraïque n’en serait pas affectée.
Un document portant sur « les questions fréquemment posées » distribué par l’ambassade de l’UE à Tel-Aviv soutenait que l’Université hébraïque ne se trouvait pas dans les territoires occupés, même si elle possédait un campus dans la partie Est de Jérusalem. L’argument des diplomates reposait sur la manière dont le Mont Scopus, où ce campus se trouve, a été capturé par les forces sionistes en 1948, et non en 1967.
Argument suranné
Il s’agit d’un argument suranné. L’Université hébraïque a empiété sur un territoire qu’Israël a commencé à voler depuis le début de l’occupation de la Cisjordanie en 1967, Jérusalem Est incluse. En 1968, Israël a ordonné la confiscation de 3345 dunums de terre palestiniennes dans les environs du Mont Scopus (un dunum représente 1000 mètres carrés ou un quart d’acre). L’Université hébraïque s’est agrandie sur cette terre.
La position de l’UE ne tient pas compte du fait qu’une grande partie d’Issawiyeh, un village palestinien proche du Mont Scopus, a été expropriée dans le but d’accueillir des internats et d’autres installations pour les étudiants de l’Université hébraïque.
En essayant de distinguer la violence qui a conduit à l’établissement de l’état d’Israël en 1948 et l’occupation de 1967, l’UE cède aux caprices de ces sionistes libéraux qui souhaitent masquer l’étendue réelle des crimes commis par l’état d’Israël.
Comme le montrent les documents proposés par Ilan Pappe dans son livre Le nettoyage ethnique de la Palestine, des universitaires de l’Université hébraïque ont aidé à préparer le terrain pour la Nakba (terme arabe signifiant catastrophe), à savoir le déracinement forcé de 750000 Palestinien en 1948. Ben-Zion Luria, un historien de l’Université, a recommandé que le Fonds National Juif dresse un inventaire complet des villages palestiniens, car cela « aiderait grandement pour le rachat de [?] la terre » a-t-il écrit.
Pappe a démontré comment cette proposition a donné « un élan et un zèle accrus aux plans d’expulsion » mis en place en 1948.
Soutien au génocide
L’Université hébraïque n’a cessé de proposer son soutien aux actes de génocide commis par l’État d’Israël.
Quand Israël a attaqué Gaza pendant l’été 2014, l’Université a mis en place une campagne de collecte de fonds afin que les soldats participant à l’offensive puissent recevoir des bourses d’étude.
Certains des projets financés par l’UE impliquant l’Université hébraïque sont très médiatisés. Le Projet Cerveau Humain, par exemple, a reçu 54 millions d’euros (57,5 millions de dollars) de financements européens entre 2013 et l’an prochain. (Cela fait partie d’une initiative plus large susceptible de recevoir 1 billion d’euros de la part de la bureaucracie de Bruxelles et des gouvernements européens.)
Cette tentative pour comprendre comment le cerveau humain fonctionne a attiré les critiques d’un groupe de neurologues, prétendument en raison de leur approche trop restrictive. Cependant, il est certain que l’implication d’une institution israélienne qui supporte des attaques dans lesquelles les enfants de Gaza ont littéralement leurs cervaux explosés est un sujet bien plus sérieux.
Flagorneries
En excluant seulement les entités qui sont effectivement basées dans des colonies de Cisjordanie exclusivement réservées aux juifs, l’UE passe rapidement sur des institutions qui encouragent l’entreprise de colonisation dans son entier.
L’Université hébraïque est une institution de ce type. On sait que son personnel siège dans des comités d’évaluation des nominations plannifiées à l’Université d’Ariel, qui se situe au cœur de la Cisjordanie. Malgré ses relations cordiales avec cette école pour les colons, l’Université hébraïque refuse de reconnaître les diplômes délivrés par l’Université d’al-Quds, un Collège universitaire palestinien à Jérusalem.
Des figures européennes du plus haut niveau ont exhibé une attitude de complaisance servile envers l’Université hébraïque. Ayant reçu un diplôme d’honneur l’an dernier, le Président du Parlement européen Martin Schulz s’est extasié à propos de « ce moment exceptionnel dans ma vie ». Schulz a utilisé la cérémonie de remise du diplôme pour s’opposer aux différents appels faits par les Palestiniens pour boycotter l’état d’Israël.
Ce faisant, le porte-parole du seul corps de l’UE élu par les suffrages directs a démontré qu’il se souciait davantage de calmer l’oppresseur que de soutenir les droits de l’opprimé. Sa posture était typique de la manière dont l’Union soutient l’appartheid israélien, alors qu’elle prétend le contraire.
Traduction : Lila L. pour l’Agence Média Palestine
Source: Electronic Intifada