Pourquoi j’ai aidé à « fermer » le lobby des armes en Europe

David Cronin – 5 mai 2015

asdaction

J’ai aidé à « fermer » les bureaux du lobby des armes ASD mardi. (Vredesactie/Flickr)

Aujourd’hui, j’ai participé à la « fermeture » d’un groupe de pression qui représente quelques-uns des plus grands exportateurs d’armes.

À l’heure du déjeuner, à plus d’une douzaine de militants, nous avons pénétré dans le siège de l’Association des industries aérospatiales et de défense de l’Europe (ASD) à Bruxelles, en annonçant que nous en prenions le contrôle. Nous avons distribué des lettres de licenciement à son personnel, recouvert son aire de réception de feuilles blanches et affiché des pancartes disant « Marchands armes expulsés ».

Notre action a suscité des réactions hostiles de la part de Kyle Martin, un directeur d’ASD. Il a commencé par faire des boules avec nos papiers et déchirer nos pancartes, nous disant que nous nous rendions coupables d’une violation de propriété privée.

Son attachement à la propriété est quelque peu bizarre, sachant qu’ASD veut que l’industrie des armes soit fortement subventionnée par les deniers publics. Une étude récente d’ASD sur l’innovation en matière d’armement conclut qu’ « un financement à 100% de l’industrie (des armes) devrait être considéré comme la norme ».

ASD comprend cinq des quinze plus grandes entreprises d’armes de la planète : BAE Systems, Airbus, Thales, Finmeccanica et Rolls-Royce. Toutes ces entreprises ont des liens importants avec Israël.

Finmeccanica fournit un avion à réaction pour l’entraînement à l’armée israélienne dans le cadre d’un accord portant sur un milliard de dollars. BAE Systems fournit des équipements électroniques à l’armée israélienne.

Thales est associé à Elbit Israel pour fabriquer des drones pour l’armée britannique.

Airbus développe un « système d’alerte précoce » pour les avions de combat en partenariat avec Israel Aerospace Industries. Et on trouve des moteurs de Rolls-Royce sur de nombreux avions utilisés par l’armée de l’air israélienne.

Des avantages pour Israël

ASD est également impliquée dans des activités de lobbying qui se sont avérées juteuses pour les marchands de mort d’Israël.

Pendant de nombreuses années, ASD a poussé l’Union européenne pour qu’elle attribue une plus grande part de son programme de recherche scientifique à la technologie militaire. Résultat, l’Union a mis en place un programme de « recherche en matière de sécurité ».

Les entreprises d’armements d’Israël ont participé à égalité avec les entreprises et institutions européennes dans ce programme depuis son lancement. De ce fait, les fabricants des drones utilisés pour tuer des enfants à Gaza et ceux de l’équipement de surveillance installé tout au long du mur d’Israël en Cisjordanie occupée ont profité généreusement des subventions européennes.

Notre action au siège d’ASD a conduit à un groupe de discussion impromptu. On m’a demandé de faire un exposé sur la façon dont l’industrie de l’armement avait influencé la politique de l’UE. Jan Pie, le secrétaire général plein de savoir-faire et apparemment imperturbable d’ADS, m’a écouté, et m’a coupé la parole pour prétendre que toutes les activités de recherche de l’Union sont de nature civile.

C’était un mensonge

Comme je l’ai documenté dans mon livre Corporate Europe, ASD a poussé l’UE à financer la recherche sur la technologie avec des applications tant civiles que militaires. Le groupe a connu un succès considérable ; bon nombre de projets scientifiques de l’UE ont trait aux drones, avions intrinsèquement militaires mis au point par Israël.

ASD essaie de promouvoir les drones comme étant profitables à l’économie de l’Europe. En mars, Pie a prédit que les drones pourraient contribuer à 150 000 « emplois directs » en 2050.

Ne possédant pas de boule de cristal, je n’ai aucun moyen d’évaluer si de tels pronostics vont se réaliser. Mais même si c’était le cas, la stratégie que Pie veut voir poursuivie par l’Europe est incompatible avec les intérêts et les désirs de sa population.

Pernicieux

Gaza a été le principal laboratoire du monde pour les drones ces derniers temps. Voulons-nous vraiment que la politique économique de l’Europe s’inspire d’une expérience cruelle contre un peuple assiégé ?

Les personnels que nous avons rencontrés à ASD n’ont pas voulu reconnaître qu’ils causaient des dommages dans le monde réel. Kyle Martin a tenté d’écarter mes plaintes sur la façon dont l’Arabie saoudite est le client numéro un de certains membres d’ADS comme étant hors propos. L’Arabe saoudite a été, bien sûr, dernièrement occupée à bombarder le Yémen à l’aide d’armes occidentales.

ASD a appelé la police. Nous avons refusé de partir quand les flics sont arrivés, alors ils nous ont virés du bâtiment. Les flics nous ont demandé nos cartes d’identité et ont relevé nos noms.

Plusieurs voitures de police se sont pointées devant le bâtiment où ADS est basée mais nous n’avons pas été mis en détention.

Les lobbyistes de l’armement à Bruxelles sont habituellement déconnectés de la réalité. Aujourd’hui fut une exception.

Nous les avons confrontés aux conséquences de leurs activités pernicieuses.

asdaction2

Les militants ont dit que les marchands d’armes les avaient expulsés. (Vredesactie/Flickr)

Traduction : JPP pour l’Agence Média Palestine

Source: Electronic Intifada

Retour haut de page