Patrick Strickland, 21 août 2015
Un travailleur de l’UNRWA soigne des civils de Yarmouk où les cas de typhoïde ont plus que triplé en trois jours. (UNRWA)
Le nombre de cas de typhoïde confirmés a « plus que triplé » depuis mardi parmi les Palestiniens du camp de réfugiés de Yarmouk en Syrie, selon l’UNRWA, agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens.
En atteignant pour la première fois Yalda, zone voisine où beaucoup de Palestiniens ont trouvé refuge depuis début juin, l’UNRWA a maintenant confirmé au moins 23 cas de typhoïde. Pire encore, cela arrive au moment où Damas souffre d’une intense vague de chaleur.
Situé dans la banlieue sud de Damas, Yarmouk est l’un des 13 camps de réfugiés palestiniens et hébergeait autrefois quelques 200.000 personnes. A cause de la brutalité du régime syrien -le blocus imposé qui limite l’accès des résidents à la nourriture et aux médicaments-, ce nombre s’est effondré en mars à un chiffre estimé de 18.000 personnes.
Censément en coopération avec Jabhat al-Nusra, branche syrienne d’al-Qaida, l’État Islamique (ISIS) a envahi Yarmouk en avril, occupant plus de 90 pour cent du camp.
Depuis cette attaque, on estime le nombre de civils restés dans le camp entre 5.000 et 8.000, selon la Fondation Jafra, pour le Soutien et pour le Développement de la Jeunesse, basée à Yarmouk.
« Un combat contre le temps »
« Alors que [la vague de chaleur] continue à toucher Damas, avec des températures montant jusqu’à 41°C (105° Farenheit) et de fréquentes coupures d’eau, le risque épidémique est extrêmement inquiétant à Yarmouk, Yalda et d’autres zones adjacentes telles que Babila et Beit Saham », a dit le porte-parole de l’UNRWA à l’Electronic Intifada.
« Dans ces endroits, l’accès aux soins demeure gravement limité », a dit Gunness, ajoutant que l’ONU n’avait pas pu accéder à l’intérieur du camp depuis le 28 mars – avant l’invasion d’ISIS.
« La vulnérabilité des civils de Yarmouk demeure d’une extrême gravité. L’UNRWA est profondément inquiète du fait que, sans accès, les besoins humanitaires les plus basiques des civils palestiniens et syriens, dont beaucoup d’enfants, ne pourront être satisfaits », a poursuivi Gunness.
« C’est un combat contre le temps. Nous sommes inquiets de ce que, à moins d’une rapide amélioration de la situation de la santé publique, le nombre de malades de la typhoïde pourrait s’élever à un niveau d’urgence de santé publique. »
Plus de 95% des réfugiés palestiniens dépendent de l’aide humanitaire de l’UNRWA pour la nourriture, l’eau et les soins de santé. Cependant, l’agence onusienne souffre d’une crise sévère de financement qui menace d’interrompre l’accès des réfugiés à cette aide.
Catastrophe après catastrophe
L’irruption de la typhoïde n’est que la dernière d’une longue série de catastrophes endurées par les Palestiniens dans toute la Syrie depuis le soulèvement démarré en mars 2011 dans ce pays.
Sans nourriture ni médicaments pouvant entrer dans le camp à cause du blocus asphyxiant, les Palestiniens ont été réduits à manger des animaux errants et de l’herbe pour survivre, comme le rapportait récemment l’Electronic Intifada.
Pendant tout ce temps, selon de récentes estimations, plus de 240.000 personnes ont été tuées dans les combats entre le régime syrien et les groupes d’opposition armée.
Le Groupe d’Action pour les Palestiniens en Syrie, basé au Royaume Uni, a fait état de la mort de presque 3.000 Palestiniens. Pendant la première moitié seulement de 2015, au moins 303 Palestiniens sont morts.
Et 247 Palestiniens ont été enlevés ou ont disparu, ajoute le Groupe d’Action.
Jeudi, les forces du régime syrien ont arrêté cinq Palestiniens – dont un homme de 74 ans – à un checkpoint près du camp de réfugiés de Khan al-Shiah.
Pendant ce temps, à Yarmouk, les résidents sont toujours confrontés à l’occupation brutale de larges pans du camp par les combattants de Jabbal al-Nusra et ISIS.
Selon la fondation Jafra, au moins 30 dirigeants palestiniens locaux – dont des politiques, des militants et des travailleurs humanitaires – ont été assassinés depuis l’invasion d’ISIS en avril.
Traduction : J. Ch. pour l’Agence Média Palestine
Source : The Electronic Intifada