Par Maureen Clare Murphy, 23 Septembre 2015
Vidéo: https://www.youtube.com/watch?v=P2uYNzWYXrA
« J’étais sur mon balcon. J’ai entendu Saad crier ‘À l’aide. Ils m’ont tué’ explique Ibrahim Dawabsha, dans un nouveau court métrage de Al-Haq, le groupe palestinien de défense des droits (visible en haut de la page).
Ibrahim s’est précipité pour trouver Saad Dawabsha et sa femme Riham, étendus au sol, leurs corps en feu.
Un personnage masqué se tenait près de Saad et un autre près de sa femme.
Ibrahim a porté Saad puis Riham hors de leur maison en flammes, puis a fait sortir Ahmed, leur fils de 4 ans pour le sauver.
« Je l’ai amené chez mon voisin. Le voisin m’a dit qu’il y avait un autre enfant à l’intérieur de la maison, appelé Ali. Je suis retournée dans la maison de Saad. À ce moment-là, la maison était totalement en proie aux flammes. »`
Pendant que les villageois attendaient les pompiers, ils ont en vain essayé de sauver le petit Ali, qui a péri dans le feu.
Une cellule violente
Six heures avant que la maison familiale Dawabsha ait été incendiée dans le village de Douma en Cisjordanie occupée, le 31 juillet, la chaîne Channel 2 d’Israël a présenté un groupe de colons qui avaient mis le feu à l’Église historique de la multiplication des pains et des poissons en Galilée dans l’actuel Israël.
Lors de leur arrestation, selon ce qu’a dit Channel 2, les membres de cette cellule ont avoué qu’ils avaient mis le feu à l’église de même qu’à des maisons et des mosquées en Cisjordanie. Les enquêteurs on trouvé un CD qui décrit comment brûler vifs des Arabes : cassez les vitres d’une maison, jetez une matière inflammable à l’intérieur et mettez le feu aux ouvertures.
« Ainsi les Arabes sont brûlés à mort », ainsi que le certifient les instructions.
Après l’acte incendiaire de la maison des Dawabsha, l’armée israélienne a tenu une conférence de presse devant la maison.
Le document filmé d’Al-Haq montre un porte-parole de l’armée déclarant, en arabe, qu’Israël promet « d’arrêter ceux qui ont fait cela et de les traduire en justice ».
Personne ne connaît mieux la vacuité de telles promesses que Hussein Abou Khudair.
Son fils de 16 ans, Mohammad a été enlevé chez lui à Jérusalem et brûlé vif en juin 2014, quelques heures après une manifestation de droite dans la ville, au cours de laquelle les manifestants avaient crié « Mort aux Arabes ».
« Ceux qui ont enlevé mon fils avaient participé à la manifestation, qui leur avait procuré un soutien moral pour kidnapper mon fils Mohammad et l’incendier » explique Hussein dans le document.
« Pendant quatre jours la police israélienne a prétendu que mon fils avait été tué pour des problèmes familiaux » ajoute-t-il.
« N’étaient les informations des caméras de surveillance sur l’enlèvement et sur les kidnappeurs, la police israélienne aurait ouvert une enquête contre X ».
Lorsque le juge est notre ennemi
Les meurtriers de Mohammad sont en procès. Mais Hussein ne croit pas que ce procès fera justice à sa famille.
« Le système judiciaire israélien n’est pas impartial. Lorsque le juge est votre ennemi, à qui pouvez-vous vous plaindre ? Le système judiciaire israélien est favorable à ces criminels ».
Hussein insiste tout d’abord sur le fait que les gens qui ont tué son fils n’auraient pas dû avoir la possibilité de commettre le crime.
« La police a coopéré avec eux en dépit du fait qu’elle aurait dû les arrêter avant qu’ils ne brûlent et ne tuent Mohammad » dit-il.
On peut seulement imaginer que Saad et Riham Dawabsha diraient la même chose sur ceux qui ont massacré Ali qui avait 18 mois.
Mais Saad est mort de ses blessures une semaine après l’attaque, puis Riham a succombé aux siennes un mois plus tard
Impunité
Près de deux mois après cette attaque, personne n’a été inculpé en lien avec ce crime, bien que le gouvernement israélien sache qui l’a commis.
La promesse du porte-parole de l’armée israélienne d’attraper les tueurs de la famille Dawabsha est assez cynique, au vu de la longue histoire d’attaques, par des colons, de Palestiniens, de leurs récoltes, de leurs maisons et de leurs lieux de culte, sans sanction.
Mais elle est aussi totalement sincère, dans la mesure où l’armée protège la présence même de colons en Cisjordanie par sa violente occupation qui prive les Palestiniens de leurs droits les plus élémentaires.
L’armée d’Israël est au service des colons, qui sont une composante nécessaire de l’entreprise coloniale d’État.
Pourquoi l’armée infligerait-elle aux colons des sanctions plus sévères, lorsque ses propres soldats en uniforme se tirent à bon compte tous les jours de meurtres de Palestiniens aux checkpoints, comme cela s’est passé mardi sur un jeune de 18 ans, Salah Hashlamoun.
Croire qu’une famille palestinienne pourrait obtenir justice de la part d’un tribunal israélien revient à ignorer complètement la réalité du système et au service de qui il est.
Traduction: SF pour l’Agence Media Palestine
Source: Electronic Intifada