1) Sodastream a quitté les colonies et s’est installée dans le Néguev, qui se situe à l’intérieur des frontières internationalement reconnue d’Israël, alors tout va bien maintenant ?
Certains mettent en avant que, puisque cette usine n’est plus dans les « territoires occupés », elle ne devrait plus être la cible de boycott – alors que, selon l’appel BDS, ce sont bien toutes les entreprises israéliennes qui sont des cibles de boycott.
En effet, la défense des droits humains et du droit international dans cette région du monde ne se limite pas à la stricte géographie, mais impose de ne pas soutenir de quelque manière que ce soit des entreprises israéliennes, comme Sodastream, dont les politiques vont à l’encontre de tout ce que l’on peut qualifier d’éthique. Cette entreprise, comme toute entreprise israélienne, profite des violations des droits de l’Homme par Israël et de sa politique discriminatoire envers ses citoyens non juifs.
Ainsi, la campagne contre Sodastream continuera d’être un outil éducatif soulignant les politiques discriminatoires d’Israël envers les Palestiniens d’Israël, et un moyen de pression contre les entreprises qui profitent des violations des droits du peuple Palestinien.
2) Sodastream n’exproprie plus les Palestiniens ?
L’entreprise Sodastream a, pendant plusieurs années, participé à l’expropriation des Palestiniens de leur terres, puisque cette entreprise était directement implantée dans une colonie des territoires occupés depuis 1967.
Aujourd’hui encore, cette entreprise continue à mépriser les Palestiniens, puisqu’elle a décidé de s’implanter dans le Néguev, ou des Palestiniens (Bédouins) sont quotidiennement expropriés. Sa nouvelle usine de Lehavim se trouve à proximité de Rahat, une ville ghetto prévue dans le désert du Néguev où les Bédouins sont en train d’être transférés, contre leur volonté et par la force.
L’objectif de couper les Bédouins de leur héritage agricole traditionnel et de leur terres ancestrales, où ils vivaient avant même la création de l’Etat d’Israël, fait partie intégrante de l’initiative du gouvernement israélien connue sous le nom de Plan Prawer, dont le but est de déplacer 70.000 citoyens bédouins du Néguev. Bien que le Plan Prawer doive encore être voté par la Knesset israélienne en tant que loi, il est actuellement déjà mis en place. Depuis que la Plan Prawer a été rendu public, le gouvernement a annoncé des plans pour déplacer plus de 10.000 personnes et, à leur place, planter des forêts, construire des complexes militaires, et installer de nouvelles colonies juives, dont celle de Lehavim. Des milliers de maisons ont déjà été détruites.
Les fonctionnaires du gouvernement israélien sont fiers de faire le lien entre l’industrialisation du Néguev, par la construction d’usines comme celle de Sodastream, avec le Plan Prawer. L’établissement de Sodastream dans le Néguev est aussi une manifestation de la vision de Moshe Dayan : les Bédouins étant arrachés de force à leur mode de vie traditionnel, pour se voir proposer du travail en usine à la place de l’agriculture qu’ils pratiquent depuis des générations.
3) Sodastream ne fait pas de politique ?
Mais alors comment expliquer les déclarations du PDG de Sodastream lui même, qui en août 2014 déclarait « Nous sommes sionistes » ?:
Par ailleurs, l’usine de SodaStream dans le Néguev s’est implantée à l’aide des subventions du gouvernement à hauteur de 20 millions de dollars (18 millions d’euros), dans un effort pour industrialiser le Néguev et dissocier ses citoyens bédouins de leur terre historique et de leurs moyens de subsistance agricoles traditionnels. Si Sodastream ne fait pas de politique directement, elle est au minimum complice active d’un projet politique du gouvernement israélien de colonisation de terres palestiniennes, d’expropriation de la population autochtone, et de vol de ses ressources.
4) Sodastream améliore les conditions de vie des Palestiniens dans le Néguev ?
Sodastream poursuit ses habitudes de conditions de travail injustes dans l’usine du Néguev qui est déjà opérationnelle. Selon le quotidien israélien Haaretz, ils est demandé aux ouvriers, dont beaucoup sont des femmes bédouines, de travailler plus ou moins d’heures selon les besoins de la compagnie. Cela peut signifier des journées de travail jusqu’à 12 heures d’affilée… alors Sodastream, usine éthique ?
Au Néguev, où Sodastream s’est installée, les Bédouins palestiniens sont discriminés dans leur accès à l’école, à des soins médicaux mais aussi à l’eau. Dans ce contexte, le slogan de Sodastream « Water Made Exciting » doit résonner comme incroyablement cruel à ces communautés qui vivent sans eau courante.
Fiche réalisée par l’Agence Média Palestine – Septembre 2015 – agencemediapalestine@gmail.com