Les arrestations liées à l’incendie criminel qui a détruit une maison palestinienne

Electronic Intifada, , 3 Décembre 2015

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Des enfants dans la maison incendiée de la famille Dawabsha, avant la cérémonie d’obsèques de Riham, morte de ses blessures, plus d’un mois après que l’incendie criminel dont les auteurs suspectés seraient des extrémistes juifs, ait tué Ali, son bébé de 18 mois et Saad, son mari, le 7 septembre. Yotam Ronen ActiveStills

 

Israël a arrêté deux jeunes soupçonnés d’avoir jeté sur une maison palestinienne, une bombe incendiaire qui a tué trois membres de la famille Dawabsha, dans le village de Douma en Cisjordanie occupée, en juillet.

Le secret a été placé sur l’enquête à la suite d’arrestations en début de semaine, mais un porte-parole de la police a confirmé jeudi que deux jeunes hommes ont été arrêtés.

Le porte-parole a dit que de multiples arrestations ont été effectuées en lien avec différentes attaques. L’Intifada électronique a confirmé que deux arrestations ont été faites en particulier dans le cas de la tuerie des Dawabsha.

Les suspects, dont les noms sont toujours tenus cachés par les media israéliens, en raison de l’ordonnance de silence, sont Hanoch Ganiram et Elisha Odess qui est mineur.

Les deux ont été interrogés mais non encore inculpés.

 

La responsabilité d’Israël

Le 31 juillet, une bombe incendiaire a été lancée sur la maison de la famille Dawabsha, causant des blessures fatales au petit Ali de 18 mois et blessant gravement ses parents, Saad et Riham, qui sont morts par la suite, de leurs blessures.

Le frère d’Ali, de 4 ans, Ahmad, qui est le seul survivant, est toujours hospitalisé.

Apprenant la nouvelle des arrestations, Hussein Dawabsha, le père de Riham, a déclaré à l’agence de presse Ma’an qu’il tenait le gouvernement israélien pour responsable de l’attaque.

« La situation n’est toujours pas claire, étant donné qu’aucun officiel israélien ne m’a tenu au courant et que j’ai été informé de l’arrestation par des journalistes » a-t-il dit.

Honenu, une organisation de juristes qui défend les soldats israéliens et les civils accusés d’attaques contre des Palestiniens, a saisi le tribunal de la ville israélienne de Petah Tikva pour lever l’ordre de silence.

 

Les arrestations

Juste après l’attaque, Israël a placé trois extrémistes juifs en détention administrative. Cette pratique de la détention sans chef d’inculpation est régulièrement utilisée contre les Palestiniens mais rarement contre les Juifs.

Alors que les trois colons, Meir Ettinger, Mordechaï Meyer et Eviatar Slonim, avaient un passé d’attaques contre des Palestiniens, ils n’ont pas été explicitement accusés dans le cas Dawabsha.

Un mois après les arrestations, le ministre israélien de la défense, Moshe Yaalon, a admis que l’armée savait qui avait perpétré cet incendie mortel de la maison des Dawabsha mais qu’elle n’avait entamé aucune poursuite « pour protéger l’identité de ses sources ».

Yaalon a dit qu’ils ont été placés tous les trois en détention administrative pour empêcher de nouvelles attaques.

Il est clair, maintenant, que les suspects du meurtre des Dawbasha – Ganiran et Odess – n’ont été arrêtés que la semaine dernière.

 

Des Pressions

Le 19 octobre, l’armée israélienne a assigné Ganiram à résidence à Hebron, une ville de Cisjordanie occupée.

Selon le site israélien Ynet, il a été arrêté le 1er décembre alors qu’il sortait de chez lui pour aller à un mariage.

Le grand père de Ganiram, Yitzhak Ganiram, était un membre de Jewish Underground, une organisation extrémiste violente qui a mené une série d’attaques contre des Palestiniens en Cisjordanie dans les années 1980, dont des bombes placées dans des voitures de personnalités officielles.

Le vieux Ganiram a été condamné à sept ans de prison pour avoir participé à plusieurs complots, dont le projet de faire sauter le Dôme du Rocher dans le domaine de la mosquée d’al-Aqsa à Jérusalem. Il a été gracié par le président israélien après seulement trois mois de détention, selon Ynet.

Israël a subi des pressions croissantes pour trouver les coupables de l’attaque de Douma. En novembre, Esawi Frej, un membre du Parlement, du parti sioniste de gauche Meretz, a saisi la Cour Suprême pour l’inculpation de auteurs du meurtre.

Nickolay Mladenov, le coordonnateur spécial de l’ONU pour le processus  de paix au Moyen Orient, n’a cessé de critiquer la lenteur de l’enquête.

 

L’impunité

Dans les rares cas où des inculpations sont prononcées, Israël a un taux de condamnation extrêmement bas en ce qui concerne les attaques de Palestiniens par des Juifs israéliens.

Yesh Din, le groupe de défense des droits humains a découvert qu’entre 2005 et 2015, 85% des dossiers relatifs à des crimes de colons contre des Palestiniens sur leurs terres en Cisjordanie, n’avaient pas été élucidés par la police israélienne. Ce taux se monte à 96% concernant les dommages et la destruction d’arbres et de cultures palestiniennes.

Yesh Din a révélé que les attaques contre des Palestiniens et leurs biens ont pratiquement doublé au cours des deux dernières années.

Après l’attaque de Douma, Avi Ditcher, l’ancien chef du Shin Bet, la police secrète israélienne, a dit au journal al-Monitor que « le Shin Bet a toutes les informations nécessaires pour pouvoir localiser les meneurs. La difficulté a toujours été de passer du renseignement à la preuve ».

« Aujourd’hui, si quelqu’un veut lancer un cocktail Molotov, il sait qu’en réalité, il ne risque rien, parce que le châtiment n’existe pas vraiment » a-t-il ajouté.

Hussein Dawabsha croit que c’est cette impunité qui a tué sa fille, son gendre et son petit-fils : « C’est le gouvernement israélien qui a donné aux colons le droit de tuer en leur permettant de s’introduire dans les villages palestiniens ».

 

Traduction : SF pour l’Agence Media Palestine
Source: Electronic Intifada

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