Les forces israéliennes tirent pour tuer, refusent les premiers soins

Maureen Clare Murphy – The Electronic Intifada – 18 décembre 2015

 

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La population en deuil pendant les funérailles de Samah Abd al-Mumin Abdallah, à Naplouse en Cisjordanie, le 17 décembre.
(Nedal Eshtayah – APA Images)

 

Le groupe de défense des droits de l’homme B’Tselem a dénoncé l’usage « excessif et injustifié des tirs mortels » par Israël alors que ses forces ont tué sept autres Palestiniens la semaine dernière, et qu’une femme est décédée des blessures reçues à un check-point en novembre.

Abdallah Nasasra, 15 ans, a été tué près du check-point militaire d’Huwwara, à la sortie de Naplouse en Cisjordanie, le jeudi 17 décembre.
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Abdallah Nasasra
(via Quds)

 

Un porte-parole de l’armée israélienne a dit à l’agence Ma’an News que le garçon avait foncé sur des soldats avec un couteau.

Un conducteur d’ambulance palestinien a fait savoir que les soldats avaient empêché les équipes médicales de soigner l’adolescent.

« Aucun soldat n’a été blessé lors de l’incident », ajoute l’agence.

Le site de Quds News rapporte qu’Israël a refusé de rendre le corps de Nasasra.

Israël détient les corps de dizaines de Palestiniens tués dans de supposées attaques, dont ceux de plus de douze enfants.

Nasasra a été tué peu avant les funérailles de Samah Abd al-Mumin Abdallah, 18 ans, morte de ses blessures après avoir été touchée par une balle alors qu’elle était assise dans la voiture de son père au check-point d’Huwwara.

La jeune femme a été abattue alors que les forces israéliennes ouvraient le feu et tuaient Alaa Khalil Hashash, 16 ans, qui aurait tenté de poignarder un soldat le 23 novembre.

 

Des enfants sont tués

 

Deux douzaines d’enfants sont parmi les 125 Palestiniens approximativement, qui ont été tués par les forces israéliennes durant les semaines de cette violence accrue.

Seize civils israéliens et trois membres des forces armées israéliennes ont été tués durant la même période, depuis le 1er octobre, selon B’Tselem.

Plus de 70 des Palestiniens qui ont été tués depuis le début octobre ont été abattus durant des attaques présumées, et beaucoup d’entre eux l’ont été « alors même qu’ils ne représentaient plus aucun danger », a déclaré B’Tselem mercredi.

« Certains étaient blessés, étendus et inanimés au sol, quand les soldats ont tiré dessus pour les tuer », selon le groupe.

Bon nombre de ces incidents ont été filmés sur vidéos.

« Dans certains cas, ce furent des exécutions sommaires, sans la garantie de la loi ou d’un procès », ajoute le groupe, imputant une responsabilité au « langage incendiaire utilisé par les ministres et les élus » pour ce qui équivaut à une politique non écrite d’un « tirer pour tuer ».

 

Les laisser mourir au bout de leur sang

 

Avec cette politique, trois jeunes Palestiniens ont été ainsi laissés à mourir, après de présumés attentats à la voiture bélier cette semaine.

Un Palestinien de 21 ans, Abd al-Muhsen al-Husseini, a été abattu après être rentré avec sa voiture dans un bus à l’arrêt, blessant plusieurs personnes, à Jérusalem, ce lundi.

Deux autres Palestiniens, Ahmad Jahajha, 23 ans, et Hikmat Hamdan, 33 ans, ont été tués dans des incidents séparés, accusés d’avoir tenté de renverser des soldats israéliens en plein raid sur le camp de réfugiés de Qalandiya, près de Ramallah, mercredi avant l’aube.

Les forces israéliennes ont tiré sur Jahajha à bout portant, « après qu’il a heurté un groupe de soldats israéliens avec son véhicule », ont déclaré des témoins à l’agence Ma’an News.

Et l’agence Ma’an d’ajouter : « Les forces israéliennes auraient laissé Jahajha « se vider de son sang jusqu’à la mort » avant d’enlever son corps, et d’emmener en détention un autre habitant qui avait été blessé par les balles, a affirmé un témoin ».

 

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Des Palestiniens passent auprès de deux voitures qui ont été utilisées par des Palestiniens dans des tentatives présumées de renverser des soldats israéliens qui avaient pris d’assaut le camp de réfugiés de Qalandya, le 16 décembre.
(Shadi Hatem – APA)

 

Environ une heure plus tard, des soldats, dans un autre secteur du camp, ouvraient le feu et tuaient Hamdan.

« Les affrontements auraient éclaté entre des hommes armés du camp de réfugiés et les forces militaires israéliennes, puis les forces ont quitté le camp vers 4 h 30 du matin », selon Ma’an.

« Quatre Palestiniens ont été blessés par des balles réelles durant le raid, l’un a été abandonné dans un état critique, selon des sources médicales palestiniennes » ajoute l’agence.

 

Tués lors de manifestations

 

Deux Palestiniens ont été abattus lors de manifestations, dans la Cisjordanie et la bande de Gaza occupées, vendredi 11 décembre.

Sami Madi, 41 ans, a été abattu par une balle réelle dans la poitrine lors d’une manifestation le long de la frontière de Gaza avec Israël, à l’est du camp de réfugiés d’al-Bureij.

Dix-sept civils, dont deux enfants et un journaliste, ont été blessés lors de la même manifestation, selon le Centre palestinien pour les droits de l’homme (PCHR).

Madi était militant du Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP), un groupe de gauche qui avait « appelé ses membres et sympathisants à participer à cette manifestation pour commémorer le 48e anniversaire de sa création, et en solidarité avec les Palestiniens de Cisjordanie », selon le PCHR.

Pendant ce temps, en Cisjordanie, les forces israéliennes tiraient sur des manifestants à Hébron qui célébraient l’anniversaire de la création du groupe islamique Hamas, tuant Uday Jihad Irsheid, 24 ans, atteint de deux balles réelles dans la poitrine et le cou.

Huit autres Palestiniens furent blessés, dont un journaliste, selon le PCHR.

 

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Des Palestiniens en pleurs étreignent le corps d’Uday Irsheid, abattu par les forces israéliennes, durant ses funérailles à Hébron, Cisjordanie, le 11 décembre.
(Wisam Hashlamoun – APA Images)

 

La sœur d’Irsheid, Dania, a été tuée par les soldats israéliens à l’entrée de la mosquée Ibrahimi à Hébron, le 25 octobre.

La police des frontières israélienne a prétendu que la jeune fille, 17 ans, avait sorti un couteau et qu’elle se dirigeait vers eux à un check-point à la sortie de la mosquée. Mais des témoins ont affirmé qu’elle a été abattue alors qu’elle avait les mains levées, et qu’elle avait déclaré aux soldats « je n’ai pas de couteau » ».

Également le 11 décembre, les forces israéliennes postées près d’Hébron ont tué Issa Hroub, prétendant que cet homme de 56 ans avait tenté de les écraser.

« Après l’avoir sorti de sa voiture, qui lui a été confisquée, les soldats israéliens l’ont laissé baignant dans son sang sans lui donner les premiers secours », selon le PCHR, qui ajoute que Hroub a été ensuite transporté, par une ambulance israélienne, vers une destination inconnue.

Le PCHR a déclaré que Hroub, du village de Deir Samit près d’Hébron, était un commerçant qui se déplaçait partout dans Jérusalem, qu’il avait deux épouses et seize enfants, dont huit de moins de 18 ans.

 

Le refus des premiers soins

 

Hroub est l’un de ces nombreux Palestiniens tués au cours des semaines passées pour lesquels il a été refusé, ou qui ont été empêchés de recevoir, les premiers soins par les soldats et policiers israéliens.

Le comité d’éthique de l’Association médicale israélienne a publié de nouvelles lignes directrices cette semaine, appelant les auxiliaires médicaux qui intervenaient sur les attaques présumées à donner la priorité pour les soins en fonction de la gravité des blessures, même si cela signifie soigner un attaquant présumé avant sa ou ses victimes.

Les lignes directrices antérieures de l’Association appelaient à soigner les victimes avant les agresseurs présumés, ce qui est contraire au principe de la neutralité médicale.

Les nouvelles lignes directrices, qui furent rédigées après une pétition lancée par le groupe Médecins pour les droits de l’homme-Israël, ont été férocement attaquées par l’ancien ministre des Affaires étrangères d’Israël, Avigdor Lieberman, qui a demandé à la direction de l’Association médicale de démissionner.

Zaka, volontaire du service d’urgence d’Israël, a dit qu’il refuse les nouvelles lignes directrices.

Le directeur du Magen David Adom, le service d’urgence national d’Israël, a déclaré à la radio israélienne que sa mission est de « soigner la personne la plus gravement blessée et risquant de mourir ».

Eli Bein a ajouté : « Nous soignons les blessés, (mais) si les forces de sécurité sur place interdisent à nos équipes de soigner une personne blessée, nous le faisons pas ».
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Des forces israéliennes, debout près d’une jeune fille palestinienne, Lama al-Bakri, sur laquelle elles ont tiré parce qu’elle aurait tenté de poignarder un colon près d’Hébron en Cisjordanie, le 13 décembre.
(Wisam Hashlamoun – APA Images)

 

Les forces israéliennes interdisent systématiquement de soigner les Palestiniens, les laissant se vider de leur sang jusqu’à la mort dans les rues, comme l’indiquent des sources palestiniennes et le montrent des groupes des droits de l’homme israéliens.

Le dimanche 13 décembre, les forces israéliennes, à un check-point près de la colonie Kiryat Arba, ont ouvert le feu sur une jeune fille de 16 ans, Lama al-Bakri, la touchant aux jambes.

La jeune fille blessée a été évacuée vers un hôpital israélien, dans une ambulance du Magen David Adom, après avoir été laissée baignant dans son sang pendant une demi-heure, selon le PCHR.

Israël a prétendu que l’adolescente avait tenté de poignarder un colon.

 

Traduction : JPP pour l’Agence Média Palestine

Source: Electronic Intifada

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