Moussa Tawfiq – Electronic Intifada – Beit Hanoun – 10 02 2016
Les Palestiniens dont les maisons ont été détruites pendant l’assaut israélien de 2014 sur Gaza vivent toujours dans des abris temporaires. Mousa Tawfiq
Cela fait huit mois que Muhammad al-Kafarna vit dans une caravane.
« Nos nuits sont sombres et sans possibilité de chauffer la caravane » a-t-il dit. « Nous n’avons pas d’eau chaude pour cuisinier ni pour nous laver. L’hiver est un cauchemar pour nous ».
Al-Kafarna est dépourvu d’un logement convenable depuis l’attaque israélienne sur Gaza de l’été 2014. En dépit des promesses de l’aide internationale à la reconstruction, lui et sa famille doivent survivre dans une caravane fournie par la municipalité de Beit Hanoun, ville située au nord de la bande de Gaza.
Il n’a pas reçu son salaire de fonctionnaire depuis 2011, à cause de la rupture politique entre l’Autorité Palestinienne en Cisjordanie et le gouvernement du Hamas à Gaza.
« Je m’enfonce dans l’endettement et je ne peux nourrir mes huit enfants et mes deux femmes » a-t-il dit. Deux de mes fils ont besoin de soins de santé spéciaux mais je n’ai pas de quoi les payer. Et la caravane est trop petite pour nous et nos affaires ».
Plus de 14 000 maisons de réfugiés palestiniens ont été endommagées lors de l’offensive de 2014, dont 9000 qui ont été totalement détruites.
La reconstruction et la réparation de maisons a été lente – Israël a sévèrement restreint l’entrée de matériaux de construction essentiels à Gaza.
En novembre 2015, l’UNWRA, l’agence de l’ONU pour les réfugiés de Palestine (et autres) a confirmé qu’une seule maison avait été reconstruite à ce moment-là.
Dans un rapport plus récent, l’UNWRA a établi que 7 148 familles réfugiées dont les maisons ont été complètement détruites n’avaient toujours pas reçu d’aide à la reconstruction. C’était 17 mois après la fin de l’offensive. L’UNWRA a estimé que le coût total de la reconstruction de ces maisons serait de 291 millions d’euros.
L’Institut Tamer pour l’Éducation populaire essaie de toucher les habitants des caravanes de Beit Hanoun.
Engagé sur l’expression libre et sur le droit à l’éducation, le groupe a demandé à des adolescentes qui vivent dans les caravanes comment un peu de bonheur pourrait être introduit dans leurs vies.
Il en est résulté une décision du groupe de peindre les caravanes.
Des voix qu’on n’entend pas
« Les gens ici sont sans espoir et leur vie est terne » a dit Shadi al-Sheikh, qui coordonne de nombreuses activités de Tamer dans cette zone. « Ils sont au milieu de caravanes blanches, d’écoles blanches de l‘UNWRA et il n’y a pas d’arbres. C’est pour cela qu’il nous fallait repeindre leurs vies ».
Aujourd’hui, les caravanes sont décorées de teintes brillantes de vert, rose, bleu, jaune et orange. Ce sont les habitants des caravanes qui ont peint eux-mêmes – enfants et adultes.
Une femme âgée habitant l’une de ces caravanes a résumé le sentiment général en disant qu’avant la mise en œuvre du projet de Tamer, « nous n’avions pas l’idée que des couleurs pouvaient nous donner de l’espoir ».
Les caravanes ont été peintes par leurs habitants avec l’aide de l’Institut Tamer pour l’éducation populaire. Mousa Tawfiq.
Muhannad al-Afifi, un assistant du programme de Tamer, a dit que la souffrance des gens de Gaza a augmenté dans les dernières années, mais « qu’on n’entend pas leurs voix ».
Sur ce problème, Tamer a demandé à des organisations internationales de venir à Gaza. Par la réponse à cet appel, Tamer a assuré une collecte de fonds suffisante à établir des centres mobiles dans cinq camps de caravanes de Gaza, dont celui de Beit Hanoun.
Une priorité était d’apporter un soutien psychologique à des enfants.
Avoir des conseillers se rendant auprès des enfants s’est avéré « très utile à changer la vie d’enfants souffrant de problèmes mentaux causés par la guerre ou par des circonstances difficiles » a dit al-Afifi.
Incertitude
Yaqoub al-Kafarna attend toujours une aide à la reconstruction de sa maison familiale. Mousa Tawfiq
En dépit de la couleur fort appréciée, l’avenir reste très incertain.
Yaqoub al-Kafarna, un homme de 27 ans vivant dans l’une des caravanes de Beit Hanoun a dit que Tamer avait organisé des activités pour enfants qui sont importantes.
Yaqoub al-Kafarna et sa famille ont dû quitter leur maison et trouver refuge dans une école de l’UNWRA « après un bombardement de plusieurs jours de notre quartier en 2014 » a-t-il dit. L’école de l’UNWRA a aussi été bombardée. « Le danger était partout » a-t-il ajouté.
Une aide avait été promise à la famille pour réparer sa maison et pour subvenir à ses besoins. Mais ils ne l’ont toujours pas reçue.
« Nous en sommes au huitième mois en caravane, sans qu’aucune de ces promesses n’ait été tenue » dit-il.
Mousa Abu Amsha, un travailleur du bâtiment de 36 ans a parlé de problèmes liés à la localisation du camp où est située sa caravane.
« Le camp a été établi dans la partie la plus basse de Beit Hanoun », dit Abou Amsha. « En hiver, toute l’eau de pluie s’écoule ici, ce qui fait que nous devons rester à l’intérieur des caravanes pendant plusieurs jours ».
Il a ajouté que les caravanes sont froides à cause des matériaux avec lesquels elles ont été fabriquées. « Les familles ici n’ont pas les moyens de les chauffer » a-t-il dit et « en hiver les caravanes deviennent aussi froides qu’un réfrigérateur ».
Mousa Tawfiq étudiant et musicien, il vit à Gaza ville.
Traduction : SF pour l’Agence Media Palestine
Source: Electronic Intifada