Le silence face à des crimes d’Israël pourtant bien documentés

Maureen Clare Murphy – The Electronic Intifada – 23 mars 2016

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La mère de Mahmoud Abu Fanounah  en pleurs, à l’enterrement de son fils à Hebron en Cisjordanie, le 19 mars. Le jeune a été tué par les forces israéliennes lors d’une supposée attaque au couteau, la veille. La famille dit qu’il a été tué de sang froid. (APA images)

Les six mois de violence qui ont causé approximativement 200 morts palestiniennes et 30 morts d’Israéliens, sont apparus dans un « contexte pré existant » de « plusieurs décennies d’occupation ».

Ainsi a parlé Makarim Wibisono, le rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits humains en Cisjordanie occupée et dans la bande de Gaza, au Conseil des Droits Humains à Genève, lundi.

Dans son adresse finale en tant que rapporteur spécial – Wibisono a démissionné au début de l’année en signe de protestation contre l’interdiction qu’Israël lui faisait de pénétrer en Cisjordanie – le diplomate indonésien a déclaré :

« Depuis que j’ai pris ce poste à l’été 2014, je suis frappé par l’abondance d’information qui documente la violation des droits humains internationaux et du droit humanitaire international et par l’apparente incapacité de la communauté internationale à faire face à ce qui est connu de la situation en développant une protection plus efficace des Palestiniens ».

Wibisono a particulièrement critiqué l’excès de l’usage de la force de la part d’Israël dans le contexte des attaques présumées, qui a résulté en meurtres de Palestiniens, notamment de dizaines d’enfants.

Des vidéos d’exécutions suspectes

Des vidéos ont été publiées pratiquement chaque semaine, montrant des soldats israéliens et des miliciens utilisant des armes mortelles contre des Palestiniens – dont des collégiennes – quand ils ne présentent aucun danger immédiat pour la vie de qui que ce soit, ou montrant des Palestiniens saignant à mort au sol sans qu’aucun effort ne soit fait pour leur administrer les premiers secours.

Et pourtant il y a eu peu de censure contre Israël, sauf de la part du ministre suédois des affaires étrangères qui a demandé une enquête sur des meurtres pouvant s’apparenter à des exécutions extra judiciaires, attirant ainsi la colère du premier ministre Benjamin Netanyahou.

Les forces israéliennes continuent à tirer sur des Palestiniens, toutes les semaines, sous prétexte qu’ils auraient attaqué ou tenté d’attaquer des soldats ou des civils. Dans bien des cas, aucun Israélien n’a été dit blessé au cours d’attaques dans lesquelles les supposés assaillants palestiniens ont été tués par balles.

La suite de l’un de ces derniers meurtres a été documentée sur une vidéo qui a montré Mahmoud Abou Fanounah, âgé de 21 ans, saignant à terre sans que quoi que ce soit ne soit fait pour sauver sa vie.

Vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=7D_rDcm96YA

Sur la vidéo, on entend une voix qui prétend, en hébreu, que le jeune est un « terroriste » qui a essayé d’attaquer au couteau un « combattant » israélien.

Abou Fanounah a été tué vendredi au carrefour de Goush Etzion – l’entrée du bloc de colonies de Cisjordanie du même nom qui a été le théâtre de plusieurs incidents aussi meurtriers dans les derniers mois.

Un porte parole de l’armée israélienne a dit à l’Agence Ma’an qu’un « assaillant armé d’un couteau était sorti de son véhicule et avait chargé les soldats » qui ont alors ouvert le feu et ont tué cet homme.

Aucun Israélien n’a été blessé durant cet épisode.

Un témoin a dit à l’agence qu’Abou Fanounah, de la ville toute proche d’Hebron en Cisjordanie, n’avait sur lui aucune arme quand il a été abattu.

L’agence Ma’an a ajouté : « “Hisham Abu Shaqra, reporter de l’agence de presse turque Anadolu, a été détenu par les forces israéliennes après avoir couvert l’incident.

Abu Fanounah rentrait du travail chez lui à Bethlehem lorsqu’il a été abattu de sang froid, a dit sa famille au site d’actualités Qods.

Qods a noté que le père du jeune qui a été tué, Muhammad Ahmad Abou Fanounah, est un dirigeant du Jihad islamique de Cisjordanie et est actuellement emprisonné sans chef d’accusation ni procès, en détention administrative ordonnée par un tribunal militaire israélien.

Un autre jeune palestinien de Hebron, de 18 ans, Abdullah Muhammad al-Ajlouni, a été tué le lendemain.

La police israélienne a prétendu qu’al-Ajlouni a sorti un couteau et l’a dirigé vers un soldat qui lui demandait sa carte d’identité, causant au soldat de légères blessures à la tête avant que lui-même ne soit abattu.

Des témoins ont dit à l’agence de presse Ma’an que les forces israéliennes ont littéralement « arrosé » al-Ajlouni de tirs.

La famille refuse le corps congelé

Une famille de Jérusalem a refusé le corps d’un de ses membres lorsqu’il lui a été rendu par Israël, complètement gelé, lundi dernier.

« Nous avons accepté les conditions mises par l’occupation (israélienne) pour que nous puissions l’enterrer dignement et notre seule demande était que le corps ne soit pas congelé » a dit à Ma’an l’oncle de Hassan Khalid Manasra.

Manasra a été abattu en octobre lorsque lui-même et son cousin de 13 ans, Ahmad Manasra, ont supposément mené une attaque au couteau dans la colonie de Pisgat Zeev dans les environs de Jérusalem, au cours de laquelle deux Israéliens de 13 et 21 ans ont été sérieusement blessés.

Ahmad Manasra a été heurté par une voiture  au cours de l’incident et une vidéo de la scène montre des Israéliens le poursuivant et appelant à sa mort alors qu’il gisait à terre, le corps déformé par ses graves blessures.

Manasra est actuellement détenu en Israël et accusé de tentative de meurtre.

La nuit où la famille de Hassan Manasra a refusé le corps congelé du garçon, Israël a transféré les restes d’Omar Iskafi, qui avait été tué par la police israélienne de Jérusalem en décembre.

Iskafi, qui avait 21 ans, a été abattu lors d’une supposée attaque à la voiture-bélier et au poignard qui a légèrement blessé deux Israéliens.

La famille du jeune a nié qu’il ait tenté quelque attaque que ce soit lorsqu’il a été abattu.

« Des forces israéliennes lourdement déployées autour du cimetière… pendant l’enterrement d’Iskafi, les soldats ne donnant accès au cimetière qu’aux membres de la famille dont les noms figuraient sur une liste » a rapporté Ma’an.

Au début du mois, la famille de Moutaz Uweisat, un jeune palestinien tué par les fores israéliennes dans une colonie des environs de Jérusalem en octobre, a intenté une procédure auprès de la cour suprême d’Israël afin d’obtenir une autopsie.

Le corps du garçon a été retenu par Israël depuis lors, les autorités ayant refusé de rendre à leurs familles les restes de plusieurs autres Jérusalémites abattus.

À un moment donné, Israël retenait les corps de plus de 80 Palestiniens tués au cours d’attaques supposées, cela faisant partie d’une série de mesures répressives approuvées par le gouvernement à la mi-octobre.

Le responsable d’un institut palestinien légiste a dit que le traitement des corps par Israël rend effectivement impossible une autopsie.

La congélation des corps à des températures extrêmes « empêche d’avoir des résultats d’autopsie qui documentent le crime, ce qui entraîne un manque d’informations importantes pour traduite Israël devant la Cour Pénale Internationale »  a dit en décembre Sabir al-Aloul de l’institut de médecine légale de l’université Al-Qods.

Traduction: SF pour l’Agence Media Palestine

Source: Electronic Intifada

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