Par Michael Shaeffer Omer-Man
Susya, le 14 juillet 2016
Des militants nord-américains et européens du Centre pour la non-violence juive accompagnent des habitants palestiniens de Susya revenant dans leur ancien village d’où ils furent expulsés il y a trois décennies.
Des militants du Centre pour la non-violence juive accompagnent des habitants palestiniens de Susya dans le parc archéologique où le village de ces derniers se trouvait autrefois, dans les collines au sud d’Hébron, 14 juillet 2016.
Un groupe de juifs américains et européens ont accompagné ce jeudi des habitants palestiniens de Susya sur l’ancien site de leur village, duquel ils furent expulsés il y a trente ans, et qui est aujourd’hui un parc archéologique administré par les Israéliens.
Bon nombre des 80 habitants palestiniens de Susya qui ont fait le voyage jeudi n’étaient jamais revenus sur le site de leur ancien village, là où la génération d’avant eux est née et a grandi. Certains des jeunes garçons et jeunes filles n’avaient jamais vu les grottes dans lesquelles leurs parents ont grandi, alors qu’ils vivent à quelques centaines de mètres de là.
Des Palestiniennes de Susya dans le parc archéologique avec leurs enfants, beaucoup d’entre elles n’avaient jamais vu les grottes dans lesquelles l’ancienne génération est née et a grandi. Susya, dans les collines au sud d’Hébron, 14 juillet 2016.
Des habitants palestiniens de Susya montrent les grottes et les puits où ils vivaient et ils buvaient autrefois avant que l’armée israélienne ne les expulse de leur village afin d’en faire un parc archéologique. Susya, 14 juillet 2016.
Une fois sur le site, après avoir exploré certaines des grottes dans lesquelles leurs familles ont vécu, les deux groupes se rassemblent devant l’ancienne synagogue sur le site. S’adressant aux militants juifs étrangers du Centre pour la non-violence juive, et à leurs propres enfants et petits-enfants, les Palestiniens aînés de Susya commencent à raconter leur histoire – l’histoire de leurs vies et naissances, de ce qu’ils ont vécu dans les grottes et leurs maisons, et l’histoire de leur dépossession.
À la surprise de la plupart, pas un seul policier ou soldat n’est venu pour empêcher le groupe d’entrer et de visiter le site. Les militants juifs ont acheté des billets à l’avance pour les Palestiniens et pour eux-mêmes, mais ils n’ont pas dit aux administrateurs du parc que des Palestiniens feraient parti du groupe.
Des habitants palestiniens de Susya, de l’ancienne génération, racontent aux nouvelles générations et aux militants du Centre pour la non-violence juive quelles furent leurs vies dans le village avant que l’armée israélienne ne les en chasse pour le transformer en parc archéologique. Susya, 14 juillet 2016.
Au fur et à mesure qu’ils racontent leurs histoires orales, elles sont traduites de l’arabe vers l’hébreu et l’anglais. Susya, 14 juillet 2016.
Deux employés du parc ont finalement suivi le groupe mais ils n’ont fait que compter le nombre de visiteurs. Quand il leur est demandé par +972 si d’autres groupes palestiniens ont eu l’autorisation de revenir dans le site auparavant, l’un des employés répond simplement : « Je suis nouveau ici ».
+972 prévoit de vous apporter davantage sur cette visite et sur d’autres actions directes en Palestine, par le Centre pour la non-violence juive dans les jours et semaines à venir.
Des jeunes habitants de Susya et des militants du Centre pour la non-violence juive écoutent les histoires orales sur la vie du village palestinien avant que ses habitants n’en soient expulsés par l’armée israélienne. Susya, 14 juillet 2016.
Un employé du parc archéologique géré par le JNF (Fonds national juif) surveille et écoute pendant qu’un habitant de Susya, Nasser Nawaj’ah et qu’un militant du Centre pour la non-violence juive, Isaac Kates Rose, s’adressent au groupe. Susya, 14 juillet 2016.
Un Palestinien et son fils ressortent d’une grotte sur l’ancien site de leur village de Susya. Beaucoup de jeunes habitants n’avaient jamais vu l’endroit où leurs parents sont nés et ont grandi. Susya, 14 juillet 2016. (Les récits sont traduits de l’arabe en hébreu et en anglais.)
Le groupe d’environ 80 Palestiniens de Susya et de 40 militants nord-américains et européens avec le Centre pour la non-violence juive pose pour une photo avant de quitter l’ancien site du village de Susya. 14 juillet 2016.
L’armée israélienne a d’abord démoli le village de Khirbet Susya, au sud des colonies désolées d’Hébron, il y a trois décennies, au motif qu’il était situé sur un site biblique. Les habitants palestiniens de Susya, dont beaucoup vivaient dans des grottes (les troglodytes – ndt) sur le site depuis des générations, durent plier bagages et furent déplacés à quelques centaines de mètres de là, sur des terres agricoles adjacentes qu’ils possédent.
Les FDI (forces de défense israéliennes – forces d’occupation israéliennes), lesquelles en tant que puissance occupante contrôlent pratiquement tous les aspects de la vie des Palestiniens en Cisjordanie, n’ont jamais reconnu la validité de ce déplacement. À ce jour, le village n’a toujours aucun réseau d’électricité ni l’eau courante, et ses voies d’accès ne sont pas pavées. Le village tout entier vit toujours sous la menace d’une démolition.
L’Union européenne, les États-Unis et les Nations-Unies ont tous demandé à Israël de s’abstenir de démolir le nouveau site du village de Susya, et de fournir à ses habitants les services et infrastructures de base. Suite à une campagne internationale concertée, l’année dernière, l’armée israélienne semble avoir temporairement reculé dans ses projets de déplacer les habitants de Susya une deuxième fois, et pour certains, une troisième fois.
D’autres villages palestiniens dans le secteur, cependant, ne sont pas été aussi chanceux.
Traduction : JPP pour l’Agence Média Palestine
Source: +972