Charlotte Silver, Droits et Responsabilité, 17 septembre 2016
Le 8 septembre à Gaza ville, des Palestiniens tiennent des affiches lors d’un rassemblement de solidarité avec les prisonniers palestiniens en grève de la faim dans les prisons israéliennes.
Environ 100 prisonniers palestiniens ont commencé à refuser leur nourriture pour soutenir Malik al-Qadi, 25 ans, qui est tombé dans le coma après huit semaines de grève de la faim.
Al-Qadi, étudiant en journalisme, a entamé sa grève le 16 juillet pour protester contre sa détention administrative, pratique israélienne de détention indéfinie sans charges ni procès.
Tout juste deux jours avant qu’il ne perde conscience, un tribunal israélien avait suspendu son ordre de détention, mais en disant qu’il pourrait être remis en vigueur si son état de santé s’améliorait. Al-Qadi refusa de mettre fin à sa grève, insistant pour que son ordre de détention administrative soit complètement annulé.
Il a été arrêté le 23 mai, mais n’a jamais été accusé d’aucun crime.
Il est actuellement détenu dans une unité de soins intensifs au Centre Médical Wolfson de Holon, ville de l’actuel Israël, où il « lutte contre la mort », selon Issa Qarage, directeur de la question des prisonniers à l’Autorité Palestinienne.
Qarage dit que, depuis qu’al-Qadi est tombé dans le coma, les responsables de la prison israélienne lui ont imposé de force un traitement contre sa volonté.
Torture
Plus tôt cette semaine, la cour suprême d’Israël a confirmé une loi qui permet aux responsables de traiter et de nourrir de force les grévistes de la faim, pratique considérée comme immorale et équivalente à de la torture par la majorité de la communauté médicale mondiale.
Alors qu’il est toujours dans le coma, al-Qadi souffre également d’une infection pulmonaire inquiétante, d’un rythme cardiaque faible, de complications urinaires et de pertse de l’audition, selon l’Agence Ma’an News.
La grève de la faim massive en solidarité avec al-Qadi – et les frères Mahmoud et Muhammad Balboul – a commencé le 14 septembre.
Mahmoud et Mohammad Balboul ont entamé leur grève respectivement les 5 et 7 juillet.
Le Comité International de la Croix Rouge (CICR), qui a régulièrement rendu visite aux trois hommes, a émis jeudi un communiqué sur la situation dangereuse des trois grévistes de la faim.
« A cet instant très critique, nous encourageons les patients, leurs représentants et les autorités compétentes à trouver une solution qui évitera toute perte de vie ou des dommages irréversibles sur leur santé », a dit un médecin du CICR qui a rendu visite à al-Qadi et aux frères Balboul.
Faux soutien
Le 8 septembre, le chef de l’Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas a rencontré la famille Balboul.
On dit qu’Abbas a dit à Sanaa, la mère des deux frères, et à leur soeur adolescente Nuran, qu’il « lançait des appels régionaux et internationaux pour faire pression sur le gouvernement israélien afin qu’il libère les frères Balboul ».
On dit qu’Abbas a poursuivi en disant que « la lutte des prisonniers politiques palestiniens détenus par Israël est la cause la plus importante pour le peuple palestinien et son gouvernement ».
Les forces de l’Autorité Palestinienne empêchent les supporters du mouvement du Jihad Islamique de tenir une manifestation de soutien aux prisonniers grévistes de la faim, le 16 septembre à Jénine, ville de Cisjordanie. (Nedal Eshtayah)
Mais à peine une semaine plus tard, vendredi, à Jénine, ville du nord de la Cisjordanie occupée, les forces de sécurité d’Abbas ont violemment attaqué une manifestation de soutien aux frères et à tous les autres prisonniers palestiniens.
Khader Adnan, qui avait autrefois mené deux longues grèves de la faim, a été battu et arrêté, tandis qu’on empêchait les journalistes de filmer et que les manifestants étaient attaqués et blessés.
« Les participants à cette manifestation ont été agressés avec des gaz lacrymogènes et des tirs en l’air », a dit le Jihad Islamique dans un communiqué émis après l’attaque.
« Ce crime est orchestré et coordonné avec l’occupation… c’est une attaque contre le mouvement national [et] contre l’intifada », a ajouté cette faction politique palestinienne.
« Les agences de sécurité agissent en gardiens recrutés des désastreux accords d’Oslo et en protecteurs de la sécurité de l’occupation », continuait le communiqué se référant apparemment à la coopération rapprochée de l’AP avec les forces d’occupation israéliennes sous l’étendard de la coordination de la sécurité.
Début septembre, six jeunes hommes détenus cette année par la police secrète de l’Autorité Palestinienne ont démarré une grève de la faim pour protester contre leur détention administrative.
Abbas s’était servi de leur arrestation pour se vanter publiquement de la coopération de l’AP avec Israël.
Electronic Intifada a appris que, depuis, les six hommes ont été libérés.
Traduction : J Ch. pour l’Agence Média Palestine
Source: Electronic Intifada