24 septembre 2016 (mis à jour le 25 septembre)
RAMALLAH (Ma’an) – Plus de 1.000 mineurs palestiniens ont été détenus par les forces israéliennes depuis le début de l’année, a dit samedi le Comité Palestinien pour la Question des Prisonniers, notant une augmentation par rapport à 2015.
Le Comité a dit qu’au moins 1.000 mineurs palestiniens de 11 à 18 ans ont été détenus par Israël depuis janvier, dont environ 70 enfants de Jérusalem Est occupée qui ont été assignés à résidence.
Un avocat du Comité, Hiba Masalha, a cité un bon nombre de cas où des mineurs palestiniens ont été agressés et torturés pendant leur détention.
L’un des jeunes, Nidal, 17 ans, d’Issawiya faubourg de Jérusalem Est, a été arrêté en juin et détenu pendant 20 jours dans la tristement célèbre enceinte russe avant d’être transféré dans la prison de Megiddo. D’après Masalha, Nidal a raconté qu’il a été régulièrement et brutalement battu pendant qu’il était dans l’enceinte russe, et aussi agressé verbalement.
Il a particulièrement fait mention d’un cas précis où environ 10 gardiens de prison l’ont tiré hors de sa cellule jusqu’à une pièce sans caméras de surveillance où il a été brutalement battu pendant une heure alors qu’il était menotté. L’un des gardiens, a dit Nidal, a pris une poubelle qu’il a mise sur la tête de Nidal tandis que tous riaient et se moquaient de lui.
Ahmad, jeune de 16 ans également d’Issawiya qui a été arrêté en avril, a lui aussi été emmené dans l’enceinte russe où on lui a ordonné de s’agenouiller tête baissée pendant trois heures. Avant son interrogatoire, un officier de police a coupé avec un couteau l’attache utilisée pour le menotter, blessant le jeune dans cette opération.
Ahmad a dit que la profonde coupure n’a pas été soignée alors qu’il était interrogé pendant trois heures par cinq enquêteurs israéliens qui lui criaient dessus et le frappaient à répétition, y compris sur la tête, prétendant qu’il les « ennuyait ».
Masalha a aussi cité le cas d’Umran, 17 ans, du district de Tulkarem en Cisjordanie, qui a été arrêté alors qu’il marchait dans la rue. On rapporte qu’Umran a été régulièrement battu pendant sa détention.
Les soldats l’ont emmené d’un endroit à un autre pendant l’après-midi et la soirée de son arrestation, l’emmenant même jusqu’au mur israélien de séparation prendre des photos de lui tenant sa carte d’identité, tout en rigolant. Umran n’a été emmené dans un établissement israélien de sécurité qu’au matin, avant d’être transféré dans une prison israélienne.
En août, le Comité Palestinien pour la Question des Prisonniers a annoncé que les forces israéliennes avaient arrêté 560 enfants de Jérusalem Est occupée depuis le début de 2016.
D’après le Comité, les forces israéliennes ont emprisonné 30 adolescents palestiniens au cours du mois d’août, certains de 13 ans seulement, et ont récolté dans leurs familles 65.000 shekels (17.270 $) d’amendes, la majorité des détenus disant qu’ils avaient été battus et torturés pendant leur détention et les interrogatoires, et transportés d’une centre de détention à un autre.
Selon le Comité, les forces israéliennes ont mené ces derniers mois une répression sur les enfants palestiniens de Jérusalem Est, alors que les communautés palestiniennes de la ville occupée commençaient à ressentir l’impact de l’évolution de la loi entre 2014 et 2015 qui a augmenté les amendes pour jet de pierres et permet de punir les lanceurs de pierres de 20 ans de prison si on peut prouver l’intention de faire mal, et de 10 ans si on ne le peut pas.
L’association de défense des droits, Défense des Enfants International – Palestine (DCIP) citait en juillet dans un rapport nombre de cas de mineurs palestiniens qui avaient écopé de peines de prison allant de 12 à 39 mois, avec jusqu’à trois ans de liberté surveillée.
L’étendue des arrestations a mis un coup de projecteur sur les agressions bien documentées des forces israéliennes contre les enfants palestiniens et sur la rudesse des pratiques d’interrogatoire pour forcer leurs aveux, qui est depuis longtemps la cible des critiques de la communauté internationale.
Bien que, « sur le papier », ils aient plus de droits que les enfants palestiniens de Cisjordanie qui sont soumis à un système de détention militaire draconien, dans la pratique, les mineurs de Jérusalem « ne jouissent pas de leurs droits consacrés » sous le système israélien de tribunal civil, selon DCIP.
Parmi 65 cas documentés par DCIP en 2015, « plus d’un tiers des jeunes de Jérusalem ont été arrêtés de nuit (38,5%), pour la très grande majorité (87,7%) ils ont été entravés pendant leur arrestation, et seule une faible minorité d’enfants (10,8%) bénéficiait de la présence d’un parent ou d’un avocat pendant l’interrogatoire ».
Ayed Abu Eqtaish, directeur du programme de responsabilité à DCIP, était cité dans le rapport comme ayant dit : « Les changements intervenus dans le code pénal et dans les lignes directrices politiques depuis 2014 sont discriminatoires et visent les Palestiniens, spécialement les jeunes. Israël fait partie des signataires de la Convention des Droits de l’Enfant et nous lui demandons d’assumer ses responsabilités. »
Selon l’association de défense des droits des prisonniers Addameer, les interrogatoires des enfants palestiniens peuvent durer jusqu’à 90 jours pendant lesquels, en plus d’être battus et menacés, on dit souvent que certains subissent des agressions sexuelles et un placement à l’isolement pour provoquer des aveux, alors que les documents sur lesquels ils sont forcés de signer leurs aveux sont en hébreu – langue que la plupart des enfants palestiniens ne parlent pas.
Selon Addameer, en août, 7.000 Palestiniens étaient détenus dans les prisons israéliennes, dont 300 étaient des mineurs.
Traduction : J. Ch. pour l’Agence Média Palestine
Source : Ma’an News