Les forces israéliennes démolissent le village bédouin al-Araqib pour la 110ème fois

 

9 mars 2017 (mis à jour le 10 mars)

NEGEV (Ma’an) – Les forces israéliennes ont démoli jeudi le village bédouin al-Araqib dans la région du Negev au sud d’Israël pour la 110ème fois depuis 2010.

Des bulldozers israéliens escortés par la police israélienne ont fait un raid ce matin sur le village, « non reconnu » par les autorités israéliennes, tandis que la police bouclait toutes les entrées conduisant au village.

La dernière fois que les forces israéliennes ont démoli le village, c’était au début de février.

« Peu importe combien de fois ils démolissent et détruisent notre village, ils ne briseront pas notre moral », a dit un membre du comité local Aziz Sayyah à Ma’an pendant le raid de démolition précédent. « Al-Araqib est à nous et nous sommes ici pour rester. »

Al-Araqib est l’un des 35 villages bédouins considérés comme « non-reconnus » par l’État israélien. Selon l’Association pour les Droits Civiques en Israël (ACRI), plus de la moitié de la population bédouine du Negev qui se monte à environ 160.000 personnes réside dans des villages non reconnus.

Les démolitions visant les Palestiniens dotés de la citoyenneté israélienne ont sévèrement augmenté depuis le début de 2017, sans oublier, en janvier, un raid de la police israélienne pour évacuer le village bédouin non-reconnu d’al-Hiran qui s’est avéré meurtrier.

Les associations de défense des droits ont déclaré que la démolition d’al-Araqib et d’autres villages bédouins non-reconnus est au centre de la politique israélienne qui vise à déplacer la population indigène palestinienne hors du Negev et à la transférer dans des townships sous autorité de l’État pour laisser place à l’expansion des communautés juives israéliennes.

La classification de leurs villages comme « non-reconnus » empêche les Bédouins de développer et d’étendre leurs communautés puisque leurs villages sont considérés comme illégaux par les autorités israéliennes.

Les autorités israéliennes ont également refusé de rattacher les villages bédouins non-reconnus aux réseaux de distribution d’eau et d’électricité, tout en excluant ces communautés de l’accès aux services de santé et d’éducation et aux infrastructures élémentaires.

Par ailleurs, les Palestiniens qui ont construit sans les permis de construire délivrés par Israël, que ce soit en Israël ou dans les territoires palestiniens occupés, ont le choix entre, soit démolir eux mêmes les bâtiments non autorisés, soit payer de fortes amendes pour couvrir les frais de démolition de ces bâtiments par les forces israéliennes.

Les résidents d’al-Araqib ont reçu l’ordre de payer plus de 2 millions de shekels (approximativement 541.000 $) pour le coût cumulé des démolitions de leur village exécutées par Israël depuis 2010.

Les associations de défense des droits des indigènes ont fait remarquer que le transfert des Bédouins dans des townships densément peuplés les éloigne aussi de leur mode de vie traditionnel semi-nomade qui dépend de l’accès à un large territoire de pâturage pour leurs troupeaux.

L’ancien Rapporteur Spécial de l’ONU sur les Droits des Populations Indigènes, James Anaya, a émis un rapport sur le traitement des Bédouins dans le Negev en remontant à 2011 – peu avant que le gouvernement israélien ait approuvé les plans de relocalisation de quelques 30.000 Bédouins de 13 villages non-reconnus dans des townships approuvés par le gouvernement – établissant que les Bédouins des townships permanents « se retrouvent au plus bas des indicateurs sociaux et économiques et souffrent du taux le plus élevé de chômage et le plus bas de revenus en Israël.

Les villages bédouins non-reconnus s’étaient établis dans le Negev peu après la guerre israélo-arabe de 1948 qui a fait suite à la création de l’État d’Israël.

Une grande partie des Bédouins avaient été transférés de force sur les sites des villages pendant la période de 17 ans où les Palestiniens d’Israël dépendaient du droit militaire israélien, période qui a pris fin peu avant la prise en 1967 de Gaza et de la Cisjordanie, dont Jérusalem Est, par l’armée israélienne.

Aujourd’hui, plus de 60 ans plus tard, ces villages ne sont toujours pas reconnus par Israël et vivent sous les menaces constantes de démolition et de déplacements forcés.

Pendant ce temps, les communautés juives israéliennes du Negev ne cessent de s’étendre, cinq plans de nouvelles constructions juives ayant été approuvés l’année dernière. D’après une enquête entreprise par les associations israéliennes de défense des droits, ACRI et Bimkom, deux des communautés approuvées se situent dans des zones où des villages bédouins non-reconnus existent déjà.

Traduction : J. Ch. pour l’Agence Média Palestine

Source: Maan News

Retour haut de page