Ali Abunimah – Droits et Responsabilité – 27 novembre 2017
Des Palestiniens manifestent sur le tas de décombres d’une maison démolie par les forces d’occupation israéliennes dans le village d’al Walaja en Cisjordanie sous prétexte qu’ils n’avaient pas eu de permis – chose qu’Israël n’accorde que rarement aux Palestiniens, août 2017 (Wisam Hashlamoun / APA images)
Les diplomates de l’Union Européenne sont une fois de plus désespérés devant les expulsions à grande échelle de Palestiniens et face à la démolition de leurs maisons ainsi que de leurs écoles en Cisjordanie occupée par Israël.
L’inquiétude professée par les Palestiniens est totalement sapée par une politique européenne qui prodigue ses encouragements aux crimes commis par Israël.
Vendredi, la mission de l’UE à Jérusalem a émis un communiqué pour « déplorer la menace continue de démolitions et de saisies de bâtiments palestiniens » – qui laisseraient 400 personnes sans abri – dans les communautés de Ein al-Hilweh, Umm Jamal et Jabal al-Baba.
L’UE note que, le mois dernier, « quatre autres communautés d’éleveurs, représentant 170 personnes au nord de la Vallée du Jourdain, ont perdu leurs procès devant la Haute Cour israélienne, et deux écoles de Wadi al-Seeq et al-Muntar, financées par des donateurs européens, sont menacées de destruction et de saisie ».
Également, celle-ci prétend qu’elle est « profondément inquiète » devant les projets israéliens de démolition dans les prochaines semaines, d’à peu près un cinquième des logements et des infrastructures de Susiya dans les collines sud d’Hébron.
« Alors que l’hiver arrive, une démolition imminente laissera jusqu’à 100 personnes, dont la moitié sont des enfants, sans abri », déclare l’UE.
Toutes ces actions, affirme-t-elle, « menacent la solution à deux Etats » et violent « les obligations d’Israël, en tant que puissance occupante, selon le droit international humanitaire ».
Plus tôt ce mois-ci, l’ONU a elle aussi mis en garde à propos des démolitions imminentes, faisant remarquer qu’elles font partie de la politique systématique d’Israël pour accomplir le « transfert forcé » des Palestiniens de la zone C – environ 60 pour cent de la Cisjordanie est entièrement contrôlé par Israël, aidée par une politique d’annexion.
Un goût de déjà vu
Ce n’est pas une première : en août, les forces d’occupation ont détruit l’école de Jubbet al-Dib, financée par l’Europe. La veille de la rentrée des classes et comme à son habitude, l’UE n’a rien fait pour reconnaître la responsabilité d’Israël concernant cet acte de destruction ou la série d’autres démolitions et confiscations.
De même, en août, l’UE a émis un communiqué qui exhortait gentiment Israël à « reconsidérer » l’éviction prévue de la famille Shamasneh de son logement du quartier de Sheikh Jarrah dans Jérusalem occupée.
Malgré cela, quelques semaines plus tard, Israël a expulsé la famille.
Jusqu’ici en 2017 et selon l’ONU, Israël a démoli presque 400 bâtiments en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem Est, déplaçant plus de 600 Palestiniens.
La majeure partie de ces destructions se font au prétexte que les palestiniens construisent sans permis, sachant que ces derniers ne sont presque jamais accordés par les autorités d’occupation.
Bien que leur nombre soit en baisse comparé à 2016 – année record des destructions par Israël – les actions israéliennes font partie d’un effort de colonisation calculé, dévastateur pour la vie de familles palestiniennes tenues pour cible.
Discussions inutiles
Lundi, j’ai appelé le bureau de l’UE à Jérusalem pour leur demander si les choses seraient différentes cette fois-ci. Étant donné les déclarations précédentes de l’UE qui sont sans effet et traitées avec mépris par Israël, que compte faire l’Europe pour détourner l’occupant de ces projets de démolition ?
L’UE envisagerait-elle des sanctions ? La réponse diplomatique donnée par le porte-parole peut se résumer en un mot : non.
Une réponse habituelle. En plus des déclarations publiques, l’UE développe sa préoccupation dans des discussions privées avec les responsables israéliens.
En réalité, il existe des preuves que l’on ait demandé aux hauts fonctionnaires européens lors d’échanges avec leurs homologues israéliens de ne pas susciter d’inquiétudes concernant les atteintes aux Droits de l’Homme.
Même si l’UE soulève ces questions en privé, il est absurde de s’attendre à ce qu’Israël y prête quelque attention que ce soit lorsque le message de Bruxelles à Tel Aviv est régulièrement : Faîtes ce que vous voulez, nous continuerons à vous apporter notre soutien inconditionnel.
Ce soutien se cristallise par des centaines de millions de dollars utilisés pour financer « la recherche », dont toute une partie est distribuée aux fabricants d’armes ainsi qu’aux tortionnaires israéliens.
À genoux devant Israël
Le soutien matériel à l’occupation et à l’apartheid, de même que le projet colonialiste de peuplement par Israël, sont renforcés par un engagement politique comportant d’une part, le refus de l’UE de condamner les politiques israéliennes lorsque ces dernières préconisent des actes génocidaires et le nettoyage ethnique du peuple palestinien, et d’autre part, l’aide pour calomnier et réduire au silence les citoyens européens qui défendent les droits des palestiniens.
Plus tôt ce mois-ci, l’UE et la France se sont humblement inclinés devant la décision d’Israël d’interdire à des élus français d’aller en Cisjordanie occupée. Ces derniers avaient prévu d’y aller pour exprimer leur solidarité envers le peuple palestinien qui vit sous l’occupation armée, à laquelle l’UE prétend s’opposer.
Néanmoins, les visites perpétuelles de responsables européens, volant vers Israël pour le récompenser en augmentant « la coopération », se poursuivent.
Dès lors, on ne peut décrire la politique européenne comme étant simplement inactive ou indifférente vis-à-vis des crimes commis impunément par Israël. En réalité, il s’agit d’une politique qui encourage l’État hébreu à s’approprier les terres palestiniennes et à mieux détruire des maisons et des vies.
Source : The Electronic Intifada
Traduction : J Ch. pour l’Agence Média Palestine