Par Activestills |Publié le 2 mars 2018
Le village qui a réussi à unir le monde dans l’esprit d’une manifestation palestinienne non violente célèbre plus d’une décennie, non seulement de gaz lacrymogènes, de raids nocturnes et de tragédies, mais aussi de co-résistance et de victoires dans la lutte contre les colonies, le mur de séparation et l’occupation.
Par Oren Ziv/activestills.org
Les manifestants célèbrent 13 années de lutte populaire à Bil’in. 2 mars 2018. (Activestills.org)
Quelques 500 manifestants ont célébré ce vendredi 13 années de lutte contre le mur de séparation dans le village cisjordanien de Bil’in. Les manifestants — des Palestiniens, des Israéliens et des militants solidaires internationaux — ont marché vers le mur, où la police israélienne des frontières a lancé sur eux des gaz lacrymogènes. Plusieurs militants ont souffert de l’inhalation de ces gaz et un militant international a été arrêté.
Les manifestations à Bil’in ont lieu chaque vendredi depuis février 2005, lorsque les bulldozers israéliens sont arrivés pour la première fois et ont commencé à dégager les oliviers pour faire place au mur. Après la prière hebdomadaire, les manifestants marchent du centre du village vers le mur de séparation, construit sur les terres du village. Les manifestants, dont certains étaient vêtus en personnages du film « Avatar » ou en Amérindiens, ont marché vers le mur à côté d’un tracteur portant un énorme « 13 », et décoré de photos de l’histoire de la lutte à Bil’in. Une fois le mur de séparation atteint, plusieurs militants ont essayé de l’escalader, entraînant l’arrivée de la police des frontières qui a lancé des gaz lacrymogènes directement sur les manifestants. Parmi ceux qui ont été blessés par ce tir de barrage se trouvait aussi un journaliste.
Un manifestant à Bil’in déguisé en personnage du film « Avatar ». 2 mars 2017. (Activestills.org)
La police des frontières attaque un manifestant à Bil’in. 2 mars 2018. (activestills.org)
Quand le mur a été construit, il expropriait environ 1 950 dounams (195 hectares) des terres agricoles du village. Après des années de lutte et un jugement de la Cour suprême, le mur a été déplacé en 2011, redonnant environ 600 dounams (60 hectares) de terres au village, mais plus de 100 hectares restent de l’autre côté du mur, près de la colonie ultra-orthodoxe de Modi’in Ilit. Les résidents de Bil’in continuent à réclamer la récupération de la totalité de leurs terres.
Regagner des centaines de dounams de terre a fait de Bil’in, dans le monde entier, un symbole de résistance populaire au mur de séparation, aux colonies et au régime militaire dans les Territoires occupés. Mais le village a aussi souffert de lourdes pertes. Les soldats israéliens ont lancé une cartouche de gaz lacrymogène directement dans la poitrine de Bassem Abu Rahma, le tuant sur le coup. Sa soeur Jawaher est morte étouffée par l’inhalation des gaz. Au cours de plus d’une décennie de manifestations, des milliers de manifestants ont dû recevoir des soins médicaux, à la suite des mesures israéliennes de contrôle des foules, et des centaines ont été arrêtés.
Un manifestant essaie d’escalader le mur de séparation à Bil’in. 2 mars 2018. (Activestills.org)
Des manifestants essaient d’ouvrir une porte dans le mur de séparation de Bil’in. 2 mars 2018. (Activestills.org)
La Cour internationale de justice de La Haye a jugé que le mur de séparation israélien est illégal selon le droit international puisqu’il n’est pas construit sur la frontière israélienne, mais sur le territoire palestinien en Cisjordanie occupée.
Traduction: Catherine G. pour l’Agence Média Palestine
Source : +972.org